Réformer, changer de système. C’est devenu le leitmotiv des manifestants depuis le 25 septembre dernier. Maintenant que l’ancien président Andry Rajoelina a été officiellement écarté du pouvoir, les jeunes, comme une grande partie de la population, s’interrogent encore sur ce que signifie réellement un changement ou une réforme du système.
Robert Namearison, président du Comité national d’observation électorale (KMF/CNOE), nous livre son avis sur le sujet.
Il revient sur sa vision d’un changement de système initié à partir des communes, en détaillant les étapes et les acteurs clés de cette démarche. Des explications qui n’engagent toutefois que le KMF/CNOE, et non l’ensemble de la société civile. Il est d’ailleurs probable que d’autres organisations aient une lecture différente de ce changement de système.
Studio Sifaka (SS) : Monsieur le président, pouvez-vous nous expliquer ce que vous entendez par « fanovana rafitra miainga avy any ifotony », c’est-à -dire une réforme partant de la base ?
Robert Namearison (RN) : Pour nous, au sein du KMF/CNOE, la réforme du système doit commencer à la base, c’est-à -dire au niveau des communes. Normalement, chaque commune devrait déjà disposer d’un espace de dialogue, comme le SLC ??? ou le RIF ??. Celles qui n’en ont pas encore doivent en créer rapidement. C’est dans ces structures que doivent débuter les échanges entre tous les acteurs locaux.
SS : Concrètement, comment ce processus se déroulera-t-il ?
RN : Les discussions débuteront au niveau communal. Les idées qui en émergeront seront ensuite consolidées et transmises aux régions. Ces dernières porteront à leur tour les propositions au niveau national. C’est à ce stade que les décisions finales seront prises, puisque le niveau national regroupera à la fois les représentants des régions et ceux des structures nationales existantes.
SS : Qui sera chargé d’organiser et de superviser ces consultations ?
RN : Il faut mettre en place un comité composé de véritables experts malgaches, des professeurs de haut niveau, spécialistes des sciences sociales. Ce comité n’inclura pas de politiciens. Il sera formé de membres issus de la société civile et des confessions religieuses. Nous pensons à un maximum de vingt-quatre membres, chacun étant chargé d’accompagner une région — un peu comme des coachs régionaux.
SS : Pourquoi insistez-vous autant sur la présence des experts ?
RN : Parce que toute réforme sérieuse du système doit s’appuyer sur la compétence. Nous lançons un appel à tous les spécialistes malgaches, notamment aux juristes, afin qu’ils participent à ce processus. Ce sont eux qui aideront à formaliser les résultats des concertations, car tout ce qui en ressortira devra, à terme, être traduit dans la loi.
SS : En résumé, quel est le message principal que vous souhaitez faire passer ?
RN : C’est simple : le changement de système ne doit pas venir d’en haut, mais d’en bas. Il faut écouter les communes, les régions, la société civile. C’est à partir de cette base solide que la refondation nationale pourra réellement prendre forme.
Propos recueillis par Ravo Andriantsalama





