Si dans le monde de la chanson et du cinéma, le plagiat et la reproduction d’œuvres sont facilement détectés et pointés du doigt, il n’en est rien dans d’autres domaines artistiques. Pour les photographes et peintres, la question de protection reste minime contre les vols d’œuvre ou plagiat.
Depuis un certain temps, la vidéo d’un jeune peintre invité à une émission télévisée présentant une œuvre dont il s’est attribué les droits d’auteur a fait le buzz. Une vidéo qui a quelque peu choqué certains. Par ailleurs, cela a soulevé la discussion sur les réalités concernant la protection des artistes, notamment des peintres, dessinateurs et photographes. Le manque, pour ne pas dire l’inexistence, d’éducation artistique à Madagascar reste un blocage.
Une éducation artistique quasi inexistante
« De mon point de vue, le problème concernant la protection des œuvres d’art et des droits d’auteurs ou d’image vient quelque part du fait que l’art en lui-même est encore peu valorisé à Madagascar », souligne Sleeping Pop, jeune artiste dessinatrice. Selon elle, l’absence d’éducation artistique que ce soit pour le public que pour les artistes est un des facteurs qui font que le plagiat passe presque comme normal.
Un fait que Francky Dovan et Iako R. confirment également. Selon ces photographes professionnels, le public malgache n’a pas encore conscience de la valeur même de la création artistique que sont les clichés photos. « C’est comme si pour eux, une photo se prend en seulement quelques minutes et un clic. De fait, elle n’a presque aucune valeur de création artistique », souligne Francky Dovan. Quelque part, c’est ce problème qui fait que le vol d’œuvre passe presque comme un fait normal. « On ne compte plus les cas où des personnes utilisent nos photos sans pour autant en demander la permission ni citer l’auteur », indique Iako R.
Manque de précision sur le rôle de chacun
« Dans le cas du jeune homme, qui s’est attribué la création originale d’une œuvre par exemple, on peut clairement constater ce manque d’éducation artistique qui tend à faire dévaluer la création. Le public ne sait même pas que la reproduction de l’œuvre d’un artiste relève du vol », indique Sleeping Pop, faisant allusion au buzz vidéo, qui fait jusqu’à aujourd’hui le tour sur Facebook. « Il faut aussi souligner le fait que le statut et les rôles de chaque structure restent encore flous », précise cette dessinatrice. Selon elle, « L’OMDA, qui normalement collabore avec d’autres institutions de protection des droits d’auteur partout dans le monde, devrait jouer le rôle d’éducateur et sanctionner le jeune dessinateur qui visiblement a reproduit l’œuvre d’un autre artiste ».
De son côté, Masy Andriantsoa, de l’UPPM (union des photographes professionnels de Madagascar) et également d’Ymagoo explique que le problème est quelque part le fait que les artistes eux-mêmes ne connaissent pas leur droit et rôle. « Il existe bel et bien un cadre légal qui protège les artistes des vols d’œuvres et leurs permettant de faire valoir leur droit d’auteur. Mais nombreux sont ceux qui n’en connaissent même pas l’existence », souligne-t-il. Ce photographe précise que les propriétaires des œuvres peuvent, en cas de vol, intenter des procédures pour faire valoir leur droit.
Ce dernier de préciser que l’UPPM, en sa qualité d’association, n’a pas pour vocation de protéger les photographes, mais peut par contre orienter et conseiller sur les mesures ou procédures à suivre face à des cas de viol de droit d’auteur ou d’utilisation abusive des œuvres d’un photographe.