Alors que le pouvoir militaire et le nouveau gouvernement tentent d’apaiser le climat, plusieurs secteurs repartent en contestation. Des mouvements citoyens aux personnels de la santé, en passant par la JIRAMA, les revendications s’accumulent et les tensions montent à Antananarivo comme en régions.
A peine le conflit entre les enseignants de l’éducation nationale « réglé », d’autres entités expriment à leur tour leur mécontentement face à la situation actuelle, et ce malgré la nomination d’un nouveau premier ministre et la mise en place d’un nouveau gouvernement.
Le premier front de contestation vient du mouvement GenZ Madagasikara, qui ne cesse de marteler depuis des semaines ne pas être satisfait de certaines décisions prises par les autorités, notamment la nomination du premier ministre Herintsalama Rajaonarivelo et de son équipe ministérielle. Même s’il ne se considère pas comme un mouvement d’opposition, un meeting est prévu pour exprimer ce mécontentement. Initialement programmé pour le 15 novembre, l’événement a été reporté à une date ultérieure en raison de rumeurs concernant un possible coup d’État.
Des revendications multiples qui s’entrechoquent
Dans le même temps, le personnel de santé, médecins, paramédicaux et employés administratifs, est descendu dans les rues ce matin. Vers 11 heures, plusieurs dizaines de manifestants ont investi les abords de Tsimbazaza, près du Palais de l’Assemblée nationale. Ils dénoncent le montant jugé insuffisant du budget de la santé dans le projet de loi de finances initiale (PLFI). Selon eux, l’augmentation de 5,43% prévue n’est pas à la hauteur des besoins réels, et devrait atteindre au moins 15%. C’est ce qui les a conduits à manifester ce matin près de l’institution.
Ils prévoient de rencontrer directement les députés pour discuter d’éventuels amendements au texte, sans attendre la loi de finances rectificative. Par ailleurs, les internes et thésards en médecine maintiennent leur grève. Ce matin encore, à Ambohitsaina, ils ont réaffirmé le maintien du « service zéro » dans les hôpitaux où ils sont affectés. Leur mouvement a débuté fin septembre, ce qui en fait aujourd’hui la mobilisation la plus longue encore en cours.
De son côté, l’intersyndicale de la JIRAMA poursuit également sa grève. Réunis ce matin à Soanierana, ses représentants ont réaffirmé leurs revendications: la destitution du directeur général Ron Weis et l’annulation du nouveau statut de la société. Malgré une rencontre avec la présidence de la refondation la semaine dernière, ils menacent de déclencher une grève générale dès demain si aucune solution satisfaisante n’est trouvée lors de leur nouvelle réunion avec les autorités prévue cet après-midi.
Enfin, les familles des victimes de la fusillade d’Antehiroka, fin septembre, dont celle du jeune Nekena, se sont rendues ce matin au ministère de la justice à Faravohitra. Elles exigent que justice soit rendue pour leurs proches, parmi lesquels Nantenaina et Navalona.
Et la colère dépasse désormais la capitale: d’autres villes comme Antsiranana connaissent elles aussi une montée des manifestations. Fort heureusement, ces manifestations et grèves ne sont pas pour le moment réprimandées par les forces de l’ordre et leurs « bombes lacrymogènes. »
Ravo Andriantsalama





