Le 45ᵉ sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) s’est ouvert ce dimanche 17 août 2025 au Centre de Conférences Internationales (CCI) d’Ivato, sous le thème : « Promouvoir l’industrialisation, la transformation du système agricole et la transition énergétique pour une SADC résiliente. » Six chefs d’État, deux chefs de gouvernement et un vice-président participent à cette rencontre, marquée par la prise de fonction d’Andry Rajoelina à la tête de l’organisation régionale.
« Un bon père de famille est celui qui sait nourrir sa famille, et un bon président est celui qui sait nourrir son peuple. En tant que président de la SADC, je veux être ce bon président pour notre population et pour notre communauté », a déclaré le chef de l’État malgache lors de son discours d’investiture, ce matin, au CCI Ivato. L’industrialisation, la transformation agricole et la transition énergétique figurent parmi les priorités de son mandat de douze mois.
Les discours se sont succédé, tous mettant en avant le renforcement de la coopération régionale et la résilience. Absent de la cérémonie, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Mahamoud Ali Yousouf est intervenu par message vidéo. Il a insisté sur la nécessité de renforcer les chaînes de valeur régionales et d’harmoniser les marchés pour améliorer les moyens de subsistance des populations et assurer la sécurité alimentaire. Il a également souligné l’importance d’un meilleur accès à l’énergie, réaffirmant l’engagement de l’UA à accompagner la SADC dans sa vision de résilience.
Appel à l’action
L’autonomie sous toutes ses formes, ainsi que l’autosuffisance alimentaire, figurent également parmi les priorités affichées par la présidence malgache de la SADC. Mais Andry Rajoelina n’est pas le seul à lancer un appel. Le président du Botswana, Duma Boko a exhorté les dirigeants à agir sans délai, tout en rendant hommage aux pionniers de la région.
« Nous sommes les porteurs de la flamme et devons transmettre ce flambeau aux générations futures », a-t-il déclaré. Appelant à briser les barrières entre pays africains, il a insisté sur la nécessité de transformer les promesses en actions concrètes afin de sortir des millions de citoyens de la pauvreté et du chômage. « L’Afrique appelle au secours. Il est temps de répondre à ce cri de détresse », a-t-il martelé.
La date du 17 août 2025 restera historique pour Madagascar : après vingt ans d’adhésion, c’est la première fois qu’un président malgache accède à la présidence de la SADC. Pour cette première, le locataire d’Iavoloha a reçu les félicitations de ses homologues africains. Le secrétaire exécutif de la SADC, Elias Magosi, a exprimé sa confiance en Andry Rajoelina et l’a encouragé à poursuivre les efforts déjà entrepris. « Je suis prêt à travailler aux côtés du président Rajoelina pour bâtir ensemble un avenir radieux », a-t-il affirmé.
Ravo Andriantsalama
En marge de la rencontre entre les hauts fonctionnaires de la SADC et les représentants américains au CCI Ivato, l’ambassadrice de Madagascar à Washington, Lantosoa Rakotomalala, revient sur la réduction du taux appliqué aux échanges commerciaux bilatéraux, passé de 47 % à 15 %. Elle a également évoqué les perspectives des relations économiques entre les deux pays.
Studio Sifaka (SS) : Comment réagissez-vous à propos du taux de 15 % ?
Lantosoa Rakotomalala (LR) : Ce taux de 15 % est le fruit des négociations commerciales et de haut niveau que Madagascar a mené avec l’administration américaine. Depuis le 7 août, il s’applique à nos échanges commerciaux avec les États-Unis.
Il faut rappeler que nous revenons de loin : le 2 avril dernier, le taux fixé par l’administration américaine était de 47 %. Grâce aux différentes discussions et à la mise en perspective de nos relations avec les États-Unis, notamment en matière de commerce et d’investissement, nous avons réussi à ramener ce taux à 15 %. C’est un résultat dont nous nous félicitons, même si les discussions se poursuivent, notamment sur le renouvellement de l’AGOA, qui reste un sujet d’actualité.
Il faut préciser que ce taux de 15 % s’ajoute aux tarifs douaniers de base appliqués dans nos relations commerciales avec les pays les plus favorisés. Il s’agit donc d’un taux additionnel, en vigueur depuis le 7 août. Nous sommes satisfaits de cette avancée et poursuivons les négociations pour les étapes à venir.
SS : Pensez-vous pouvoir encore obtenir un rabais à l’avenir ?
