Le Comité pour la Sauvegarde de l'Intégrité (CSI) a récemment rencontré la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) pour proposer des réformes. Selon le président du CSI, Jean Louis Andriamifidy, l’une des pierres angulaires d’un processus électoral plus transparent et intègre passe par une modification du texte électoral : il est impératif d'y définir clairement la « corruption électorale » pour pouvoir la combattre efficacement.
Le CSI a identifié plusieurs défis majeurs qui entravent la démocratie, comme un cadre juridique incohérent, un manque de transparence dans le financement des campagnes et une faible participation citoyenne. « Une loi électorale claire et saine est un moyen de lutter contre la corruption pour garantir des élections transparentes », a déclaré le président du CSI la semaine dernière à l’issue de sa rencontre avec le président de la CENI à Alarobia, soulignant ainsi le lien direct entre la bonne gouvernance électorale et la lutte contre la corruption.
Au cœur des suggestions du CSI, la nécessité de combler une lacune juridique. « Notre loi ne définit pas encore ce qu'est la corruption électorale, elle mentionne souvent les fraudes et les achats de voix », a expliqué Jean Louis Andriamifidy. Ce vide juridique a des conséquences directes sur la lutte contre l'impunité. « Nous savons tous que beaucoup de gens achètent des voix pendant les élections, mais qu'ils ne sont pas sanctionnés parce que ce n'est pas encore défini dans la loi », a-t-il précisé.
Une requête pour plus de pouvoir
Pour y remédier, le CSI a soumis une requête claire : « L'une de nos suggestions, par exemple, est que les irrégularités électorales soient considérées comme des actes de corruption. Ainsi, le BIANCO pourrait enquêter dessus et le PAC peut juger. » Cette modification permettrait de donner les moyens légaux aux organismes de lutte anti-corruption pour intervenir et poursuivre les auteurs d'infractions électorales.
Parmi les dix recommandations déposées auprès de la CENI, d'autres points cruciaux ont été abordés : le renforcement de l'indépendance de l'institution, tant financière que matérielle, la fiabilisation des listes électorales (avec, à terme, un système biométrique), et une transparence totale du financement des campagnes. L'objectif global de ces mesures est de restaurer la confiance des citoyens, de consolider la démocratie et de garantir que les sanctions contre les fraudeurs soient réellement appliquées.
Ravo Andriantsalama
Dans l’affaire des cinq Boeing 777 immatriculés « 5R » retrouvés en Iran, l’opinion publique s’attendait à une réaction du Parlement, notamment à l’éventualité de l’ouverture d’une enquête parlementaire. Interrogé hier à ce sujet, le président du Sénat, le général à la retraite Richard Ravalomanana, a vivement réagi, laissant entendre que les parlementaires des deux chambres ne semblent pas enclins à initier une telle procédure.
Le ton est monté. C’est la réaction du président du Sénat hier, lors d’un entretien accordé à la presse, alors qu’une question lui était posée sur la possibilité d’ouvrir une enquête parlementaire concernant l’affaire des cinq Boeing. « À quoi bon une enquête parlementaire ? Ne croyez-vous pas en la justice ? », S’exclame-t-il à Anosy. Des propos fermes, laissant entendre qu’aucune commission d’enquête parlementaire ne sera lancée. Selon lui, une enquête parlementaire n’a de sens que si elle vise à soutenir l’action de l’exécutif. Il estime également que, lorsqu’une enquête judiciaire est en cours, il ne faut pas en initier une autre, afin de ne pas en entraver le bon déroulement. « Si l’on procède ainsi, c’est ce qu’on appelle une entrave à la justice », a-t-il ajouté.
Une opinion qui contraste fortement avec celle de plusieurs députés, qui réclament l’ouverture d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur cette affaire et ainsi appuyer le travail de la justice. Maître Hanitra Razafimanantsoa, députée élue du district d’Antananarivo I, affirme que des discussions sont en cours parmi les députés en vue de créer une telle commission. « La volonté est là , mais c’est souvent la procédure qui pose problème. Dès que cela passe en plénière, il est probable que la majorité oppose son veto, et tout tombe à l’eau. Pourtant, je pense que l’on devrait vraiment mettre en place une commission d’enquête parlementaire sur cette affaire afin de distinguer le vrai du faux, et ainsi aider la justice », explique-t-elle.
