Lors d’une émission spéciale sur la chaine nationale hier soir, trois ministres, accompagné du secrétaire général du ministère de l’économie et des finances ont fait le point sur les télécommunications malgaches. Les discussions ont tourné essentiellement autour du coût de l'Internet, un sujet jugé préoccupant par la société actuellement. Aujourd’hui, le Groupement des Opérateurs de Télécommunications de Madagascar (GTM) a réagi par communiqué.
Un vent de fronde souffle sur le secteur des télécommunications à Madagascar. Hier soir, lors d'une émission spéciale sur la chaîne nationale, le gouvernement malgache a publiquement mis en demeure les opérateurs téléphoniques, accusés de bloquer la baisse tant attendue des prix de la connexion Internet. Le bras de fer porte sur la suppression de certaines taxes sectorielles, que l'État refuse de concéder au risque de fragiliser son budget et ses investissements sociaux. La rupture n'est pas loin, et le gouvernement menace d'utiliser la loi pour ouvrir le marché et instaurer une concurrence féroce.
Le constat dressé par trois ministres, celui du développement numérique, de la transformation digitale, des postes et des télécommunications (MNDPT), le ministre de la communication et de la culture (MCC), le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MESUPRES) ; et le Secrétaire Général du MEF est sans appel : si le prix de la connexion n'a pas encore diminué, c'est parce que les opérateurs ont posé des conditions jugées inacceptables par l'État. Selon le Ministre du Développement Numérique, Mahefa Andriamampiadana, les opérateurs conditionnent toute baisse à la suppression des taxes sur les téléphones de moins de 100 dollars, du droit d'assise et des taxes sur le Mobile Money.
Cette exigence a été vivement rejetée par le Secrétaire Général du MEF, qui a invoqué la « règle de prudence » budgétaire. Il a expliqué qu'une telle suppression de recettes fiscales risquerait de compromettre les investissements de l'État dans des secteurs vitaux comme la santé ou l'éducation. Le Ministre de la Communication, Gascar Fenosoa, a martelé que l'État malgache ne saurait céder aux conditions imposées par les opérateurs, d'autant que le montant des taxes en question équivaut au budget du Ministère de la Santé Publique (MSP). « Ce n’est pas à eux de dicter la loi », a-t-il affirmé, rejetant la responsabilité du blocage sur le Groupement des Opérateurs Téléphoniques.
L'Ouverture du Marché
Face à l'impasse des négociations, le gouvernement a clairement indiqué qu'il allait agir. Une solution immédiate et prioritaire est envisagée pour les étudiants, avec la Ministre de l'Enseignement Supérieur, Ndaohialy Manda-Vy Ravonimanantsoa, annonçant la mobilisation des résultats de la recherche étudiante pour trouver des solutions, notamment la délimitation du prix de la 5G et la mise en place d'un dispositif de contrôle des données.
Mais pour l'ensemble du public, le Ministre de la Communication a brandi la menace légale : si les opérateurs refusent un compromis rapide, l'État « utilisera la loi » pour ouvrir le marché à de nouveaux acteurs. L'objectif est clair : forcer la concurrence pour briser le monopole et contraindre les prix à la baisse, tout en mettant fin au sentiment d'impunité et au laxisme sur la qualité de service. Le MNDPT a d'ailleurs admis que l'État n'avait actuellement pas les moyens de mesurer la qualité ou la quantité des services offerts, mais qu'un décret est en préparation pour y remédier. Les récentes descentes sur les infrastructures de Mobile Banking confirment la nouvelle rigueur du gouvernement.
De son côté, le Groupement des Opérateurs de Télécommunications de Madagascar (GTM) a réagi par communiqué aujoud’hui, regrettant de ne pas avoir été convié à l'émission pour défendre leur position. Ils ont réaffirmé que la cherté de l'Internet est due aux taxes sectorielles très élevées et à la concurrence déloyale. Tout en rejetant avoir demandé la suppression de 215 milliards d’Ariary d'impôts, ils se sont engagés à garantir un montant de 400 milliards d’Ariary d'impôts en 2026, même en cas d'ajustements fiscaux. Dans ce communiqué, les opérateurs ont soutenu que « la suppression de certaines taxes, comme c’est le cas dans plusieurs pays aujourd’hui, n’entrainerait aucune baisse des recettes fiscales de l’Etat ». La balle est désormais dans le camp des opérateurs, qui se voient accorder un délai par l'État. Sans compromis, l'ouverture du marché sera imminente.
Ravo Andriantsalama





