Titres en VF :
Élection à Antananarivo : la justice ordonne une nouvelle instruction du dossier Ramanantsoa–Ravalomanana
Madagascar face aux défis des droits de l’enfant
COP30 : Le ministre de l’Environnement et du Développement durable réclame des financements accessibles pour les pays vulnérables face au changement climatique
Le festival Koba libre : une opportunité pour les jeunes musiciens électro de Madagascar
Titres en VM :
Haverin’ny fitsaràna ho dinihina indray ny atontan-taratasin’adin’i Harilala RAMANANTSOA sy Tojo RAVALOMANANA
Mbola manana fanamby maro i Madagasikara amin'ny fampiharana ny zon'ny ankizy
COP30 : Mangataka famatsiam-bola azo ampiasain’ny firenena marefo hiatrehana ny fiovan’ny toetry ny andro ny minisitry ny tontolo iainana sy ny Fandrosoana lovainjafy.
Festival Koba libre : Fanararoatra ho an’ny tanora malagasy izay miangaly ny mozika elctro
Titres en VF :
Fonctionnaires supérieurs suspendus : 48 heures pour restituer le matériel de l’État
Célébration de la journée internationale et Africaine de la Statistique : le rôle clé des statistiques dans le développement mis en avant
Job Connect : des centaines de jeunes sont venus déposer leur CV
Deux produits malgaches fortifiés en micronutriments
Titres en VM :
Mpiasa-panjakana ambony nalana tamin’ny toreany, manana 48 ora hamerenana ireo fananam-panjakana.
Andro iraisam-pirenena sy andro Afrikanina ho an’ny antontan’isa : misongadina ny anjara toeran’ny antontan’isa amin’ny fampandrosoana
Aman-jatony ireo tanora tonga nametraka antontan-taratasy fitadiavana asa
Ady amin’ny tsy fanjarian-tsakafo : vokatra malagasy roa notovonana otrikaina
Emmanuel Macron a quitté Maurice ce vendredi après une visite courte mais chargée. Il a enchaîné les poignées de main, les sourires et les protocoles d’accord, surtout sur la sécurité maritime. Rien de surprenant jusque-là. Mais le message important n’était pas destiné à Maurice. Il était pour Madagascar.
Le président français a profité de son passage dans l’océan Indien pour clarifier la position de Paris face à la transition malgache. Une prise de parole brève, mais très calculée. Macron parle de « convergences » avec l’île Maurice sur la situation chez le voisin. Il reconnaît un pays « engagé dans une transformation profonde ». Surtout, il dit avoir pris acte de la volonté des nouvelles autorités malgaches de répondre aux attentes de la jeunesse. Cette jeunesse qui s’est exprimée avec force ces derniers mois et que personne ne peut ignorer.
Le message est clair : la France reconnaît la transition. Mais elle veut un calendrier. Macron insiste sur un « horizon temporel limité » et sur l’organisation d’élections « dans un délai raisonnable ». Une façon polie de rappeler que la transition n’est pas un blanc-seing. Pas de rallonge. Pas de dérive.
Paris promet un accompagnement « ouvert ». Le chef d’État français cite les priorités qu’il juge essentielles : développement économique, jeunesse, énergie, lutte contre la corruption et contre l’enrichissement illicite. Les mêmes chantiers réclamés depuis longtemps par les Malgaches eux-mêmes. Mais l’ordre des mots compte : soutien oui, mais sur des bases claires. Accompagnement oui, mais pas d’aveuglement.
Stratégique
Le détail qui en dit long : Macron parle de Madagascar depuis Port-Louis. Pas depuis Antananarivo. C’est un choix. Un signal aussi. La France suit de près la transition, mais garde une distance prudente. Elle observe. Elle attend que les engagements se traduisent dans les actes.
Macron part maintenant pour l’Afrique du Sud, puis le Gabon et l’Angola. La tournée continue. Mais dans ses valises, le dossier malgache reste bien présent. Paris ne s’en cache plus : la stabilité de Madagascar est un enjeu régional. Un enjeu stratégique aussi.
