175 km sur des béquilles pour des enfants malgaches à plus de 8 000 km d’elle. La suissesse Cindy Taramarcaz s’est lancée dans un périple vallonné, entre La Garde et le Creux-du-Van. Sa particularité, elle est infirme moteur cérébral depuis sa naissance.
Rien n’arrête Cindy Taramarcaz. Cette suissesse de 33 ans est infirme moteur cérébral (IMC), mais depuis le 1er aout, elle tente de rallier son village appelé La Garde dans le canton du Valais et le Creux-du-Van dans le canton de Neuchâtel, soit près de 175 km d’un parcours vallonné, la destination étant perchée à 1 440 m d’altitude. Le tout sur des béquilles. L’idée est de collecter des fonds pour une association malgache Aseffema (Action sociale pour l'éducation et la formation des femmes et des enfants maltraités).
Armée d’une détermination qu’elle s’est forgée au fil des années et d’une volonté d’aider, elle parcourt chaque jour entre 5 et 7 km avec ses deux chiennes Lady et Leya. Elle devrait terminer son périple vers mi-septembre. « J’ai toujours voulu partir à l’aventure, lance-t-elle. J’avais trop envie de faire un gros projet mais c’était difficile de partir à l’étranger à cause de la covid ». Résolue à aller jusqu’au bout de son idée, elle a jeté son dévolu sur le Creux-du-Van, un endroit qu’elle qualifie de magique. "J’y étais il y a 15 ans. Je me suis dit, « cette fois tu vas aller jusqu’au sommet » », raconte-t-elle. Les défis, elle s’en est toujours lancée. « Mon handicap n’a jamais rien empêché. J’ai mon permis de conduire, je fais du cheval, je fais du dressage avec mes chiens, je fais de la peinture …. Je ne me fixe aucune limite. Je me donne les moyens et je fonce », déclare Cindy Taramarcaz.
Expérience humaine
A cause de problèmes de coordination et d’équilibre liés à l’IMC, elle a besoin de deux béquilles pour marcher. Chaque jour, elle partage des photos et des vidéos de son aventure sur sa page Facebook Handi Trekking. Elle fait notamment un direct les soirs depuis un camping-car pour raconter la journée de marche. C’est la première fois qu’elle s’attaque à une telle distance. « C’est incroyable ! J’adore être dans ma bulle quand je marche. Ça fait du bien se remettre en question. Dès fois, il y a des petits bobos mais finalement, quand on dépasse ses limites, on a des récompenses derrière », indique-t-elle. Ce parcours, c’est également une aventure humaine. Les gens sont de plus en plus nombreux à la suivre sur les réseaux sociaux. « C’est une trop belle expérience. J’adore partager de bons moments avec des gens que je ne connais pas », se réjouit-t-elle. Sur son chemin, des gens se joignent spontanément à elle. Certains l’invitent même à dormir chez eux.
Parmi ces gens, figure une malgache, Hary Saint-Ghislain. « Sa publication sur Facebook parlant des enfants malgaches s’est affichée sur ma file d’actualités. Je l’ai contactée. Comme je savais qu’elle allait passer pas trop loin de chez nous, je lui ai proposé de se voir, raconte-t-elle. Ça me touche qu’elle fasse cela pour les malgaches. Je trouve qu’elle est très courageuse ». Cindy Taramarcaz a découvert la situation des enfants malgaches à travers des amis à elle qui ont une association partenaire de l’Aseffema. « Ces amis m’ont beaucoup aidé dans la vie. Ils m’ont parlé de leur association et de tout ce qu’ils avaient créé là -bas. L’orphelinat, l’école, l’équipe de foot … Cela m’a beaucoup touchée et au fur et à mesure, je me suis prise au jeu. Je me suis dit « moi aussi j’aimerais pouvoir les aider et leur apporter un peu de soutien » », indique-t-elle.
Une force
Cindy Taramarcaz n’a jamais vu Madagascar mais elle espère un jour venir « pour faire le tour de la boucle », selon ses mots et pouvoir apporter son aide. C’est cette volonté d’aider qui la pousse à être ouverte sur son handicap bien que cela ait été difficile pour elle à l’adolescence. « Mais mon handicap n’a jamais été un frein dans ma vie et même si c’était compliqué, je me suis jamais dit que j’aurais voulu être autrement. Mon handicap fait partie de ma vie. Si on accepte son handicap, ça ne devient plus un handicap. Ça devient une force. Si je peux aider des personnes, si ça peut apporter un peu d’espoir aux personnes j’aurais tout gagné dans ma vie ».
Tolotra Andrianalizah