Ses propos, bien qu’opposés à ceux du général Ravalomanana, convergent vers une même conclusion : une enquête parlementaire sur l’affaire des Boeing 777 reste peu probable à ce stade. Il faut aussi noter que la majorité des Malgaches ne comprennent pas clairement ce qu’est une enquête parlementaire ni ce qu’elle implique. D’après les explications de Maître Hanitra Razafimanantsoa, « dès qu’une affaire touche une société d’État ou un sujet d’intérêt public, il est possible pour les deux chambres du Parlement d’ouvrir une enquête ». Elle précise cependant que certaines conditions doivent être remplies selon les règlements intérieurs des deux chambres. « La première de ces conditions est le dépôt d’une proposition de résolution signée par au moins huit parlementaires », conclut-elle.
Ravo Andriantsalama
Sorties la tête baissée de l’enceinte du palais de justice d’Anosy, Fenohasina et sa mère passent directement par la case prison après plus d’un mois passé à l’hôpital. Elles ont été placées en détention provisoire depuis hier soir, selon le parquet.
En détention provisoire. C’est désormais le cas de Fenohasina, l’hôte de l’anniversaire noir du 14 juin dernier, et de sa mère. Hier, tard dans la soirée, le parquet a obtenu un premier verdict après l’audition préliminaire des deux présumées. Le ministère public n’a laissé aucune chance à la jeune femme, écartant la possibilité d’un placement sous contrôle judiciaire. Selon la procureure de la République près le TPI Anosy, Narindra Navalona Rakotoniaina, dans une vidéo diffusée hier soir, le juge d’instruction avait décidé de placer Fenohasina sous contrôle judiciaire, mais le parquet a formé opposition pour qu’elle soit placée en détention provisoire.
« Après examen des charges, le juge d’instruction a pris la décision suivante : la mère de l’organisatrice de l’anniversaire a été placée en détention provisoire, tandis que cette dernière devait initialement être placée sous contrôle judiciaire », indique la procureure. « Le juge d’instruction est totalement indépendant dans ses décisions, mais le parquet n’est pas tenu de partager son avis. Ainsi, nous avons formé opposition à cette décision. L’opposition a été soumise à la chambre de détention, qui a décidé de placer l’auteur présumé de la pétition en détention provisoire », poursuit-elle.
Plein pouvoir
La décision du parquet de s’opposer à la mise sous contrôle judiciaire apparaît, à première vue, comme une mesure particulièrement ferme, renforcée par la détermination visible sur le visage de la procureure lorsqu’elle a pris la parole hier soir. Néanmoins, selon un juriste que nous avons contacté ce matin, ce choix est compréhensible.
D’après lui, « le ministère public dispose de l’entière prérogative de former opposition, en sa qualité de maître de l’action publique. En tant que garant de l’intérêt général, et compte tenu du contexte entourant cette affaire, cela peut justifier son opposition au contrôle judiciaire pour demander sa conversion en détention provisoire. »
Pour l’heure, la défense n’a pas souhaité réagir à la décision du parquet. Contacté par téléphone ce matin, l’avocat de la présumée s’est abstenu de tout commentaire. « Nous ne pouvons pas encore nous exprimer sur cette affaire afin de ne pas violer le secret de l’instruction », a-t-il déclaré.
En conclusion de sa déclaration vidéo, Narindra Navalona Rakotoniaina a précisé que l’instruction suit son cours, que l’enquête se poursuit au niveau du tribunal et qu’une fois l’instruction achevée, l’affaire sera renvoyée devant la cour criminelle. Elle a rappelé que les prévenus seront jugés en audience publique. Cette affaire commence à bouger après un mois et demi de revendication des internautes, notamment sur les réseaux sociaux.
Ravo Andriantsalama
Démis de ses fonctions de ministre des Transports et de la Météorologie hier, lors d'un Conseil des ministres spécial, Valéry Ramonjavelo risque désormais bien plus gros. L'affaire des cinq Boeing 777 immatriculés "5R" qui ont atterri mi-juillet en Iran continue de faire des vagues. Le Premier ministre Christian Ntsay assure l'intérim à ce poste clé, et la passation de pouvoir s'est tenue aujourd'hui même dans les locaux du ministère à Anosy.
« Je tiens à préciser que ni moi, ni le Président de la République, n’étions informés de ce qui se tramait autour du certificat d’immatriculation provisoire (CIP) ou du certificat de navigabilité (CDN). » Ces mots, prononcés par le chef du gouvernement, Christian Ntsay, ce matin à Anosy lors de la passation de pouvoir avec le ministre limogé, Valéry Ramonjavelo, sonnent comme une déclaration claire : l'État nie toute implication dans l'octroi, même provisoire, de l'immatriculation pour ces avions. Ce démenti suggère donc une implication, qu'elle soit expresse ou tacite, de Valéry Ramonjavelo dans la procédure. Une question cruciale plane désormais : sera-t-il, à son tour, sous le coup d'une enquête pour une éventuelle implication ?