La France se positionne sans brusquer. Elle s’aligne sur la voix des jeunes Malgaches qui demandent un changement réel. Elle attend des autorités de la transition qu’elles respectent leur parole. Et elle laisse entendre que le temps qui vient sera décisif. Une déclaration courte, depuis une île voisine donc, mais un message clair : Paris ne détourne pas les yeux. Madagascar entre dans une phase où chaque geste comptera.
Ravo Andriantsalama
La saison du litchi s’annonce exceptionnelle cette année. Surtout avec une récolte jugée bonne, un prix en forte hausse et une redistribution inédite des quotas d’exportation. Le gouvernement mise sur une filière plus professionnelle alors que 20 000 tonnes s’apprêtent à quitter Toamasina vers des marchés en expansion.
La campagne de litchi a officiellement démarré hier, 20 novembre, à Toamasina. Le prix du kilo a doublé par rapport à l’année dernière. De 1 100 ariary, il atteint désormais entre 2 150 et 2 500 ariary. Selon les producteurs de la région, cette hausse est principalement due à l’abondance de pluies. Les collecteurs comme les exportateurs ont commencé à remonter les produits dès hier à partir de 18 heures. « Le prix du kilo a nettement augmenté par rapport à l’an dernier. Il a doublé : de 1 500 ariary auparavant, il avoisine aujourd’hui 2 150 ariary », explique la ministre du Commerce, Haingotiana Michela Andriamadison.
Cette année, 30 entreprises exportatrices ont obtenu leur agrément, selon les précisions de la ministre. La quantité destinée à l’exportation est estimée à environ 20 000 tonnes. « Trente exportateurs sont agréés, et nous avons veillé à élargir l’accès tout en respectant strictement les règles. Seules les entreprises répondant à tous les critères ont obtenu l’agrément. L’objectif est de professionnaliser le secteur afin d’être plus compétitif sur le marché international », souligne-t-elle.
Exclus
L’entreprise Sodiat Export n’a, en revanche, pas été retenue cette année. Son quota a été redistribué entre les exportateurs agréés. « Sodiat ne participe pas à cette campagne. Son quota a été partagé équitablement entre les acteurs membres du groupement. Tout s’est fait de manière transparente, chacun ayant signé l’accord de répartition », précise la ministre.
Les 20 000 tonnes destinées à l’exportation seront réparties sur quatre grands navires, dont un premier chargement de 7 500 tonnes pour le premier bateau. Par ailleurs, 1 462 collecteurs ont également obtenu leur agrément, selon les statistiques du ministère du Commerce. Les exportateurs, quant à eux, cherchent à élargir leurs débouchés. « Cette année, nous visons de nouveaux marchés en plus des destinations habituelles. Certains exportent déjà vers des pays situés en dehors de l’Europe », indique la ministre.
Il est à noter que jusqu’à présent, l’Europe est le principal marché d’exportation pour le litchi malgache. Environ 70 à 80 % des exportations va vers l’union européenne comme la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, ou encore le Royaume-Uni. D’autres marchés secondaires font tout de même leurs apparitions comme le Moyen-Orient dont Dubaï et les pays du Golfe. Mayotte et parfois la Russie ou l’Asie se positionnent également comme importateurs du litchi malgache selon les opportunités et accords.
Ravo Andriantsalama
Des publications sur les réseaux sociaux affirment que tous les comptes bancaires de l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga auraient été saisis par la justice malgache.
C’est partiellement vrai. Le Pôle anti-corruption (PAC) a bien ordonné, le 12 novembre, la saisie de plusieurs biens et comptes au nom de Maminiaina Ravatomanga dans différentes banques du pays. Au total, 30 comptes sont concernés : 11 à la BMOI, 10 à la SBM, 6 à la BNI, 2 à l’ABM, 1 à la Bred Madagascar. Cependant, les comptes destinés au remboursement de prêts bancaires n’ont pas été bloqués, conformément à la décision du PAC.
