La Haute cour constitutionnelle a reçu quinze requêtes. Aucune ne provient de la société civile. Une société civile qui s’est pourtant montrée très critique vis-à -vis du processus électoral.
Ni l’observatoire Safidy ni le KMF/CNOE-Education citoyenne (Comité national d’observation électorale) n’aura déposé des requêtes auprès de la Haute cour constitutionnelle (HCC). Les premières observations de ces organisations de la société civile ont pourtant fait état de plusieurs irrégularités dont certaines relevant d’« infractions graves » selon les mots d’un responsable du KMF/CNOE. Quelques jours avant la fin du dépôt des requêtes, le président du KMF/CNOE Robert Namearison, avait indiqué que le comité ne comptait pas en déposer. Il explique que l’organisation entend juste alerter les citoyens et les autorités sur ce qu’elle a observé sur le terrain.
L’observatoire Safidy pour sa part indique ne pas pouvoir déposer de requêtes faute de preuves et de témoignages concluants. D’après Stella Razanamahefa de Safidy, leurs observateurs ont subi des intimidations et des menaces. « Pour nous, la prochaine étape ce sont les recommandations pour que cela ne se reproduise plus, déclare-t-elle. Nous sommes limités par la loi. Notre rôle est avant tout de signaler ». Pour rappel, l’observatoire Safidy et le KMF/CNOE ont appelé chacun de leur côté au dialogue pour éviter une crise dans le pays.
Impuissance
De son côté, Transparency International-Initiative Madagascar (TI-IM) s’était fendue d’un communiqué dénonçant un « triomphe de la corruption, de l’argent et de la complaisance sur la démocratie ». Là encore, il n’est nullement question de requête.
Ce qui s’est passé dans le pays ces dernières semaines interroge sur le réel poids de la société civile dans la vie de la nation. Les multiples interpellations qu’elle a effectuées semblent n’avoir eu aucun effet sur le cours des évènements. Lors de la première session parlementaire, la plateforme Rohy avait déposé à l’Assemblée nationale des propositions d’amendent à la loi électorale. Cela n’a pas été suivi d’effet. Jusqu’à quelques jours avant le premier tour de la présidentielle, encore plus d’organisations ont appelé au dialogue avant l’élection. Pour Vatsy Rakotonarivo de la TI-IM, il s’agit d’un combat de longue haleine. Il indique que la société civile ne baissera pas les bras pour autant mais elle n’ira jamais au-delà de la loi.  Â
Tolotra Andrianalizah