LR : Le mot “rabais” n’est pas approprié. Comme dans toute négociation, nous faisons face à une administration américaine de nature transactionnelle. Tout repose sur la manière dont Madagascar envisage ses relations commerciales et d’investissement avec les États-Unis, ainsi que sur la qualité de ses propositions stratégiques. Le plus important aujourd’hui est la concertation entre le secteur privé malgache et les autorités publiques, afin de renforcer la compétitivité de notre économie. Cela nous permettra de rivaliser avec d’autres pays, d’accroître nos exportations et d’attirer davantage d’investisseurs.
SS : Comment se portent actuellement les relations entre les États-Unis et Madagascar ?
LR : Elles se portent très bien. Nos relations couvrent de nombreux domaines : commerce et investissements, mais aussi culture, éducation, sécurité ou encore aide humanitaire. Ces coopérations sont profondément ancrées dans notre histoire bilatérale.
Nous bénéficions, par exemple, de programmes de formation pour nos étudiants et pour nos agents dans les domaines de la défense nationale ou du secteur maritime. Cette relation est solide et soutenue, d’autant que nous célébrons cette année les 150 ans de l’établissement du premier consulat américain à Madagascar.
SS : Vous évoquez une approche transactionnelle avec l’actuelle administration américaine. Qu’avons-nous à offrir aux États-Unis dans une logique gagnant-gagnant ?
LR : L’approche transactionnelle repose sur l’intérêt mutuel et les bénéfices partagés entre nos deux économies. Prenons l’exemple de la vanille : Madagascar fournit 80 % de la vanille importée par les États-Unis, qui deviennent ensuite leaders mondiaux dans l’extraction de ce produit. Nous contribuons donc directement à l’essor de leur économie.
Il s’agit de croiser nos atouts stratégiques avec leurs priorités afin de trouver une approche gagnant-gagnant.
L’objectif est de parvenir à un accord qui dépasse le simple cadre commercial ou d’investissement. L’administration américaine insiste aujourd’hui sur la sécurité, la prospérité et la puissance de son pays. Ces dimensions doivent aussi trouver leur place dans notre coopération bilatérale, au bénéfice des deux populations.
Propos recueillis par Ravo Andriantsalama
En fin de semaine dernière, invitée dans une émission en ligne, la porte-parole de la présidence de la République, Lova Ranoromaro, a déclaré : « À l’époque, les professeurs malgaches avaient vraiment de la valeur, et c’est triste qu’aujourd’hui il n’y ait plus vraiment de professeurs véritablement compétents. » Un propos qui a choqué plus d’un et qui continue de faire couler beaucoup d’encre. Doit-on s’attendre à un nouveau limogeage de haut rang ?
« On limoge ou on abroge pour moins que ça, et si on a un peu de dignité, on démissionne pour bien moins que ça. » Ce sont les mots du docteur Graziella Masindrazana, c’est qui ? SECES ? chercheur ? après la déclaration controversée de la porte-parole. Si, pour l’heure, la question d’un limogeage ne semble pas être à l’ordre du jour dans les coulisses, une partie de l’opinion publique estime déjà qu’un fusible pourrait sauter au sein de la présidence.
Pourtant, peu de temps après l’émission, Lova Ranoromaro a tenu à s’expliquer sur les réseaux sociaux, affirmant qu’elle n’avait nullement l’intention de remettre en cause la compétence des professeurs en médecine. « Si mes mots ont pu prêter à confusion, je le regrette, car mon intention n’a jamais été de remettre en cause la compétence de nos professeurs de médecine, pour lesquels j’ai le plus grand respect », a-t-elle écrit sur sa page Facebook après avoir reçu dans son bureau la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Chaminah Loulla, ainsi que le président du SECES, Faliarivony Randriamialinoro.
Indignation collective
Ces explications n’ont cependant pas eu l’effet escompté. Professeurs et autres intellectuels sont tout de même montés au créneau après la rencontre. Un autre de ses confrères, le professeur Jonah Ratsimbazafy, a lancé : « Si les professeurs malgaches ne sont pas au niveau, pourquoi des réunions liées à la SADC se déroulent-elles à l’université d’Ankatso ? » De son côté, le Syndicat des enseignants-chercheurs et chercheurs-enseignants (SECES), branche Antananarivo, a déclaré dans un communiqué : « Les propos diffamatoires visant les enseignants-chercheurs et chercheurs-enseignants portent un coup à la dignité nationale. »
La balle est désormais dans le camp des décideurs. Un limogeage d’une responsable au sein de la présidence est-il opportun en ce moment ? La question reste ouverte, sauf si le Conseil des ministres, prévu chaque mercredi, en apporte la réponse. Pour reprendre les mots du docteur Masindrazana, il faut rappeler qu’une responsable du ministère de la Santé a déjà été démise de ses fonctions pour avoir mal répondu à des journalistes étrangers au sujet d’une affaire d’empoisonnement de masse. Quelques temps plus tard, c’est le ministre des Transports qui a été remercié pour une affaire d’avions.