Interrogé sur le sujet, le locataire de Mahazoarivo est resté évasif mais a tout de même esquissé une réponse : « Le processus suit son cours pour faire toute la lumière sur cette affaire. Nous savons déjà que certaines personnes sont recherchées. Mais elles ne sont pas les seules : d’autres individus ou complices indirects feront également l’objet d’enquêtes approfondies. » Cette déclaration n'implique cependant pas formellement l'ouverture d'une enquête à l'encontre de l'ancien secrétaire général de la présidence de la République. Néanmoins, la réponse prudente du numéro deux de l'État laisse planer la possibilité de cette éventualité.
Demande d'appui
De son côté, Valéry Ramonjavelo s'est dit fier de ce qu’il a pu accomplir au sein du ministère depuis sa nomination. Pour lui, son limogeage n’est pas une fin en soi, mais la continuité des efforts fournis par ses prédécesseurs, par lui-même et par celui ou celle qui va le remplacer. Il a également adressé un clin d’œil au Premier ministre lors de son discours : « La journée d’aujourd’hui ne marque pas une fin, mais une continuité. La loyauté reste également primordiale. N’hésitez pas à faire appel à moi si besoin, je resterai toujours disponible pour servir. Je vous porte tous dans mes prières, » s’est-il exclamé avant de se faire accompagner à la porte par son successeur provisoire.
Quant à la suite des investigations pour démêler ce complexe affaire des avions, cause directe du limogeage du ministre des Transports, Christian Ntsay entend faire appel à un appui international, d'autant plus que cette affaire touche plusieurs pays. Il a insisté sur la nécessité de solliciter l'aide de pays comme les États-Unis d’Amérique ainsi que des pays européens. Selon ses dires : « Comme vous le savez, les promoteurs impliqués sont déjà activement recherchés. Dans un souci de transparence, nous sollicitons l’appui de l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile (OACI), du Bureau Fédéral d’Investigations (FBI) et d’Interpol afin d’éviter que de tels réseaux ne se servent à nouveau de notre pays. Il est inacceptable que Madagascar soit utilisé comme relais pour des réseaux criminels. »
En guise de consolation pour son collègue de toujours, le Premier ministre a conclu en expliquant que « nul n’est éternel à un poste où il a été nommé, moi y compris. » Une remarque notable, sachant que Christian Ntsay occupe son poste depuis la présidence de Hery Rajaonarimampianina et est resté, jusqu’à présent, indéboulonnable.
Ravo Andriantsalama
C’est un scandale qui secoue l’administration malgache et pourrait exposer le pays à de lourdes conséquences diplomatiques. Cinq avions Boeing 777, portant l’immatriculation malgache « 5R », ont été repérés en Iran le 15 juillet dernier, malgré l’interdiction pour ce pays, sous sanctions internationales, d’acquérir ce type d’appareil.
Eclairage. Selon les explications livrées hier soir par le ministre des Transports, Valéry Ramonjavelo, la République de Madagascar reconnaît avoir délivré une autorisation provisoire de vol pour ces appareils en 2024. Ces derniers devaient rejoindre le Kenya pour y subir une remise en état. « Cette autorisation expirait en avril 2025 et aucun transfert officiel n’a été validé ensuite », précise le ministre, affirmant que l’État malgache a été trompé.
Les appareils restent pourtant immatriculés sous pavillon malgache via la société UDAN, inscrite au registre national. Un avis de recherche a depuis été lancé contre un ressortissant malgache et un ressortissant indien pour faux et usage de faux dans cette affaire.
Plus troublant encore : le Cambodge serait également impliqué. Selon le ministre, ce pays aurait autorisé le plan de vol permettant aux appareils de quitter son territoire vers l’Iran, en toute connaissance de cause. « Cela prouve qu’il y a eu un accord pour violer l’embargo », déplore Valéry Ramonjavelo.
Polémique
Pour Madagascar, l’affaire est délicate : en facilitant, même involontairement, la livraison d’avions commerciaux à un État sous sanctions occidentales, le pays s’expose à de potentielles représailles diplomatiques et économiques, notamment de la part des États-Unis.
Face à l’ampleur de la polémique, un Conseil des ministres extraordinaire est attendu ce mardi. Le gouvernement devra clarifier sa ligne de défense et annoncer les mesures concrètes pour éviter que ce type de manquement ne se reproduise.
Pour l’heure, aucun commentaire officiel n’a émané des chancelleries occidentales. Mais en coulisses, la vigilance est de mise. Dans ce dossier aux ramifications internationales, c’est l’image et la crédibilité de l’aviation civile malgache qui se jouent.
