Alors que la transition institutionnelle entre dans une phase décisive, un séminaire stratégique réunit actuellement à Antananarivo près de soixante femmes et jeunes femmes leaders. L’objectif est de transformer une participation souvent symbolique en pouvoir réel d’influence, dans un processus de refondation où la moitié du pays reste encore hors champ décisionnel.
La refondation de la République s’écrit désormais au féminin. C’est, en tout cas, le pari affiché par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui a lancé hier, 18 décembre à l’hôtel Ibis Antananarivo un séminaire stratégique dédié aux femmes et jeunes femmes leaders malgaches. Parmi elles figurent des représentantes des régions, des institutions nationales, de la société civile et des intervenantes venues de plusieurs pays africains. Deux jours de réflexion, de confrontation d’expériences africaines et de mise en capacité, dans un contexte où la transition politique malgache concentre concertations nationales, réformes institutionnelles, référendum constitutionnel et échéances électorales en série.
Plus de la moitié de la population, majoritairement jeune, mais une représentation minoritaire dans les espaces de décision : le paradoxe est connu, presque intégré. Mais le projet Élections – RPEDEM parie sur une stratégie simple qui est de former, structurer et projeter les femmes dans les arènes politiques où se construit la refondation annoncée. « La refondation ne sera pas durable sans participation effective des femmes », a insisté le Représentant résident du PNUD en ouverture hier. Autrement dit, pas question de bâtir des institutions inclusives avec la moitié du pays sur la touche.
Le séminaire ne se contente pas de dénoncer une absence. Il entend y répondre par méthode. Trois axes guident les échanges dont l’identification des marges d’action féminines dans chaque étape de la refondation ; la capitalisation des leçons venues d’autres transitions africaines comme celle des Comores ou encore au Burkina Faso ; et la définition de priorités nationales de plaidoyer.
De l’observation à l’influence
Ce travail ne part pas de zéro car depuis 2023, plus de 600 femmes leaders ont bénéficié d’un renforcement de capacités dans l’esprit des résolutions 1325 et 2250 du Conseil de sécurité. Deux textes qui rappellent que paix, sécurité et jeunesse ne sont pas des domaines réservés aux élites masculines.
Cette fois, il s’agit de passer à l’étape supérieure : produire un document de référence et un cahier de charges politique, autrement dit un outil d’influence. Là où, trop souvent, les femmes se voient assigner des rôles périphériques, le séminaire veut forger une avant-garde capable de peser sur l’écriture de la Constitution, des réformes électorales, des mécanismes de gouvernance et des futures campagnes.
Reste à voir si l’élan lors de ce séminaire se traduira en résultats mesurables. Les participantes, elles, repartent avec un mandat : dépasser le statut d’invitées et s’imposer comme actrices. Dans une République en recomposition, c’est peut-être là que se joue le premier acte de la refondation.
Ravo Andriantsalama