Finalement, comme depuis plusieurs années, la décision finale sur le sort de la porte-parole appartient au président de la République. Il convient aussi de rappeler qu’elle n’a, selon ses propos, cherché qu’à défendre son patron lors de l’émission.
Ravo Andriantsalama
Mahamasina a pris des airs de grande messe de la jeunesse ce 12 août. Des milliers de jeunes, venus des quatre coins du pays, ont investi le Palais des sports pour marquer leur journée internationale. Cette année, le mot d’ordre est clair : « Actions locales des jeunes pour les Objectifs de développement durable et au-delà ».
Pas de concert géant ni de feux d’artifice, mais des débats, des plaidoyers et des témoignages. On y a parlé boulot, formation, entrepreneuriat. Les jeunes ont surtout réclamé d’être écoutés et impliqués dans les décisions. Car la jeunesse malgache, qui représente 70 % de la population, n’a pas l’intention de rester spectatrice. « Cette jeunesse est une force, notre richesse, à condition qu’elle ait les outils, les compétences et l’appui nécessaires pour devenir actrice du développement », martèle Moustapha Marson, ministre de la Jeunesse et des Sports.
Même constat du côté de l’Observatoire de la jeunesse, en lien avec plus de 400 organisations de la société civile. « Que ce soit à Antananarivo ou dans les régions, les jeunes portent de belles initiatives mais manquent de soutien. Les former est essentiel pour qu’ils soient plus efficaces », insiste Manoa Raoelinarison, membre de l’Observatoire.
Marché de la jeunesse
La preuve par l’exemple avec Tanora Sahy hiatrika ny ho avy. Cette association, connue pour ses actions dans le domaine du sport, se tourne aujourd’hui vers l’entrepreneuriat. « Les jeunes diplômés sont nombreux, mais peinent à trouver un emploi. Nous voulons leur donner les clés pour créer leur propre activité », explique son secrétaire général, Tantely Razafinjoelina.
Et la fête ne s’arrête pas là : marché de la jeunesse (Tsenaben’ny Tanora), animations sportives, rencontres... Les trois prochains jours seront tout aussi chargés. En région aussi, la mobilisation a été au rendez-vous, avec des évènements dans les 24 directions régionales de la Jeunesse et des Sports.
Ravo Andriantsalama et Antsa Rajomalahy
Ce matin, au CCI Ivato, le bois du pupitre a résonné d’un coup sec. Un coup de marteau, symbole d’autorité, donné par Rafaravavitafika Rasata. La ministre des Affaires étrangères vient d’endosser, pour la première fois dans l’histoire de Madagascar, la présidence du Conseil des ministres de la SADC. Une salle comble, un silence qui pèse, et la Grande Île qui se hisse soudain au centre du jeu diplomatique régional.
D’entrée, la cheffe de la diplomatie a dégainé ses priorités. Industrialiser pour fabriquer de la richesse ici, créer des emplois décents, transformer nos champs en garde-manger de la région, tourner le dos aux énergies sales, se blinder contre les secousses du climat, de l’économie et de la sécurité. Son mandat collera au Plan indicatif régional de développement stratégique, mais avec un accent bien malgache.
Car dans son viseur, il y a aussi une bataille moins visible : celle des îles. Les îles de la SADC, trop souvent reléguées en marge, que Rafaravavitafika Rasata veut remettre dans la lumière. Elle exige que leurs réalités soient reconnues, que leurs politiques soient taillées sur mesure. « En unissant les potentiels maritimes, économiques, environnementaux et culturels des îles avec la puissance industrielle et agricole du continent, nous pourrons bâtir la SADC compétitive et autonome que nous voulons », a-t-elle lancé, dans un mélange de promesse et de défi.
Echo
Elle sait pourtant que le terrain est miné. Les aides étrangères fondent comme neige au soleil. L’organisation doit apprendre à vivre sur ses propres moyens. Les barrières commerciales restent solidement plantées, le commerce intra-SADC traîne les pieds, les routes et les ports attendent encore leurs bulldozers. Mais pour elle, ce n’est pas une raison pour lever le pied.