Mamy Ravatomanga se trouve toujours à Maurice, où une procédure liée à un dossier de blanchiment d’argent est en cours. Selon les autorités malgaches, une délégation mauricienne se trouve actuellement à Madagascar pour recueillir des éléments supplémentaires, et une « task force » spéciale a été mise en place au sein de la justice malgache.
Verdict : Partiellement vrai — Des comptes ont bien été saisis, mais pas l’intégralité, ceux liés à des prêts restant actifs.
Le ministre de l’Économie et des Finances, Ramiarison Herinjatovo, a présenté mercredi à Tsimbazaza le Projet de loi de finances initiale (PLFI) 2026 devant 80 députés. Dans un contexte de ressources limitées, l’exécutif veut optimiser les recettes fiscales et douanières tout en resserrant la gestion des dépenses publiques. Mais derrière ce terme devenu récurrent, « rationalisation des dépenses », se cache un véritable changement de méthode.
Pour le ministre, rationaliser les dépenses signifie d’abord justifier chaque ariary investi et s’assurer de son utilité directe pour la population. « L’important, ce n’est pas combien on dépense, mais l’impact réel de chaque dépense », insiste-t-il. Il évoque notamment les secteurs alloués à des budgets croissants, mais où aucune amélioration tangible n’apparaît. L’État veut désormais mesurer systématiquement l’efficacité de la dépense publique, qu’elle soit directe ou indirecte. Un exemple frappant : une hausse du budget d’éducation doit, à terme, améliorer le capital humain malgache.
Pourtant, malgré cette ambition de rigueur, le PLFI 2026 annonce une hausse globale de 10 % des dépenses. Les soldes, incluant salaires et indemnités des agents de l’État, bondissent de 26 %, une première en trois ans. À l’inverse, les dépenses de fonctionnement et d’investissement intérieur reculent, tandis que le Programme d’Investissements Publics (PIP) financé par des ressources externes progresse. Au total, l’État prévoit 17 000 milliards d’ariary de dépenses pour seulement 13 000 milliards d’ariary de recettes : un équilibre fragile entre discipline financière, réformes fiscales et priorités nationales.
Croissance
Côté croissance, le gouvernement table sur une légère amélioration en 2026, avec un taux de 4,8 %. L’inflation, attendue à 8,2 % cette année, pourrait redescendre autour de 7 %. Pour y parvenir, les recettes fiscales devraient augmenter : les impôts passeraient de 5 101 à 5 955 milliards d’ariary, tandis que les taxes douanières grimperaient de 15 % grâce à de nouvelles mesures.
Après la présentation générale, les députés entament aujourd’hui les travaux en commission. Les séances plénières de première lecture commenceront en fin de semaine, moment où les élus pourront introduire leurs amendements sur les zones sensibles du projet.
Ravo Andriantsalama
Après une déclaration jugée ambiguë sur sa possible participation à la prochaine présidentielle, le président de la refondation, le colonel Mickael Randrianirina, tente d’apaiser les critiques et clarifie ses propos.
« C’est au peuple de décider si je mérite de me présenter à la prochaine élection présidentielle ou non. S’il estime que je le mérite, je le ferai, mais dans le cas contraire, je me désisterai. » Tels ont été les mots du président de la refondation, le colonel Mickael Randrianirina, dimanche dernier lors de son émission spéciale. Ces propos ont été largement relayés et commentés par l’opinion publique. Résultat : les critiques se multiplient depuis le début de la semaine. Pour certains, il est désormais clair que le colonel nourrit l’ambition de briguer un mandat électif. Pour d’autres, il n’aurait simplement pas choisi les mots adéquats.