Ravo Andriantsalama
La bataille pour le droit à l’identité franchit un nouveau cap dans la capitale. Ce matin, à l’Hôtel de Ville d’Analakely, le maire Harilala Ramanantsoa et le représentant de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Traian Laurentiu Hristea, ont signé un nouveau protocole de coopération visant à étendre l’opération de délivrance massive d’actes de naissance.
Depuis 2019, ce projet d’état civil vise à enregistrer rétroactivement les naissances non déclarées et à garantir aux nouveau-nées leur reconnaissance officielle. « Avoir un état civil, c’est la mère de tous les autres droits », rappelle le représentant de l’OIF. Sans acte de naissance, impossible d’accéder à l’école, aux soins, au mariage, au droit de vote ou même à l’héritage. En 2024, 12 000 copies avaient été distribuées dans les six arrondissements de la capitale, au bénéfice des enfants issus de familles défavorisées. Cette année, la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA) entend doubler cet objectif : 24 000 copies supplémentaires à délivrer entre 2025 et 2026.
Pour accompagner cette ambition, un programme de formation sera mis en place pour les agents des guichets uniques des arrondissements. Objectif : améliorer la qualité du service public et simplifier l’accès aux démarches administratives pour les familles. Ce partenariat s’inscrit pleinement dans l’Objectif de Développement Durable 16.9, qui prône une identité juridique pour tous.
« Un acte de naissance n’est pas qu’un papier. Il change une vie », conclut le maire Harilala Ramanantsoa, en saluant le soutien indéfectible de l’OIF et l’implication des équipes de terrain.
Ravo Andriantsalama                      Â
C'est au Novotel Convention Alarobia, ce lundi, que Madagascar a officiellement lancé la 8ᵉ édition de la Semaine de l'Industrialisation de la SADC, un rendez-vous régional majeur pour renforcer l'intégration économique et industrielle des pays d'Afrique australe.
Une hausse réaliste
Lors de la cérémonie d'ouverture, David Ralambofiringa, ministre de l'Industrialisation et du Commerce, a insisté sur l'importance de cette rencontre stratégique pour le pays et pour toute la région. "Nous avons l'ambition d'enregistrer une hausse de 10% des échanges intra-SADC, un objectif réaliste et nécessaire pour stimuler notre développement collectif", a-t-il déclaré devant plus de 500 délégués, représentants de gouvernements, d'organisations régionales, d'investisseurs et d'entrepreneurs venus de toute la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC).
Sous le thème "Promouvoir l'industrialisation, la transformation agricole et la transition énergétique pour une SADC résiliente", cette édition met particulièrement l'accent sur la création de chaînes de valeur régionales, le soutien aux PME, l'entrepreneuriat féminin et l'innovation. Le ministre a rappelé que Madagascar, qui accueille pour la première fois cet événement, souhaite faire de ce forum un tremplin pour exposer son potentiel industriel et agricole, tout en affirmant son rôle de hub régional pour la transformation économique.
Des opportunités concrètes
"Au-delà des discours, cette semaine doit déboucher sur des partenariats concrets, des projets bancables et des accords qui bénéficieront directement à nos opérateurs économiques, à nos jeunes et à nos communautés rurales", a ajouté David Ralambofiringa, soulignant la nécessité de traduire les ambitions en résultats tangibles.
Jusqu'au 1ᵉʳ août, des ateliers techniques, tables rondes, rencontres B2B et visites de sites industriels se succéderont pour identifier les opportunités d'investissement, partager les bonnes pratiques et renforcer les liens entre les secteurs public et privé. Les thématiques phares couvriront notamment la valorisation des ressources minières, l'agro-transformation, la production pharmaceutique, ainsi que les défis et opportunités de la transition énergétique dans la région.
Avec cette Semaine de l'Industrialisation, Madagascar entend marquer une étape décisive dans sa stratégie de diversification économique et de coopération régionale, tout en consolidant sa place au cœur des dynamiques d'intégration et de croissance inclusive au sein de la SADC.
Ravo Andriantsalama
Entre la prise de pouvoir d’une institution régionale majeure et des scandales retentissants, la fin de semaine dernière a été mouvementée pour la diplomatie malgache. Si les dirigeants se félicitent de leurs succès diplomatiques après l’accueil de plusieurs chefs d’État en visite officielle et l’organisation d’événements d’envergure comme les sommets de la COI et de la SADC, de nouvelles controverses viennent fragiliser cette dynamique.
L'année 2025 s'annonce comme une période décisive pour la diplomatie malgache. Rythmée par des succès éclatants sur la scène internationale, notamment avec la visite des présidents français et slovène, elle franchit un cap important avec l'accueil de deux grands sommets : celui de la Commission de l’Océan Indien (COI) et celui de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC). Cependant, plusieurs controverses récentes pourraient potentiellement freiner cette dynamique positive et exige une gestion attentive pour préserver les relations internationales du pays.