Ce coup de marteau n’était que le début. Dimanche, la suite se jouera sur la scène des chefs d’État : Andry Rajoelina prendra officiellement la présidence de la SADC, succédant au président zimbabwéen. Une double première pour Madagascar. Et, peut-être, le début d’un mandat où l’écho de ce matin résonnera bien au-delà des murs d’Ivato.
Ravo Andriantsalama
Hier, El Hadary Raherinirina a signé son premier contrat professionnel avec le Paris FC, un club de Ligue 1 en France. Une nouvelle qui sonne comme une bouffée d’air frais pour le football malgache, en stagnation depuis quelques années.
C’est officiel. El Hadary Raherinirina, jeune prodige malgache du ballon rond, s’est engagé avec le Paris FC, récemment promu en Ligue 1 française. Il a signé un contrat de trois ans, le liant au club jusqu’en 2028. Né en 2006 à Mahajanga, ce talent prometteur a un avenir radieux devant lui. Il évoluera donc au plus haut niveau du football français à seulement 19 ans.
Côté parcours, El Hadary a d’abord fait ses classes à l’Ajesaia, où il s’est révélé. Il a ensuite rejoint les Seychelles pour jouer avec le Saint Michel United, avant de s’envoler vers la France à la fin de l’année dernière.
Il s’est d’abord illustré avec l’équipe U19 du Paris FC, avant de briller durant cette présaison. Convoqué pour les trois derniers matchs amicaux de l’équipe première, il s’est fait remarquer dès sa première apparition. Mais c’est surtout lors du deuxième match, contre le FC Sion, qu’il a marqué les esprits en inscrivant un but peu après son entrée en jeu. Cette performance a retenu l’attention des dirigeants du club, qui ont décidé de lui offrir son premier contrat pro.
Reste désormais à El Hadary de s’imposer dans un effectif ambitieux, déterminé à rivaliser avec les grands noms du championnat. Cette semaine encore, le Paris FC a signé pour trois ans l’attaquant nigérian Moses Simon, en provenance du FC Nantes. Un concurrent de taille pour El Hadary dans le secteur offensif.
Sur les pas des légendes
En excluant ceux ayant évolué avant les années 2000, El Hadary Raherinirina devient le quatrième Malgache à jouer dans l’élite française à l’ère moderne. Avant lui, Faneva Ima Andriantsima avait ouvert la voie en rejoignant le FC Nantes à la fin des années 2000. Il fut un pionnier pour les talents issus de la Grande Île.
Quelques années plus tard, Lalaina Nomenjanahary, alias Bolida, a pris le relais. Il s’est illustré au sein de plusieurs clubs de Ligue 1, notamment le RC Lens, avec lequel il a tenu tête à des formations de prestige comme le PSG ou l’OL.
Bolida a d’ailleurs joué un rôle important dans la signature d’El Hadary avec le Paris FC. Membre du staff technique du club depuis quelque temps, il a grandement facilité l’intégration de son jeune compatriote.
Ce contrat professionnel représente également une lueur d’espoir pour l’équipe nationale de Madagascar, en perte de vitesse ces dernières années. Fort de quelques sélections chez les Barea, la sélection nationale malgache, El Hadary pourra tirer profit de cette expérience en Ligue 1 pour contribuer à relancer la dynamique de la sélection malgache.
Ravo Andriantsalama
À quelques jours de la première accession du pays à la présidence d’une organisation régionale d’envergure, le climat politique reste tendu. Durant le week-end dernier, le président Andry Rajoelina et ses principaux opposants, Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina, se sont échangé des piques. Le locataire d’Iavoloha accuse ses deux prédécesseurs d’avoir manigancé pour saboter la tenue du sommet de la SADC à Madagascar. Des propos démentis par les intéressés.
« Le comportement des anciens présidents qui tentent d’empêcher la tenue de la SADC à Madagascar est honteux et déshonorant. » Ce sont les mots du président de la République, le 8 août dernier à Andranomena, lors de la remise de 18 camions destinés au transport d’eau pour Antananarivo. Selon lui, Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina auraient rencontré des chefs d’État de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dans le but de comploter pour que le sommet ne se tienne pas dans le pays.