Hier, lors de l’ouverture de la concertation chrétienne à Mandrimena, Andoharanofotsy, le chef de l’État a tenu à rectifier le tir. Selon lui : « Beaucoup d’interprétations ont circulé autour de ces propos. Mais lorsque j’ai parlé ce jour-là, il n’a jamais été question pour moi d’évoquer une éventuelle candidature. Ce que j’ai simplement voulu dire, c’est ceci : la voix du peuple est la voix de Dieu, et le peuple est souverain. C’était le sens de mon message, rien à voir avec une annonce ou non d’une candidature. »
Inapproprié
Cependant, plusieurs experts estiment que le moment n’est pas encore opportun pour évoquer une éventuelle course à la magistrature suprême. Selon eux, la priorité devrait être la tenue de la concertation nationale. Pour le politicien Serge Zafimahova « La situation actuelle exige du calme. Il n’est pas encore opportun d’entrer dans des discussions électorales ; ces questions devraient être abordées dans le cadre de la concertation nationale. »
Ce qui est certain, c’est que la concertation nationale, très attendue, doit se tenir dans moins de six mois, conformément à la présentation du programme de mise en œuvre de la politique générale de l’État faite mardi dernier à l’Assemblée nationale de Tsimbazaza par le Premier ministre Herintsalama Rajaonarivelo. Selon l’exécutif, c’est le Conseil œcuménique des Églises chrétiennes (FFKM) qui pilotera ce dialogue.
Ravo Andriantsalama
Presque un an après les élections municipales à Antananarivo, le contentieux opposant Tojo Ravalomanana à la maire élue, Harilala Ramanantsoa, s’enlise. Le Conseil d’État renvoie à nouveau le dossier à l’instruction, prolongeant l’incertitude sur la direction de la capitale.
Énième rebondissement dans l’affaire de l’élection municipale de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA). Près d’un an après le scrutin, les contestations du camp Tojo Ravalomanana, candidat à la mairie de la capitale, contre l’élection de son adversaire et actuelle maire, Harilala Ramanantsoa, persistent. Reporté une première fois au début du mois, le verdict sur l’issue de la bataille électorale reste, une fois encore, en suspens. Prévu pour hier, le procès visant à déterminer si Harilala Ramanantsoa a effectivement eu recours à la corruption et à la fraude électorale pour accéder à la fonction de premier magistrat de la ville a été une nouvelle fois ajourné.
Le Conseil d’État a annoncé le renvoi de l’affaire devant le juge d’instruction pour réexamen des preuves. Aucune date n’a toutefois été fixée pour la reprise du dossier.
« Il n’y a pas de date. Le dossier est entièrement renvoyé à l’instruction. Cela signifie que l’analyse de tous les éléments va reprendre depuis le début. Nous attendions une décision aujourd’hui, mais le tribunal a choisi d’approfondir l’examen du dossier », explique Maître Hubert Raharison, avocat de Tojo Ravalomanana.
Tensions devant la Cour suprême
Présente à Anosy, la maire de la capitale s’est dite sereine, affirmant garder confiance en la justice. Elle a été accueillie par une foule divisée : une partie venue la soutenir, une autre venue la contester. Vers 15 heures, l’atmosphère s’est tendue entre les deux camps massés devant la Cour suprême d’Anosy, notamment à la sortie de la salle d’audience.
Malgré ces tensions, elle appelle à une justice impartiale. « Le pouvoir en place doit reposer sur la vérité. Ce n’est pas la politique qui doit guider cette affaire aujourd’hui, mais une véritable justice », déclare-t-elle.
À sa sortie, Tojo Ravalomanana s’est montré, lui aussi, confiant, évoquant des preuves qu’il juge « accablantes » contre Harilala Ramanantsoa. « Le peuple d’Antananarivo aspire à une nouvelle vie. Il apparaît que 35 000 ordonnances ont été utilisées pour faire voter des personnes qui ne sont même pas originaires de la capitale. Mais je reste convaincu que notre ville se tournera enfin vers la clarté, et que ce ne seront plus ces individus mal intentionnés qui feront la loi », affirme-t-il.
L’enjeu de ce feuilleton judiciaire demeure crucial : déterminer qui dirigera la Commune urbaine d’Antananarivo. Même si le parti Tiako I Madagasikara (TIM) semble en position favorable depuis la destitution du régime Rajoelina, l’issue de cette affaire demeure incertaine, d’autant plus que les pressions médiatiques entourant le dossier ne cessent de croître.
