En marge de la rencontre entre les hauts fonctionnaires de la SADC et les représentants américains au CCI Ivato, l’ambassadrice de Madagascar à Washington, Lantosoa Rakotomalala, revient sur la réduction du taux appliqué aux échanges commerciaux bilatéraux, passé de 47 % à 15 %. Elle a également évoqué les perspectives des relations économiques entre les deux pays.
Studio Sifaka (SS) : Comment réagissez-vous à propos du taux de 15 % ?
Lantosoa Rakotomalala (LR) : Ce taux de 15 % est le fruit des négociations commerciales et de haut niveau que Madagascar a mené avec l’administration américaine. Depuis le 7 août, il s’applique à nos échanges commerciaux avec les États-Unis.
Il faut rappeler que nous revenons de loin : le 2 avril dernier, le taux fixé par l’administration américaine était de 47 %. Grâce aux différentes discussions et à la mise en perspective de nos relations avec les États-Unis, notamment en matière de commerce et d’investissement, nous avons réussi à ramener ce taux à 15 %. C’est un résultat dont nous nous félicitons, même si les discussions se poursuivent, notamment sur le renouvellement de l’AGOA, qui reste un sujet d’actualité.
Il faut préciser que ce taux de 15 % s’ajoute aux tarifs douaniers de base appliqués dans nos relations commerciales avec les pays les plus favorisés. Il s’agit donc d’un taux additionnel, en vigueur depuis le 7 août. Nous sommes satisfaits de cette avancée et poursuivons les négociations pour les étapes à venir.
SS : Pensez-vous pouvoir encore obtenir un rabais à l’avenir ?
LR : Le mot “rabais” n’est pas approprié. Comme dans toute négociation, nous faisons face à une administration américaine de nature transactionnelle. Tout repose sur la manière dont Madagascar envisage ses relations commerciales et d’investissement avec les États-Unis, ainsi que sur la qualité de ses propositions stratégiques. Le plus important aujourd’hui est la concertation entre le secteur privé malgache et les autorités publiques, afin de renforcer la compétitivité de notre économie. Cela nous permettra de rivaliser avec d’autres pays, d’accroître nos exportations et d’attirer davantage d’investisseurs.
SS : Comment se portent actuellement les relations entre les États-Unis et Madagascar ?
LR : Elles se portent très bien. Nos relations couvrent de nombreux domaines : commerce et investissements, mais aussi culture, éducation, sécurité ou encore aide humanitaire. Ces coopérations sont profondément ancrées dans notre histoire bilatérale.
Nous bénéficions, par exemple, de programmes de formation pour nos étudiants et pour nos agents dans les domaines de la défense nationale ou du secteur maritime. Cette relation est solide et soutenue, d’autant que nous célébrons cette année les 150 ans de l’établissement du premier consulat américain à Madagascar.
SS : Vous évoquez une approche transactionnelle avec l’actuelle administration américaine. Qu’avons-nous à offrir aux États-Unis dans une logique gagnant-gagnant ?
LR : L’approche transactionnelle repose sur l’intérêt mutuel et les bénéfices partagés entre nos deux économies. Prenons l’exemple de la vanille : Madagascar fournit 80 % de la vanille importée par les États-Unis, qui deviennent ensuite leaders mondiaux dans l’extraction de ce produit. Nous contribuons donc directement à l’essor de leur économie.
Il s’agit de croiser nos atouts stratégiques avec leurs priorités afin de trouver une approche gagnant-gagnant.
L’objectif est de parvenir à un accord qui dépasse le simple cadre commercial ou d’investissement. L’administration américaine insiste aujourd’hui sur la sécurité, la prospérité et la puissance de son pays. Ces dimensions doivent aussi trouver leur place dans notre coopération bilatérale, au bénéfice des deux populations.
Propos recueillis par Ravo Andriantsalama