Pourtant, Andry Rajoelina affirme recevoir les félicitations de ses pairs à l’étranger et se dit indigné par l’attitude de ses deux prédécesseurs. « Je vous le dis : tous les chefs d’État m’appellent. Ils s’adressent à moi, car ceux qui sont à l’étranger reconnaissent ce que certains, ici à l’intérieur du pays, ne voient pas. Ils reconnaissent notre leadership. Ils reconnaissent la vision que nous portons », a-t-il déclaré. Il appelle enfin à l’unité, à la solidarité et à la dignité pour accueillir l’événement, exhortant également la population à faire preuve de l’hospitalité malgache envers les nombreux visiteurs étrangers attendus.
Alliance contre nature
En réponse, Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina se sont à nouveau alliés pour contrer Andry Rajoelina. Une alliance contre nature qui a débuté lors des préparatifs de l’élection présidentielle de 2023 et du « hetsika fotsy ». Pour rappel, ces deux anciens présidents sont des adversaires politiques naturels depuis l’accession au pouvoir du HVM de Rajaonarimampianina en 2014, alors que la mouvance Ravalomanana soutenait la candidature du docteur Jean Louis Robinson. À cette époque, Rajoelina et Ravalomanana avaient été victimes du « ni… ni » et ne pouvaient se présenter à l’élection.
Dans un communiqué conjoint publié un jour après la déclaration du chef de l’État, les deux anciens locataires d’Iavoloha reconnaissent avoir échangé avec des dirigeants de la SADC. Toutefois, ils précisent que ces échanges « ne relèvent pas d’une campagne politique, mais d’une alerte fondée sur des faits avérés et documentés, en conformité avec les valeurs inscrites dans la feuille de route de la SADC pour Madagascar adoptée en 2011 ». Ils appuient leurs propos sur plusieurs articles de cette feuille de route ainsi que sur des éléments qu’ils affirment clairs et sourcés. En conclusion, le communiqué précise que « l’unité et la solidarité ne peuvent se construire sur le silence face à de telles violations ».
Bien que les préparatifs pour accueillir le sommet des chefs d’État de la SADC et l’accession à la présidence de l’organisation avancent rapidement, un climat politique tendu continue de peser sur la Grande Île à l’aube de cet événement historique.
Ravo Andriantsalama
Un peu moins de deux mois après la tragédie de l’anniversaire noir à Ambohimalaza, une nouvelle victime a succombé au HJRA. Jessica, 17 ans, est décédée après plusieurs jours d’hospitalisation. Son père dénonce l’indifférence de certains médecins et professionnels de santé au sein de cet établissement hospitalier universitaire. Serait-ce le signe d’une défaillance du système de santé ?
« Ils n’ont pas tout fait pour sauver ma fille. Leur indifférence l’a tuée. » Ce sont les mots de Rija, père de Jessica, 34e victime de l’anniversaire noir d’Ambohimalaza. L’adolescente a rendu son dernier souffle hier, vers 14 heures, au Centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHUJRA). Sa famille, comme celle de nombreuses autres victimes, déplore l’attitude désinvolte de certains professionnels de santé envers les patients. Selon eux, bien que l’empoisonnement soit la cause principale des décès, l’indifférence de certains médecins a également joué un rôle dans la perte de leurs proches.
Près de deux mois après les faits, les décès se poursuivent sans que les autorités ne parviennent à trouver une solution adéquate pour prendre en charge les survivants. Dans certains quartiers de la capitale et de ses environs, des jeunes vivent encore dans la peur après avoir assisté à la fête tragique. Bien que la jeune fille ayant célébré son anniversaire ce jour-là ait été placé en détention préventive avec d’autres suspects, la multiplication des victimes pousse l’opinion publique à chercher d'autres responsables… potentiellement à des niveaux plus élevés.
Une pression croissante
Ce nouveau rebondissement pourrait entraîner des sanctions au sein des institutions de santé. Plusieurs noms sont d’ores et déjà cités par des activistes sur les réseaux sociaux comme étant des complices indirects dans la mort de plus de trente personnes. Le nom le plus fréquemment évoqué est celui de l’actuel ministre de la Santé publique, le professeur Zely Randriamanantany. Même si aucun élément factuel ne confirme pour l’instant une telle responsabilité, une autre affaire d’envergure ayant conduit au limogeage d’un ministre démontre que rien n’est à exclure.
En tout cas, une réaction des autorités sanitaires est attendue suite aux accusations du père de la dernière victime concernant l’indifférence du personnel médical du CHUJRA. Ce père de famille explique tout de même que la famille n’a pas l’intention de porter plainte mais veut seulement soulever cette indifférence.