Ravo Andriantsalama
Présentant la politique générale de l’État devant les députés, le Premier ministre Herintsalama Rajaonarivelo a exposé un calendrier de refondation limité à deux ans, articulé autour de six priorités nationales. Si l’exécutif affiche son ambition, certains parlementaires émettent déjà des réserves sur la faisabilité et la clarté du programme.
Accès équitable à l’énergie et à l’eau potable, santé pour tous, éducation de qualité adaptée aux réalités actuelles, création d’emplois et promotion de l’entrepreneuriat, solidarité nationale et développement inclusif. Ce sont les six axes prioritaires définis par le gouvernement de la refondation. C’est également ce qu’a exposé ce matin le Premier ministre Herintsalama Rajaonarivelo, au perchoir de la salle des séances de l’Assemblée nationale à Tsimbazaza, lors de la présentation de la politique générale de l’État (PGE) et de son programme de mise en œuvre (PMO). L’exécutif se donne deux ans pour atteindre ces objectifs, selon le locataire de Mahazoarivo, devant quatre-vingt-douze députés présents dans l’hémicycle.
Le programme des vingt-quatre prochains mois s’annonce chargé pour l’équipe Rajaonarivelo, qui prévoit d’organiser d’abord une concertation nationale, puis un référendum constitutionnel, avant une élection présidentielle et une passation de pouvoir au profit des futurs dirigeants élus. Ces étapes figurent dans le Programme de mise en œuvre de la PGE (PMO-PGE).
En présentant ce calendrier, Herintsalama Rajaonarivelo a détaillé :
« Premièrement : une concertation nationale du premier au sixième mois. Deuxièmement : la réforme du système électoral du sixième au douzième mois. Sur la base des recommandations issues de la concertation nationale, le gouvernement mènera la révision du cadre légal encadrant les élections et les partis politiques. »
« Troisièmement : un référendum constitutionnel entre le douzième et le quinzième mois pour modifier la Constitution et consolider l’État de droit. Quatrièmement : l’élection présidentielle entre le quinzième et le dix-huitième mois, une fois les lois électorales révisées et le référendum achevé. Cinquièmement : la passation de pouvoir, prévue entre le dix-neuvième et le vingt-quatrième mois », poursuit-il.
Réserves
Bien que la majorité des députés de la chambre basse se déclarent favorables au régime actuel, certains préfèrent garder leurs distances. Le député d’Ambositra, Liva Rason, estime que le programme présenté par le Premier ministre manque de clarté. « On y retrouve davantage de belles phrases destinées à endormir l’opinion que de véritables engagements », critique-t-il.
De son côté, le président de l’Assemblée nationale, Siteny Randrianasoloniaiko, s’est montré globalement satisfait de l’exposé du chef du gouvernement. Il se dit confiant, rappelant que Herintsalama Rajaonarivelo a affirmé quelques minutes plus tôt vouloir faire de Madagascar un État de droit, loin de la corruption.
Cependant, Siteny Randrianasoloniaiko formule lui aussi quelques réserves. « D’après ce qu’il a dit, ils ont deux ans pour exécuter la PGE. Nous les félicitons et nous les soutenons dans cette démarche. Mais si le gouvernement manque à ses obligations, les députés entreront en scène », prévient-il. Par « entrer en scène », le président de la chambre basse entend activer les prérogatives constitutionnelles de l’Assemblée : « Si ces objectifs ne sont pas atteints, la Constitution nous confère le droit de destituer le Premier ministre et de dissoudre le gouvernement. »
Ravo Andriantsalama
Multiplication des abus, dérives minières, corruption locale, filières dominées par des clans… Le collectif Vohifiraisana tire la sonnette d’alarme lors d’une conférence de presse à Ambatonakanga ce matin. Pour cette plateforme citoyenne, seule une refondation construite au niveau local permettra de stopper l’effondrement progressif des institutions et de restaurer la confiance.
