L’un est ingénieur polytechnicien. L’autre est docteur en mathématiques et chimiste à ses heures perdues. EmilÂson AndrianÂjakaÂmaÂnana, 57 ans et Herivola Andrianjaka, 55 ans sont frères. Ils s’occupent du pole production et recherche et développement de l’entreprise familiale Sediem. Cette entreprise implantée dans le Vakinankaratra possède deux usines, l’une à Betafo qui produit des chips industrielles et l’autre à Antsirabe, spécialisée dans la conserve en boite.
« Cela fait longtemps qu’on a pensé investir dans notre région natale, lance EmilÂson AndrianÂjakaÂmaÂnana, l’ingénieur. Mon petit frère a fait carrière à Paris. Il a mis de l’argent de côté qui a été investi dans l’entreprise ».  Le petit frère en question a enseigné dans le troisième cycle en France. « J’ai vécu à l’étranger. J’ai pensé rentrer à Madagascar. Je me suis demandé ce que je peux faire pour mon pays. On a besoin de montrer que les études paient. On veut servir de modèle à la jeune génération », indique Herivola Andrianjaka. Il faut dire que les études, la fratrie en a fait. Outre les deux frères, leurs grandes sÅ“urs qui sont aussi au service l’entreprise familiale, ont également fait des études supérieures. « L’une a une maitrise en économie et l’autre a une maitrise en gestion. Elles sont à Tanà . Elles s’occupent de tout ce qui est commercialisation, marketing et distribution », précise le mathématicien. Â
La fratrie se donne les moyens de ses ambitions. Le site à Betafo produit sa propre électricité à travers un barrage hydroélectrique que l’entreprise a conçu de A à Z. « Le courant est un problème. On a essayé de trouver une solution. C’est là que nous avons eu l’idée de construire notre barrage pour faire tourner les machines. L’idée est d’être autonome. Notre turbine produit 35 kVA », explique Herivola Andrianjaka. Dans l’esprit R&D, des étudiants de l’Université polytechnique d’Antsiranana et le Lycée technique Alarobia ont contribué à la conception du barrage. « Notre but quelque part est de faire un pont entre la R&D et les besoins de la société malgache », poursuit-il. « On ne paie plus rien à la Jirama. Avec le prix actuel de l’électricité, c’est un bon investissement. Avec nos projets de développement l’amortissement devrait nous prendre entre 5 à 7 ans », souligne pour sa part EmilÂson AndrianÂjakaÂmaÂnana.
Casef
Sediem évolue à l’image de son site à Betafo. Si le cÅ“ur de métier à la base était la production de chips, l’entreprise produit désormais également l’huile de soja qu’elle utilise. Cela a été possible avec le concours du projet de Croissance Agricole et de Sécurisation Foncière (Casef) qui lui a fourni les machines dont un torréfacteur, la presse et la raffinerie entre autres. Sediem produit donc son huile avec une capacité de 5 600 litres par semaine. Seul 10% est utilisé dans l’usine. L’entreprise entend ainsi commercialiser son surplus. « On n’ambitionne pas de couvrir tout Madagascar. Le Vakinankaratra serait bien pour un début », lance EmilÂson AndrianÂjakaÂmaÂnana qui évoque la possibilité pour Sediem de produire également de l’huile de tournesol. L’entreprise produit également de l’alimentation animale avec les tourteaux. Il est à noter que le projet Casef appuie également tous les producteurs de soja qui travaillent avec Sediem à travers la fourniture de semences et d’engrais. Â
Le contrôle qualité des produits est toujours assuré en interne par Herivola Andrianjaka qui ne quitte d’ailleurs jamais sa blouse blanche. C’est d’ailleurs avec une certaine fierté qu’il montre une pièce au fond de l’usine où il conçoit les nouveaux produits. « Nous travaillons sur du vinaigre de jamblon (rôtra en malgache). Nous sommes au stade de la commercialisation », indique-t-il en montrant une fiole contenant un liquide violacée. « Mon frère a toujours été fort en chimie. C’est lui qui s’occupe du laboratoire », déclare EmilÂson AndrianÂjakaÂmaÂnana. Les produits de Sediem sont proposés à l’exportation sur une plateforme qui vend des produits malgaches en France.
Tolotra Andrianalizah