Ravo Andriantsalama
À l’occasion de la 26ᵉ édition de la foire internationale de l’économie rurale de Madagascar (FIER-MADA), au stade Makis Andohatapenaka, agriculteurs, éleveurs et consommateurs de tous horizons se retrouvent. Cette année, les stands de vente et d’exposition de pépinières d’arbres fruitiers et de fleurs sont particulièrement nombreux, et les visiteurs s’y rendent avec enthousiasme. Ces produits représentent à la fois une solution pour la préservation de l’environnement et un levier pour lutter contre la malnutrition.
Il est 9 heures du matin au stade Makis, et les deux stands consacrés à la vente de pépinières sont déjà bondés. De nombreuses personnes s’y pressent, que ce soit pour acheter des plants d’arbres fruitiers ou des fleurs, ou simplement pour obtenir des conseils sur la plantation et l’entretien. Pour Fiononana, vendeur et responsable du stand de la « Pépinière d’Ambatolahy », se spécialiser dans les arbres fruitiers est « une manière pour nous de lutter contre la malnutrition et l’insuffisance alimentaire ».
Au lieu de planter des arbres qui ne parviennent à maturité qu’au bout de plusieurs décennies, il est tout à fait possible de pratiquer le reboisement même dans des espaces urbains restreint. Pour une mère de famille habituée de FIER Mada, « la passion pour les fleurs est ce qui m’attire d’abord à la foire. Mais aujourd’hui, il est temps de s’intéresser aussi aux arbres fruitiers, car ils peuvent répondre à certains de nos besoins. Même si ce n’est pas suffisant, ça aide. »
Un coût abordable
Bien que les pépinières d’arbres fruitiers soient un peu plus onéreuses que celles d’acacias ou de pins, leurs prix restent accessibles. Un responsable de la « Pépinière d’Antsirabe », une petite entreprise spécialisée dans la production et la vente de pépinières, précise que les tarifs varient selon le type et la taille des plants, mais débutent généralement à 3 000 ariary.
Même sans faire d’achat, de nombreux visiteurs viennent également pour s’informer, avant de se lancer dans une nouvelle aventure verte. Sébastien, un passionné de jardinage depuis son enfance, explique qu’il est venu chercher de nouveaux conseils pour améliorer l’entretien des plantes qu’il cultive déjà chez lui.
De son côté, Jacques Ramanantsoa, ingénieur en génie rural et fondateur du FIER Mada, souligne que ces initiatives vont dans le sens même de l’objectif de la foire : rapprocher le marché des consommateurs. Il indique également que des visiteurs étrangers sont attendus durant les quatre jours de l’événement, notamment des occidentaux et des asiatiques, dont des Chinois.
Ravo Andriantsalama
Ce matin, au Carlton Anosy, Transparency International – Initiative Madagascar (TI-MG) a lâché un constat inquiétant. Depuis 2023, l’ONG enquête sur les risques de corruption dans l’éducation. Verdict : l’inscription scolaire et le recrutement des enseignants sont dans la zone rouge.
La loi est claire : inscription gratuite dans les écoles publiques. La réalité, non. Des établissements continuent de faire payer. Montants variables, justifications multiples. Certaines écoles reçoivent des financements extérieurs, d’autres manquent de tout. Résultat : une gratuité appliquée à la carte. Le rapport révèle plus grave encore. De bonnes notes contre des avantages. Des diplômes délivrés sans examen. Même des cas d’« exploitation sexuelle à des fins de corruption ». L’indice de risque frôle le maximum.
Selon Liantsoa Rakotoarivelo, chargée de communication de l’organisation, les inscriptions et le recrutement des enseignants sont particulièrement concernés. Une note officielle du ministère de l’Éducation nationale (MEN) stipule que l’inscription dans les écoles publiques doit être gratuite. Mais sur le terrain, cette mesure est appliquée de manière inégale : certains établissements exigent toujours des frais, invoquant la nécessité de financer le fonctionnement, en particulier dans les Écoles Primaires Publiques (EPP). Les montants varient fortement d’une école à l’autre, selon qu’elles bénéficient ou non de soutiens extérieurs ou disposent déjà d’assez de matériel.
Politique nationale
Ces dérives nuisent directement à la qualité de l’enseignement. « Des personnes peu compétentes peuvent ainsi devenir enseignants, et la faible rémunération démotive aussi les formateurs », regrette Liantsoa Rakotoarivelo. Le recrutement et l’affectation des enseignants FRAM, c’est-à-dire payés par l’association des parents d’élèves, sont également jugés à haut risque, en raison d’un manque de transparence.
