La vague d’enquêtes anticorruption s’intensifie. Le Système Anti-Corruption (SAC) multiplie les descentes, les gardes à vue et les interdictions de sortie du territoire. D’anciens hauts responsables sont visés, mais certains noms du régime Rajoelina encore en place commencent également à apparaître dans les dossiers.
Cela fait plusieurs semaines que la machine du SAC tourne à plein régime. Ce qui n’était au départ qu’une série de perquisitions visant des ex-dirigeants soupçonnés de corruption s’est transformé en une véritable traque judiciaire. Les arrestations se succèdent, les gardes à vue s’allongent et les interdictions de sortie du territoire pleuvent. Si certains anciens responsables ont déjà quitté le pays, d’autres, restés à Madagascar, se retrouvent désormais dans le collimateur.
Selon nos informations, la vague ne s’arrêterait pas aux frontières de l’ancien régime. Plusieurs figures issues du cercle de l’ancien pouvoir, encore en fonction aujourd’hui, seraient à leur tour éclaboussées par des affaires à fort retentissement, notamment celles de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNaPS), de la Société municipale de gestion digitale (SMGD) et de Madagascar Airlines.
L’affaire Madagascar Airlines illustre la tension du moment. Rinah Rakotomanga, ancienne présidente du conseil d’administration de la compagnie, a été interpellée en début de semaine par les agents du bureau indépendant anti-corruption (BIANCO). L’enquête porterait sur des détournements présumés de deniers publics et des marchés publics attribués à son époux. Selon le ministère de la Justice, elle a été arrêtée à Tetezambaro, Toamasina, avant d’être transférée à Antananarivo pour les besoins de l’enquête.
Chasse aux sorcières
Autre dossier brûlant : l’affaire dite du « Naina Gate », liée à un transfert de 11 milliards d’ariary en 2021 entre la CNaPS et la SMGD. Bien qu’il ne soit plus maire depuis plusieurs années, l’attention s’est rapidement tournée vers Naina Andriantsitohaina, également ancien ministre de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire, après que le directeur général de la CNaPS a ravivé le dossier.
À cela s’ajoute le nom de Claudia Andriantsitohaina, son épouse, qui serait entendue depuis la fin du week-end dernier par le BIANCO Ambohibao. L’ancien directeur général de la CNaPS, Mamy Rakotondraibe, le directeur général de la SMGD, Thierry Andriamananony, ainsi que Harilala Ramanantsoa, actuelle maire de la capitale, auraient également été placés en garde à vue.
Entre promesse de transparence et soupçons de règlements de comptes, le Système Anti-Corruption se retrouve au cœur d’une tempête politique et judiciaire. Les enquêtes se multiplient plus vite que les conclusions, et les couloirs du SAC peinent à contenir le flot de dossiers en cours. Une chose est sûre : la chasse aux sorcières, elle, ne fait que commencer.
Ravo Andriantsalama





