Le Pôle Anti-Corruption a frappé fort. Seize personnes éclaboussées, un mandat d’arrêt, un ancien maire introuvable. Le prêt illicite de 11 milliards d’ariary accordé à la SMGD refait surface et secoue la capitale. L’affaire avance vite, et les premiers coups tombent. Quelques jours après les enquêtes du Bianco, le PAC entre en action.
La machine judiciaire s’est remise en marche. Hier, le bureau indépendant anti-corruption (BIANCO) a déféré au Pôle Anti-Corruption (PAC) d’Antananarivo seize personnes impliquées dans le dossier explosif de la caisse nationale de prévoyance sociale (CNaPS) et de la Société Municipale de Gestion Digitale (SMGD). Une affaire née d’une plainte interne de la Commune Urbaine d’Antananarivo, selon un communiqué publié hier du ministère de la justice, réveillant de lourds soupçons sur la gestion des fonds municipaux.
Au cœur du scandale, un prêt illicite de 11 milliards d’ariary, contracté en 2021 auprès de la CNaPS. Un prêt opaque, non justifié, dont les traces remontent aux sociétés municipales créées sous l’ancienne équipe : la SMGD, la société municipale d’assainissement (SMA) et la société municipale d’économie et de voirie (SMEV). Des structures censées “moderniser” la gestion de la Commune, mais qui doublonnaient les fonctions déjà assumées par le comptable public municipal explique toujours le communiqué.
Les enquêteurs du BIANCO, eux, parlent déjà d’un système. Un système où se croisent détournements, abus de fonction, conflits d’intérêts et blanchiment. Un cocktail explosif qui place plusieurs responsables dans la ligne de mire du parquet.
Avance rapide
Quatorze suspects ont comparu devant le juge d’instruction dans la journée du 13 novembre. Une personne n’a pas daigné se présenter. Et un nom manque toujours à l’appel, Naina Andriantsitohaina, ancien maire de la capitale, ministre et président du conseil d’administration de la SMA. Le magistrat instructeur a déjà lancé un mandat d’arrêt mais l’homme reste introuvable.
Les premières décisions judiciaires sont tombées sans attendre. Une mise en détention provisoire pour l’ancien directeur général de la CNaPS, Mamy Rakotondraibe. Cinq placements sous contrôle judiciaire strict dont l’actuelle maire de la capitale, Harilala Ramanantsoa et la femme de Naina Andriantsitohaina, Claudia Andriantsitohaina. Sept remises en liberté provisoire. Et l’enquête qui reprend son souffle, sans ralentir. En ce qui concerne la maire Ramanantsoa, certains de ses partisans ont été aperçu aux abords du PAC 67ha hier alors qu’elle débarque sur les lieux. Des partisans qui scandent sa liberté et son innocence.
Le parquet rappelle dans le communiqué que chaque mis en cause, Malgache ou étranger, peut se faire assister d’un avocat lors des auditions. Un rappel procédural, mais qui dit l’essentiel : la suite de l’affaire se jouera devant la justice, pas dans les couloirs de la Commune. Ce dossier, lui, continue d’avancer et les pièces du puzzle se mettent en place une à une.
Ravo Andriantsalama