Abus de pouvoir, conflits communautaires sans solution, procédures administratives opaques, gestion environnementale bafouée : le collectif Vohifiraisana dresse un tableau sans filtre de la situation dans plusieurs communes du pays. Le cas de QMM à Fort-Dauphin, symbole de dérives dans le secteur minier, nourrit la crainte d’une dégradation irréversible de l’environnement. À cela s’ajoute la mainmise de groupes influents sur les filières d’exportation comme la vanille, au détriment de l’économie nationale.
Face à cette accumulation, Vohifiraisana plaide pour une refondation locale inclusive, impliquant toutes les forces vives. « Il faut fonder solidement les piliers de l’intégrité », martèle Hajason Ramiarondrabe, président du collectif. Prévention des conflits, mécanismes clairs et harmonisés, responsables crédibles, valorisation des conseils de jeunes : autant de conditions jugées essentielles pour restaurer une gouvernance responsable.
Interrogé sur les propos du président de la Refondation dimanche soir, le collectif réagit également sur l’éventuelle candidature du colonel Michael Randrianirina à la présidentielle. Pour eux, aucune ambiguïté : c’est à la concertation nationale de définir qui peut ou non se présenter. Cette instance, insistent-ils, « doit fixer toutes les règles du jeu ». Vohifiraisana conclut en rappelant qu’aucune réforme durable n’est possible sans mobilisation collective, unique rempart contre l’effritement progressif de l’État.
Ravo Andriantsalama
Des dossiers sensibles jusqu’à la prochaine élection présidentielle, le colonel Michaël Randrianirina, président de la Refondation de la République de Madagascar, s’est longuement exprimé sur les sujets qui tiennent l’opinion publique en haleine. Il l’a fait hier soir, lors d’une émission spéciale de plus de deux heures sur la chaîne nationale. Il est revenu à la fois sur son avenir politique et sur les poursuites visant certaines personnalités.
« Nous cherchons actuellement les moyens de faire rapatrier [Mamy Ravatomanga] au pays pour qu’il réponde de ses actes. » Ce sont les mots du colonel Randrianirina hier soir. Une déclaration nette sur la volonté du pouvoir de poursuivre l’homme d’affaires, aujourd’hui impliqué dans une procédure judiciaire à Maurice. Selon lui, « les avocats mauriciens venus aider Madagascar sont déjà sur place et recueillent les dossiers concernant l’affaire Mamy Ravatomanga ».
Jusqu’ici, l’opinion publique s’interrogeait encore sur le rôle exact joué par l’État malgache dans ce dossier. Bien que l’arrivée de Fanirisoa Erinaivo au ministère de la Justice ait ravivé certains espoirs, aucune action concrète n’avait été entreprise par les autorités malgaches avant le week-end dernier. Parmi les mesures annoncées figure la révocation de Mamy Ravatomanga de ses postes de consul honoraire de la Serbie et de la Côte d’Ivoire. Une décision qui lui fait perdre, dans le même temps, les prérogatives et immunités liées à son statut diplomatique.
Appel populaire
Le nouveau locataire d’Iavoloha a également été interrogé sur sa possible candidature à la prochaine élection présidentielle, prévue dans deux ans, si l’on en croit ses propres propos. Le président de la Refondation ne ferme pas la porte. Au contraire. Il laisse entendre que l’avenir pourrait bien le pousser vers la course à la magistrature suprême. Selon lui, la décision revient au peuple.
« Notre priorité, pour l’instant, c’est la refondation », insiste-t-il, en évoquant le travail qu’il mène avec les quatre autres colonels du Haut Conseil de la Refondation. Puis il précise, à titre personnel : « c’est au peuple de demander ma candidature, s’il juge que je fais du bon travail. S’il estime que je ne suis pas bon, personne ne m’appellera. Je me retirerai si la population considère que je ne suis pas à la hauteur ».
