Pour de nombreuses personnes, un « motard » est facilement qualifié de voyou et rebelle. Pourtant, il s’agit d’un stéréotype qui ne demande qu’à évoluer. Jeune mère de famille, Harinirinalizah Sylvia s’est, depuis peu, découvert, une passion : « la moto ». Malgré ses responsabilités de mère de famille et d’épouse, elle a décidé de vivre à fond sa passion pour les randonnées en moto. Une façon pour elle de s’épanouir et d’avoir une vie de famille plus épanouie.
Studio Sifaka : Une femme, qui plus est mère de famille, « motard », comment ça s’est fait ?
Harinirinalizah Sylvia : C’est à la mort de mon beau père que j’ai eu un déclic concernant la moto. C’était quelque part une passion enfouie que je me refusais d’écouter. En fait, c’est plus mon mari et son père qui sont des passionnés de moto. Moi j’en avais peur et j’ai même demandé à mon mari de vendre sa moto. Mais à la mort de mon beau père, je me suis remise en question, notamment en me rappelant ce qu’il disait souvent : « qu’il fallait profiter de la vie, vivre sa passion à fond pour ne pas avoir des regrets par la suite ». Vaincre ma peur et me lancer n’a pas été chose facile, mais finalement j’y suis arrivée. À ma toute première sortie randonnée, j’ai été passagère, mais je n’oublierais pas la sensation que c’était : j’ai découvert un tout autre monde. Je me suis mise à apprendre, par la suite, et finalement après quelques semaines, j’ai participé à une première randonnée en tant que pilote à Andranovelona.
Les motards sont souvent vus comme des voyous. Par rapport à votre entourage, les reproches des autres, comment avez-vous géré cela ?
Oui, c’est vrai, malheureusement. Nombreux sont ceux qui pensent que les motards sont tous des voyous ou des rebelles de la société. Pourtant, dans notre groupe par exemple, il y a des chefs d’entreprises, de jeunes étudiants…, en somme, des personnes respectables et qui se respectent. Et je pense qu’il faudrait apprendre à changer cette mentalité et ce stéréotype. Dans mon cas, ça n’a pas été facile, mais je ne dirais pas pour autant que c’était difficile de convaincre ma famille que c’est une passion. Mais ça m’a ému quand mon père est venu me voir une fois, lorsqu’on avait fait une parade lors d’un DGR (Distinguished Gentleman Ride). Il s’agit d’une parade annuelle pour une levée de fond. C’est à ce moment que mon père s’est rendu compte, qu’en fait, il s’agit vraiment d’une passion pour moi. Pour mon entourage, les remarques sont moins négatives. Ce sont plutôt des encouragements, entre autres. Il y a toutefois ces personnes qui, par incompréhension, lancent souvent des piques, mais sans être trop méchantes.
Mère, épouse et motard, comment conciliez-vous cela ?
Quand je me suis mise à la moto, ce n’est pas comme si j’allais tout lâcher et juste vivre ma passion. Il faut savoir que pour moi, comme pour presque toute mère de famille, la famille passe et passera toujours avant tout. Cependant, j’ai vu, au fil du temps, que l’épanouissement que je vis à travers ma passion se reflète également dans ma vie de famille. Aussi, ce que je conseillerais aux jeunes, comme moi-même j’ai eu le conseil, c’est de vivre à fond sa passion. Certes, il y a beaucoup de facteurs qui rentrent en jeu : les moyens, le temps, l’argent… Mais il est toujours possible de commencer avec les moyens du bord. Je pense que c’est important de profiter pleinement de la vie pour qu’elle nous soit plus douce. Par ailleurs, comme mon mari est également un passionné, on essaie souvent de s’organiser en fonction des évènements, sans pour autant délaisser nos enfants.