La «pseudo-altercation » avec l’Union européenne
Le premier incident est la "pseudo-altercation" avec l'Union européenne. La ministre des Affaires étrangères, Rafaravavitafika Rasata, a expliqué lors d'une intervention sur la chaîne nationale ce week-end avoir eu un entretien avec l'ambassadeur de l'Union européenne, Rolland Kobia. Selon ses dires, cette rencontre lui a permis de rappeler au diplomate que "Madagascar est un pays souverain et qu’il est libre de conclure des partenariats avec les pays de son choix." Bien que l'entrevue de vendredi se soit tenue à huis clos, Rolland Kobia affichait un large sourire à sa sortie. "C’est toujours un plaisir de discuter avec Madame la Ministre pour faire avancer les choses", a-t-il déclaré au micro de la chaîne nationale.
La raison de cette convocation : une publication de l’ambassadeur sur les réseaux sociaux, le 20 juillet dernier. Dans celle-ci, il affirme que « l’Union européenne ne fournit pas de voitures de luxe, mais met à disposition des avions et des hélicoptères pour assurer une aide structurelle aux populations isolées de Madagascar. » Ces propos semblaient répondre indirectement au don de 16 véhicules de luxe par la Chine en marge du sommet de la SADC.
L’incident des Boeing 777 en Iran
Le 23 juillet dernier, un site étranger publie que cinq Boeing 777 immatriculés à Madagascar (préfixe 5R) ont atterri discrètement en Iran le 15 juillet. Rinah Rakotomanga, ancienne directrice générale de l’Aviation Civile de Madagascar (ACM) et ex-directrice de la communication de la Présidence de la République, a réagi quelques jours après. Elle a attaqué le ministre des Transports Valery Ramonjavelo et ancien secrétaire général de la présidence, qu’elle qualifie de « mon ancien ami » dans une publication sur Facebook. Selon elle, le ministre aurait eu recours à des manigances pour obtenir des certificats d’immatriculation provisoires (CIP) et des certificats de navigabilité (CDN) pour cinq avions destinés à l’Iran.
« Moi, je voudrais poser une question et le ministre, mon ancien ami, devrait y répondre : pourquoi as-tu forcé l’ACM à délivrer ces CIP et CDN provisoires ? » fustige l’ancienne directrice de l’ACM. Valery Ramonjavelo est resté silencieux face à ces accusations. De son côté, l’ACM a apporté des explications dans un communiqué officiel, avant d’intervenir sur la chaîne nationale. Selon les responsables de l’Aviation Civile, la société UDAAN Aviation avait obtenu un Certificat d’Immatriculation Provisoire, uniquement pour permettre le transfert de ces appareils vers un atelier de maintenance agréé au Kenya, avec une validité limitée à la date du 17 avril 2025.
L’ACM révèle cependant que la société a modifié illégalement ce document pour prolonger sa validité jusqu’au 12 juillet 2025 et que ces documents falsifiés ont ensuite été utilisés à l’étranger, notamment auprès de l’Autorité de l’Aviation Civile du Cambodge. Face à ces irrégularités, l’ACM a déclaré avoir déposé une plainte pour faux et usage de faux pour identifier les véritables propriétaires et responsables. Cette affaire, si elle perdure, pourrait devenir un obstacle majeur pour la diplomatie malgache, qui connaît pourtant un essor notable depuis le début de l'année.
Avec le lancement des activités liées au 45ᵉ sommet de la SADC aujourd’hui, la diplomatie malgache est plus que jamais sur un fil. En attendant, l’ensemble du pays peut tirer profit des retombées économiques, sociales et touristiques liées à cet événement.
Ravo Andriantsalama
Les préparatifs pour l’organisation du 45ᵉ sommet des chefs d’État de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) du 3 au 18 août prochains avancent à grands pas. Une conférence de presse s’est tenue ce matin pour faire les points.
Tout est prêt, ou presque. Madagascar s’apprête à accueillir le 45ᵉ sommet de la SADC. Les préparatifs sont bien engagés. Bien que l’ouverture officielle ne se fasse que le 3 août, les activités liées à l’événement débuteront dans les prochains jours. Ce matin, au stade Barea Mahamasina, la ministre des Affaires étrangères, Rasata Rafaravavitafika, accompagnée de deux membres du gouvernement, ont présenté les grandes lignes de l’organisation.