TI-MG recommande d’appliquer pleinement la politique nationale de lutte contre la corruption dans l’éducation, de renforcer la qualité de l’enseignement et de rendre opérationnels les centres d’écoute pour recevoir les plaintes en toute confidentialité. L’organisation appelle aussi à une meilleure protection des lanceurs d’alerte.
Alors que le taux de scolarisation a progressé ces deux dernières années, TI-MG espère que la gratuité officielle des inscriptions sera confirmée et appliquée à la rentrée. Mais pour que la lutte contre la corruption soit efficace, encore faut-il que les citoyens puissent dénoncer les abus sans crainte.
Ravo Andriantsalama
Le Premier ministre Christian Ntsay a brisé le silence. Hier matin, au Carlton Anosy, il a affirmé que l’arrivée du FBI à Madagascar, dans le cadre de l’enquête sur les cinq Boeing 777 immatriculés 5R, est une initiative du gouvernement malgache.
« C’est nous qui avons sollicité la venue du FBI. Ceux qui disent le contraire doivent présenter des preuves. Si le FBI est ici, c’est à notre demande », a déclaré Christian Ntsay. Ces cinq appareils, enregistrés sous l’immatriculation malgache 5R, avaient été repérés en Chine, au Cambodge, puis finalement en Iran, dans des conditions jugées opaques. Leurs mouvements, suspects, ont alimenté rumeurs et spéculations, certains y voyant la trace d’un trafic ou d’opérations aériennes illicites.
Pour Ntsay, l’affaire dépasse largement le cadre administratif. « Ce dossier a de nombreuses ramifications invisibles. Il faut savoir qui a déplacé ces avions. Qui est cet opérateur ? » S’interroge-t-il. Deux raisons expliquent la demande d’assistance américaine : d’abord, identifier les véritables acteurs derrière le déplacement de ces appareils à l’étranger ; ensuite, renforcer la lutte contre les réseaux criminels transnationaux susceptibles d’utiliser Madagascar comme base ou plateforme logistique. « Nous devons éviter qu’une telle situation ne se reproduise », insiste le Premier ministre.
Risques diplomatiques
L’affaire, suivie de près par les autorités internationales, pose aussi la question de la sécurité et du contrôle aérien à Madagascar. L’enquête menée par le FBI, en collaboration avec les autorités locales, vise à identifier toutes les personnes impliquées et à déterminer si les immatriculations 5R ont été utilisées à des fins illégales. « Mon message au peuple malgache est simple : transparence. Les citoyens ont le droit de connaître la vérité sur ce qui s’est passé. Nous irons au bout », affirme Christian Ntsay.
Du côté des observateurs, ce dossier pourrait tendre les relations bilatérales avec des pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni. Selon l’ancien ambassadeur malgache au Sénégal, Serge Zafimahova, « le Boeing 777 appartient à l’Amérique et le moteur (Rolls-Royce) à l’Angleterre. Ces pays peuvent donc prendre des mesures de sécurité à l’encontre de Madagascar ». Il estime que Washington pourrait exercer une forte pression sur le gouvernement malgache et qu’il faut s’attendre à d’éventuelles représailles. L’ancien diplomate avertit aussi que l’ex-ministre des Transports, Valery Ramonjavelo, « prend un risque en écartant toute responsabilité des deux têtes de l’exécutif dans cette affaire, car cela pourrait se retourner contre lui ».
Ravo Andriantsalama
Alors que les préparatifs du sommet des chefs d’État de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) s’intensifient, la passation de pouvoir entre l’ancien et le nouveau président du Comité des hauts fonctionnaires de l’organisation s’est tenue ce matin au Centre de conférence international d’Ivato. Éric Ratsimbazafy, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, a officiellement pris la présidence de ce comité. Il ambitionne de renforcer le rôle des îles de l’océan Indien au sein de la SADC.
Studio Sifaka : Quel impact positif représente, pour Madagascar, la prise de la présidence du comité des hauts fonctionnaires de la SADC ?
Éric Ratsimbazafy : Le principal avantage est que nous pouvons désormais défendre nos idées et propositions pour le développement de Madagascar et des pays membres de la SADC. Nous venons de passer deux jours à évaluer la mise en œuvre de la Stratégie régionale de développement et d’intégration (RISDP), adoptée en 2020 et valable jusqu’en 2030. Nous avons notamment travaillé sur le capital humain, le développement industriel, ainsi que sur l’intégration commerciale entre les pays membres et avec les partenaires extérieurs.
