Les conditions ne sont pas réunies pour la tenue des élections sénatoriales prévue le 11 décembre prochain. C’est du moins l’avis de certains partis de l’opposition, en particulier le « Hery Vaovaon’i Madagasikara » (HVM), qui appelle au boycott de ce dernier rendez-vous électoral de l’année. Selon son secrétaire général, Alain Désiré Rasambany, « nous allons mobiliser les autres partis de l’opposition dans ce sens ».
Une réunion est attendue dans les prochaines heures au sein de la plateforme « Firaisankina », qui regroupe cinq grands partis de l’opposition. Le boycott des sénatoriales devrait figurer parmi les sujets principaux à l’ordre du jour. L’opposition participera-t-elle aux élections ? La réponse reste en suspens. En revanche, une chose est certaine : le HVM de l’ancien président Hery Rajaonarimampianina ne prendra pas part au scrutin. En cause, selon son coordinateur national et ancien président du Sénat, Rivo Rakotovao : un collège électoral incomplet et une violation de la Constitution.
Rivo Rakotovao rappelle que la Constitution définit clairement la notion de collège électoral, supprimée par une proposition de loi introduite par un sénateur. « Si l’on dit que cela n’est pas conforme à la loi, c’est déjà intentionnel », dénonce-t-il, y voyant une volonté politique. En 2019 déjà , le HVM avait pointé cette irrégularité, mais la Haute Cour Constitutionnelle avait répondu qu’il fallait éviter un vide institutionnel.
Indispensable
Pour Rivo Rakotovao, la position actuelle du pouvoir relève de la contradiction. « Le président avait promis de supprimer le Sénat, jugé inutile et trop coûteux. Aujourd’hui, on nous explique au contraire qu’il est indispensable. Pourquoi ce revirement ? Serait-ce parce que des alliés politiques y siègent ? » interroge-t-il. L’ancien président du Sénat insiste sur l’importance de respecter les engagements, rappelant que cette institution est la deuxième de l’État, et qu’en cas d’empêchement du chef de l’État, son président assure l’intérim.
De son côté, la majorité présidentielle, qui domine actuellement la Chambre haute, reste discrète. Une discrétion qui ne signifie pas inaction : en coulisses, les partisans de l’IRMAR travaillent déjà à conserver leur suprématie au Sénat. Avec le retrait du HVM et un possible boycott de toute l’opposition, l’issue du scrutin semble presque scellée en faveur de la majorité.
Pour rappel, si le collège des grands électeurs comprenait auparavant les élus provinciaux, régionaux et communaux, il est désormais composé uniquement des maires, conseillers communaux et municipaux. Ces derniers éliront douze sénateurs, tandis que six autres seront directement désignés par le président de la République.
Ravo Andriantsalama