La ministre des Affaires étrangères (MAE) pilote l’ensemble des préparatifs et assure la présidence du Conseil des ministres de la SADC pendant le sommet. Dimanche dernier, la secrétaire exécutive adjoint de l’organisation, docteur Judith Kateera est arrivée à Antananarivo pour constater l’avancement des travaux. Elle s’est déclarée pleinement satisfaite du travail accompli. En coulisses, quatorze commissions, chacune dirigée par un ministre malgache, coordonnent la logistique, la sécurité et les différentes activités prévues. « La réussite de ce sommet est le fruit d’un engagement collectif de l’ensemble du gouvernement », a souligné la cheffe de la diplomatie malgache.
Un point reste toutefois flou : le budget du sommet. Interrogés à ce sujet, les trois ministres sont restés évasifs. Aucun chiffre n’a été communiqué. Selon Rasata Rafaravavitafika, la majorité des dépenses est couverte par le budget de l’État, inscrit dans la loi de finances initiale. D’autres contributions ont toutefois été mobilisées, notamment un don de la Chine, qui a offert plusieurs véhicules de luxe pour le transport des chefs d’État invités.
Activités
Le sommet sera aussi l’occasion d’impliquer le monde universitaire et la société civile. Une conférence publique est prévue le 14 août au grand amphithéâtre de l’Université d’Antananarivo. La ministre de l’Enseignement supérieur (MESUPRES) y voit une opportunité de faire connaître les avancées de la SADC et de donner la parole aux chercheurs, étudiants et acteurs politiques. « L’objectif est de rapprocher la SADC du grand public et de promouvoir la recherche académique », précise le professeur Loulla Chaminah.
Autre moment fort : la Semaine de l’industrialisation, programmée du 28 juillet au 1ᵉʳ août. L’événement mettra l’accent sur la résilience et l’innovation industrielle, des thèmes en cohérence avec la Politique Générale de l’État. Un espace d’exposition sera notamment installé au Novotel Alarobia pour présenter divers stands et projets innovants.
Pour la ministre de la Communication et de la Culture (MCC), Volamiranty Mara, le choix de Madagascar comme pays hôte n’est pas un hasard : « C’est la première fois, en 45 ans d’existence de la SADC, qu’un président malgache accède à sa présidence. C’est un tournant pour notre diplomatie régionale. » Le gouvernement assure que les retombées du sommet bénéficieront à l’ensemble du pays. « Le sommet se déroule ici, mais ses impacts concerneront les 24 régions de Madagascar », insiste Volamiranty Mara. Plusieurs accords de coopération seront signés en marge de l’événement. De nombreuses animations culturelles viendront également valoriser le savoir-faire et l’hospitalité malgaches.
Ravo Andriantsalama
L’ouverture progressive vers une clientèle nouvelle, notamment en provenance des pays arabes, fait partie des leviers pour dynamiser le secteur touristique à Madagascar. Un tournant amorcé depuis l’ouverture de la ligne aérienne directe reliant Madagascar à Dubaï l’année dernière. Actuellement, six vols par semaine assurent cette liaison. Quel impact pour le tourisme ? Manitra Randriambololona, président de la Fédération nationale des guides (FNG) nous répond.
Studio Sifaka : Quel impact concret ont ces nouvelles liaisons aériennes entre Dubaï et Madagascar sur l’activité des tours opérateurs ?
Manitra Randriambololona : La demande en provenance du Moyen-Orient est aujourd’hui en forte hausse. De nombreux tours opérateurs basés à Dubaï souhaitent organiser des eductours ici, car pour eux, Madagascar est une nouvelle destination qu’ils découvrent réellement depuis un an. Ils viennent évaluer sur place le potentiel pour pouvoir mieux vendre la destination chez eux, d’autant plus qu’ils ont désormais un accès plus facile.
On constate aussi une augmentation des demandes individuelles. Pour l’instant, nous n’avons pas encore de statistiques précises mais nous savons que la demande est bien là . Certains visiteurs sont déjà sur place et beaucoup d’autres sont attendus dès le mois d’août.
SS : Nos opérateurs locaux sont-ils prêts à accueillir ce flux croissant de visiteurs ?
MR : Notre objectif est d’atteindre une capacité d’accueil de 11 000 chambres pour pouvoir recevoir jusqu’à un million de touristes en 2028. C’est un processus progressif mais on avance vers cette ambition.
À ce jour, si l’arrivée des touristes suit réellement cette tendance, l’offre d’hébergement reste insuffisante. Nous faisons donc appel à de nouveaux investisseurs pour développer ce volet.
Concernant les guides, nous travaillons déjà à former des nouvelles générations au sein de la Fédération nationale des guides et des tours opérateurs, car les ressources sont encore très limitées, notamment pour l’accompagnement guidé, ce qui est essentiel pour atteindre notre objectif.
