À Antananarivo, l’école Montessori « Akanin’ny kilonga Montessori » (AKKA), portée par l'ONG Education for Madagascar attire de plus en plus l’attention. Mais loin de vouloir transposer un modèle étranger tel quel, l’équipe a choisi d’adapter cette pédagogie aux réalités du pays. Patricia Peterson Fontenay, présidente de l'association Education for Madagascar de France en explique les enjeux.
« La méthode Montessori repose sur des principes universels : le respect du rythme de l’enfant, l’apprentissage par l’expérience, l’autonomie », rappelle Patricia Peterson Fontenay. Pourtant, dans un contexte comme celui de Madagascar, ces valeurs doivent se conjuguer avec des contraintes sociales, culturelles et matérielles bien particulières.
A l’AKKA, cela se traduit par des choix concrets. Le matériel pédagogique importé, souvent coûteux, est complété par des créations locales. « Nous travaillons avec des artisans malgaches pour fabriquer certains outils. Cela permet de réduire les coûts et de donner aux enfants des supports qui leur parlent davantage, liés à leur environnement quotidien », explique Patricia.
L’adaptation passe aussi par la prise en compte du rythme de vie des familles. Beaucoup de parents n’ont pas grandi avec ce type de pédagogie et peuvent être surpris par l’absence de notes ou de programmes stricts. « Nous les accompagnons, nous leur expliquons que l’essentiel est ailleurs : observer l’enfant progresser dans la confiance et la responsabilité », ajoute-t-elle.
Concentration
Dans une société où les classes traditionnelles sont souvent surchargées et où l’enseignement reste très académique, la méthode Montessori propose une autre voie. Elle met en avant la concentration, l’initiative personnelle et le respect mutuel. « Nous ne cherchons pas à remplacer l’école classique, mais à montrer qu’il est possible d’apprendre autrement, de façon plus en phase avec le potentiel de chaque enfant », souligne Patricia.
Pour l’AMMA (Association Montessori Madagascar), cette démarche n’est pas réservée à une élite. L’association travaille à développer des formations pour éducateurs et à ouvrir la voie à des projets accessibles dans différentes régions du pays. « L’éducation Montessori peut s’adapter à Madagascar. C’est une question de créativité, de volonté et de respect des valeurs locales », conclut Patricia Peterson Fontenay.
Ravo Andriantsalama