L’Ecole nationale d’informatique de Fianarantsoa fête cette année ses quarante ans d’existence sur le thème « Ecole ingénieuse, les pépinières des élites informaticiennes ». Elites informaticiennes, difficile à dire. En tout cas les sortants de l’ENI sont apparemment recherchés à l’international. Les diplômés de l’école profitent notamment du réseau tissé par les anciens qui ont fait leur trou dans les entreprises à l’étranger. Interview avec l’un d’eux, Hery Rapelanoro qui vit actuellement au Canada.
Studio Sifaka : En quelle année êtes-vous sorti de l'ENI ?
Hery Rapelanoro : Je fais partie de la 23ème promotion de l'ENI sortie en 2010, la promotion F’tarika. Nous sommes environ une quarantaine dans cette promotion.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel après l'école ?
A la fin de la partie théorique au sein de l'école, j'ai eu la chance, avec quelques personnes issues de la même promotion, de faire mon stage de fin d'études au sein d'Accenture à l'île Maurice. Il s’agit de l’un des leaders en termes de services IT et de consulting. Cela a été possible grâce à un partenariat initié à l’époque par un de mes grands frères entre Accenture et l'ENI. A la fin du stage, Accenture m'a proposé un contrat de travail en tant que développeur SAP junior. Au fil des années, dix au total, j'ai pu gravir les échelons pour devenir le chef d'une équipe d'une quinzaine de personnes pour le compte de plusieurs gros clients, notamment français. Ensuite, je suis parti poursuivre ma carrière en France, à Lyon ou j'étais resté pendant environ deux ans. Actuellement, j'occupe le poste d'architecte SAP dans une société membre du "Big four" ici en Amérique du Nord.
Vous avez donc eu l'opportunité de travailler avec des gens de différentes nationalités. Comment trouvez-vous le niveau des sortants de l'ENI par rapport aux autres ?
Effectivement lors de mon parcours, j'ai eu la chance de travailler avec plusieurs personnes de différentes nationalités. Par exemple quand j'étais à l'île Maurice, j'avais dans mon équipe, à part des mauriciens, des camerounais, des indiens, des français et un anglais à un moment. D'un point de vue technique, il faut avouer que les anciens de l'ENI ont un très bon niveau. Ils s'adaptent rapidement aux nouvelles technologies. Ils savent aussi bien gérer le stress. Il n’y a donc rien à dire côté technique. Ce qui manque aux sortants de l'ENI, je trouve que c'est surtout ce qu'on appelle les "soft skills", tout ce qui est communication, capacité d'écoute, leadership etc ... Je pense que l'école devrait faire un effort sur ce point. Il y a aussi la maîtrise des langues française et anglaise.
Rencontrez-vous plusieurs sortants de l'ENI à l'étranger ?
Comme les anciens de l'ENI sont éparpillés un peu partout dans le monde, on va toujours en rencontrer au moins un, peu importe où l'on va. Que ce soit à l'île Maurice, en France ou ici au Canada, j'ai toujours rencontré une petite communauté d'anciens de l'ENI. Et à chaque fois c'est toujours des rencontres formidables autour d'une bonne bière, à défaut de « Galeoka » (rires). On parle des années passées à Fianarantsoa tout en partageant des idées sur comment on pourrait aider notre chère école.
Peut-on dire que les sortants de l'ENI sont recherchés ?
Les sortants de l'ENI sont reconnus et recherchés notamment en France. Ici en Amérique du Nord, la reconnaissance commence à faire son bout de chemin, mais oui, je peux dire qu’ils sont très recherchés ! Nous avons actuellement quelques sociétés qui veulent nouer un partenariat avec l'école afin de recruter chaque année des sortants. A savoir que les discussions avec ces sociétés sont initiées par les anciens de l'école qui y sont déjà bien placés. On verra comment cela va évoluer mais c'est en bonne voie.
D'après vous, qu'est-ce qui fait la force de l'ENI ?
Je pense que ce sont les bases. Les étudiants de l’ENI ont de bonnes bases. Cela leur permet d’évoluer et de suivre facilement les nouvelles technologies. Ils peuvent approfondir et apporter des améliorations. De plus, le diplôme d’Etat que délivre l’ENI facilite l’entrée dans le monde du travail à l’international. Sinon, le réseau des anciens à l’étranger aide beaucoup les sortants que ce soit pour la recherche de stage que pour l’intégration. Â
Combien êtes-vous au Canada et qu'est-ce que vous prévoyez pour les 40 ans de l'école ?
Au dernier recensement, nous sommes actuellement une cinquantaine ici en Amérique du Nord (Canada et Etats-Unis) mais il y en a encore beaucoup qu'on n’a pas encore réussi à contacter. Nous avons prévu une première rencontre qui se fera le 20 mai au Québec en vue de la célébration du 40ème anniversaire de notre école. Ce sera aussi une occasion pour nous de discuter des possibilités de soutien que l’on peut apporter comme par exemple l'envoi annuel de matériel informatique, la recherche de partenariats parmi les grandes entreprises ici, le fait de donner des cours virtuels sur différents domaine, notamment les soft skills ... Bref nous avons déjà pas mal d'idées que nous souhaitons mettre en place afin d'aider l'école et surtout, aider les futurs ingénieurs qu'elle va produire. Je n'irais pas jusqu'à dire que ce sont des « velirano » pour tout de suite (rires) mais cela se fera avec le temps et surtout aussi avec la collaboration qu'on aura avec les membres de l'administration de l'école.
Propos recueillis par Tolotra Andrianalizah