SS : Existe-t-il chez nous des guides maîtrisant l’arabe ?
MR : Pour le moment, le traitement des dossiers se fait principalement en anglais, car la majorité des pays arabes qui viennent chez nous sont anglophones. Pour les visiteurs iraniens, on a quelques guides qui parlent le perse, mais ils restent peu nombreux.
Dans la pratique, la plupart des groupes arrivent déjà avec un tour leader qui assure la traduction quand les clients ne maîtrisent pas l’anglais.
SS : Selon vous, quelles devraient être nos priorités pour atteindre nos ambitions ?
MR : Mon message à l’État et à tous les Malgaches : valorisons ce que nous avons. Les visiteurs viennent à Madagascar pour des richesses qu’ils ne trouveront nulle part ailleurs. 5 % de la biodiversité mondiale endémique se trouve ici, chez nous. Si nous donnons de la valeur, ne serait-ce qu’à ces 5 %, Madagascar avancera.
C’est le moment de définir le modèle de tourisme que nous voulons bâtir. Des plages, nous en avons, mais inutile de rivaliser avec d’autres destinations qui proposent déjà plages et hôtels de luxe. Nous devons plutôt capitaliser sur notre biodiversité unique et poser les bases d’un tourisme responsable et durable.
Propos recueillis par Ravo Andriantsalama
« Kilonga Milalao », ou la nouvelle initiative de la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA) pour les jeunes de la capitale. L'objectif ? Permettre aux enfants âgés de 4 à 17 ans de s’adonner gratuitement à diverses activités sportives au stade municipal d’Alarobia, jusqu’à la fin du mois d’août.
Pour ces grandes vacances d'hiver, la CUA souhaite offrir aux plus jeunes une période active et saine. Le maire, Harilala Ramanantsoa, a annoncé cette initiative lors d’un point de presse tenu ce 21 juillet à l’Hôtel de Ville d’Analakely. Déjà reconnue pour ses équipes dynamiques en football, rugby et athlétisme, la CUA mobilise ses clubs pour encadrer les jeunes volontaires. « L’idée est d’occuper sainement les enfants, tout en éveillant chez eux l’envie de pratiquer un sport », a précisé le maire.
Les séances se dérouleront tous les matins, de 9h à 12h, au stade Alarobia, dès le début des vacances et jusqu’à fin août. Au programme : football, rugby et athlétisme, accessibles gratuitement aux enfants âgés de 4 à 17 ans, qu’ils soient licenciés ou non. Il s'agit d'un rendez-vous sportif et citoyen, conçu pour faire rimer vacances avec santé et cohésion sociale.
« Kilonga Milalao » servira également de tremplin pour les équipes de la CUA. C'est une opportunité pour elles de détecter de nouveaux talents qui pourraient devenir opérationnels dans quelques années. Il est bon de rappeler que, bien que les équipes sportives de la CUA soient en lice pour les tournois nationaux les plus prestigieux, elles peinent à retrouver les sommets qu'elles ont connus. Notamment l'équipe de football qui, vers la fin des années 2010, dominait le championnat national avec des figures emblématiques du football malgache comme l’ancien capitaine de l’équipe nationale, Faneva Ima Andriatsima.
Ravo Andriantsalama
Le Congrès international des primatologues s’est ouvert ce lundi au Novotel Alarobia. Durant cinq jours, chercheurs et scientifiques du monde entier se penchent sur la préservation des primates et la valorisation des travaux des experts malgaches, souvent méconnus malgré leur rôle central.
 « Les chercheurs jouent un rôle crucial dans la protection des différentes espèces de lémuriens », a martelé Max Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement durable, en marge de l’ouverture du Congrès international des primatologues à Alarobia ce matin. Le ministre déplore toutefois le manque de considération dont souffrent ces spécialistes, à Madagascar comme ailleurs : « Trop souvent, chercheurs et scientifiques travaillant sur les primates ne reçoivent pas la reconnaissance qu’ils méritent. » Une injustice que l’État malgache entend corriger, assure-t-il : « C’est désormais une priorité nationale. Certains ont déjà été décorés l’année dernière pour leurs efforts, et récemment encore, Liliarison René de Rolland a été élevé au rang de chevalier de l’Ordre national pour ses recherches. D’autres suivront. »
Pendant cinq jours, Madagascar devient la « capitale mondiale » de la primatologie. « Nous accueillons plus de 1 000 participants. Ce congrès place notre pays sous le feu des projecteurs », se réjouit le ministre. Pour le professeur Jonah Ratsimbazafy, éminent primatologue malgache, cet événement représente bien plus qu’une vitrine : « C’est une opportunité pour nos chercheurs d’échanger directement avec les plus grands spécialistes internationaux. C’est le moment de nouer des partenariats, de monter des projets communs et de dynamiser la recherche locale. »
Actuellement, 20 % des espèces de primates de la planète vivent à Madagascar. Une richesse unique que le pays espère mieux exploiter : « Notre ambition est de créer un grand laboratoire dédié aux primates, ici même. Ainsi, ce seront les chercheurs étrangers qui viendront chez nous pour leurs études », explique le professeur Ratsimbazafy. Un premier pas existe déjà avec le centre de recherche de Ranomafana, mais les scientifiques malgaches veulent aller plus loin. « Nous avons déjà une relève de jeunes chercheurs prêts à continuer le travail. Notre objectif est de multiplier les études, publier davantage et faire connaître au monde entier la richesse de notre biodiversité », soutient-il.