SS : Y a-t-il des dossiers spécifiques que Madagascar défend particulièrement dans ces discussions ?
ER : En tant que pays insulaire, nous militons pour être pleinement intégrés aux échanges et à la coopération régionale au sein de la SADC. Ce plaidoyer, entamé depuis les premières réunions, a déjà été entendu. Il reste maintenant à trouver les meilleures stratégies pour sa mise en œuvre.
SS : Quelles seront vos principales missions dans ce nouveau rôle ?
ER : Plus de cinquante décisions seront adoptées au cours de cette réunion. Notre responsabilité est de coordonner les travaux afin que les décisions prises se traduisent en actions concrètes, et qu’il ne s’agisse pas seulement de déclarations d’intention. La présidence malgache durera douze mois, avec un agenda chargé, notamment dans les domaines de l’industrialisation, de l’énergie et de l’élevage.
SS : Quels sont vos principaux défis, et pensez-vous atteindre vos objectifs en douze mois ?
ER : Un premier défi est déjà relevé : en vingt ans d’adhésion à la SADC, c’est la première fois que les décisions se tournent vers Madagascar et les autres îles de l’océan Indien. Cela montre que nos voix comptent désormais dans les processus décisionnels. Certes, il y a beaucoup à faire, mais nous concentrerons nos efforts sur les priorités identifiées et nous mettrons tout en œuvre pour les concrétiser au cours de l’année.
Propos recueillis par Ravo Andriantsalama
Les passionnés de jeux vidéo et de culture malgache ont de quoi se réjouir. Un personnage malgache, "Miary zo", fera bientôt son apparition dans le célèbre jeu de combat Tekken 8. Dans un entretien téléphonique ce matin, Abraham Rajaomazava, président de l’association Tekken Madagascar, a révélé le rôle majeur des gamers malgaches dans cette création, qui pourrait devenir une ambassadrice de la Grande Île sur la scène internationale.
Dynamique positive. Selon Abraham Rajaomazava, l'ascension de la communauté Tekken à Madagascar a été fulgurante depuis 2021, avec une augmentation significative du nombre de joueurs et l'organisation de tournois mensuels. Ces tournois, intégrés au circuit officiel du "Tekken World Tour", ont attiré l'attention des créateurs du jeu. « Ils ont été surpris par nos statistiques, avec plus d'une centaine de tournois par mois et un grand nombre de participants », a-t-il expliqué. C'est cette dynamique qui a conduit le créateur du jeu vidéo culte depuis les années 1990, Tekken, Katsuhiro Harada, à se rendre à Madagascar en 2024.
L'expertise malgache dans le jeu est également reconnue au niveau international, comme le prouvent les performances de joueurs tels que Kimy, championne d’Afrique, et Youndaime, désigné meilleur joueur et représentant de l'Afrique australe. L'arrivée de Miary Zo n'est pas un hasard : des membres de l'association, parlant japonais, ont collaboré avec Bandai Namco pour sa conception, en apportant un précieux éclairage sur la culture malgache.
Moraingy et ravitoto : une ambassadrice de la culture malgache
Miary Zo est le fruit d'une collaboration entre Bandai Namco et la communauté malgache. Si le choix du nom et du design général appartient à l'éditeur, les joueurs malgaches ont été essentiels pour transmettre les spécificités culturelles. En tant que représentante de l'Afrique dans le jeu, le design de Miary Zo ne sera pas à 100 % malgache, mais s'inspirera de plusieurs nations africaines. Son style de combat, quant à lui, sera un mélange du moraingy malgache et d’autres arts martiaux africains. Autre détail qui plaira aux Malgaches : sa nourriture préférée est le ravitoto, un plat à base de feuilles de manioc.
Même si Miary Zo n'est pas encore jouable, son arrivée est très attendue. Elle sera le dernier personnage de la saison 2 de Tekken 8, un jeu sorti en 2024. Le président de l'association a indiqué qu'elle devrait être disponible en téléchargement à l'hiver 2025, soit en décembre, sur les plateformes PlayStation 5, Xbox Series X et PC.
Selon Abraham Rajaomazava, l'impact de ce personnage sera double. Au niveau national, il s'attend à ce que de nombreuses personnes achètent le jeu pour l’essayer. Au niveau international, Miary Zo sera « une ambassadrice de notre culture dans le monde du jeu vidéo. Elle est une vitrine pour montrer aux étrangers que les Malgaches sont uniques, différents des autres Africains », a-t-il conclu.
Ravo Andriantsalama