Trésor écologique et économique
Au-delà de leur valeur scientifique, les lémuriens jouent un rôle écologique majeur. « Ce sont eux qui assurent la dispersion des graines et la pollinisation de nombreuses espèces végétales », rappelle le professeur. Leur contribution s’étend aussi au tourisme. « Regardons le Costa Rica : ce petit pays tire 4 milliards de dollars du tourisme lié à sa faune. Nous, nous avons les lémuriens, qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Il faut juste une gestion rigoureuse et transparente », plaide-t-il.
Son message est clair : préserver les lémuriens, c’est investir dans un développement durable qui respecte la nature tout en générant des revenus conséquents pour le pays.
Entre échanges scientifiques, ambitions de laboratoires et nécessité d’un tourisme mieux encadré, ce congrès veut poser les bases d’une nouvelle ère pour la primatologie malgache : une science au service de la biodiversité et de la fierté nationale.
Ravo Andriantsalama
Après avoir purgé la totalité de ses peines sans bénéficier ni de remise, ni de grâce présidentielle, l’ancien ministre de la Communication, Harry Laurent Rahajason, alias Rolly Mercia, a retrouvé la liberté ce mercredi. Sa libération met un terme à un long feuilleton politico-judiciaire qui aura marqué la scène médiatique malgache.
Un retour discret à la vie civile
Rolly Mercia est sorti de la prison d’Antanimora hier, après plus de six ans et cinq mois de détention. L’ancien ministre de la Communication avait été condamné une première fois à 44 mois de prison ferme pour « atteinte à la sûreté de l’État, rébellion et attroupement sans autorisation sur la voie publique ». Il aurait dû recouvrer la liberté dès janvier 2023, mais une seconde condamnation de 30 mois pour « faux témoignage » dans une affaire impliquant l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga, devant le Parquet national financier à Paris, est venue prolonger son incarcération. Au total, Harry Laurent Rahajason aura purgé l’intégralité des 77 mois prononcés à son encontre, sans bénéficier d’aucun allègement de peine.
L’annonce de sa libération imminente avait filtré en début de semaine. Sa famille et ses proches, qui ont patienté dans la discrétion, ont exprimé leur soulagement et leur joie au moment de sa sortie. Aucun rassemblement massif n’a eu lieu aux abords de la prison. L’ancien ministre a quitté les lieux dans la sobriété, dans le strict respect des formalités judiciaires et des conditions encadrant sa mise en liberté.
Avenir
Rolly Mercia ne s’est pas encore exprimé publiquement. Son entourage reste évasif sur ses intentions. De nombreux observateurs espèrent toutefois qu’il reprendra la parole, que ce soit sur la scène médiatique ou politique, ou qu’il partagera au moins son expérience de prisonnier politique. Pour ses soutiens, sa libération tourne une page douloureuse de l’histoire de la liberté d’expression à Madagascar, mais en ouvre peut-être une nouvelle.
Harry Laurent Rahajason est ainsi la deuxième personnalité politique libérée par les autorités pénitentiaires cette année. Pour rappel, il y a quelques mois, le fils de Manandafy Rakotonirina, Mahery Lanto Manandafy, a également recouvré la liberté après plusieurs années de détention. À côté de ces libérations, d’autres figures de la presse malgache restent cependant derrière les barreaux. En tête de liste, le président-directeur général du quotidien La Gazette de la Grande Île, Lôla Rasoamaharo. Le patron de La Ligne de Mire et de l’AZ TV, Mbola Rajaonah, purge quant à lui toujours sa peine à la prison d’Imerintsiatosika. La question de la liberté de la presse et de l’expression à Madagascar demeure ainsi une problématique majeure pour les professionnels des médias.
Ravo Andriantsalama