Pourtant, à peine la Transition lancée, la classe politique a déjà les yeux tournés vers les élections à venir. La présidentielle occupe toutes les discussions. « Des partis sont déjà en pré-campagne », observe le Chef de l’État. « Ils ne tiennent pas compte de la refondation et se projettent directement vers la présidentielle ». Une remarque qui vise indirectement les principales formations politiques actuellement en pleine redynamisation.
En effet, depuis quelques semaines, les deux grands partis, « Tiako I Madagasikara » (TIM) et « Hery Vaovaon’ny Madagasikara » (HVM), affichent une activité intense. Certains partisans du TIM déclarent même déjà être prêts à diriger le pays.
Ravo Andriantsalama
Le Pôle Anti-Corruption a frappé fort. Seize personnes éclaboussées, un mandat d’arrêt, un ancien maire introuvable. Le prêt illicite de 11 milliards d’ariary accordé à la SMGD refait surface et secoue la capitale. L’affaire avance vite, et les premiers coups tombent. Quelques jours après les enquêtes du Bianco, le PAC entre en action.
La machine judiciaire s’est remise en marche. Hier, le bureau indépendant anti-corruption (BIANCO) a déféré au Pôle Anti-Corruption (PAC) d’Antananarivo seize personnes impliquées dans le dossier explosif de la caisse nationale de prévoyance sociale (CNaPS) et de la Société Municipale de Gestion Digitale (SMGD). Une affaire née d’une plainte interne de la Commune Urbaine d’Antananarivo, selon un communiqué publié hier du ministère de la justice, réveillant de lourds soupçons sur la gestion des fonds municipaux.
Au cœur du scandale, un prêt illicite de 11 milliards d’ariary, contracté en 2021 auprès de la CNaPS. Un prêt opaque, non justifié, dont les traces remontent aux sociétés municipales créées sous l’ancienne équipe : la SMGD, la société municipale d’assainissement (SMA) et la société municipale d’économie et de voirie (SMEV). Des structures censées “moderniser” la gestion de la Commune, mais qui doublonnaient les fonctions déjà assumées par le comptable public municipal explique toujours le communiqué.
Les enquêteurs du BIANCO, eux, parlent déjà d’un système. Un système où se croisent détournements, abus de fonction, conflits d’intérêts et blanchiment. Un cocktail explosif qui place plusieurs responsables dans la ligne de mire du parquet.
Avance rapide
Quatorze suspects ont comparu devant le juge d’instruction dans la journée du 13 novembre. Une personne n’a pas daigné se présenter. Et un nom manque toujours à l’appel, Naina Andriantsitohaina, ancien maire de la capitale, ministre et président du conseil d’administration de la SMA. Le magistrat instructeur a déjà lancé un mandat d’arrêt mais l’homme reste introuvable.
Les premières décisions judiciaires sont tombées sans attendre. Une mise en détention provisoire pour l’ancien directeur général de la CNaPS, Mamy Rakotondraibe. Cinq placements sous contrôle judiciaire strict dont l’actuelle maire de la capitale, Harilala Ramanantsoa et la femme de Naina Andriantsitohaina, Claudia Andriantsitohaina. Sept remises en liberté provisoire. Et l’enquête qui reprend son souffle, sans ralentir. En ce qui concerne la maire Ramanantsoa, certains de ses partisans ont été aperçu aux abords du PAC 67ha hier alors qu’elle débarque sur les lieux. Des partisans qui scandent sa liberté et son innocence.
Le parquet rappelle dans le communiqué que chaque mis en cause, Malgache ou étranger, peut se faire assister d’un avocat lors des auditions. Un rappel procédural, mais qui dit l’essentiel : la suite de l’affaire se jouera devant la justice, pas dans les couloirs de la Commune. Ce dossier, lui, continue d’avancer et les pièces du puzzle se mettent en place une à une.
Ravo Andriantsalama
Lors de la célébration tardive de la Journée de l’unité, fête nationale allemande, à Ambatoroka, Christine Razanamahasoa, ministre des Affaires étrangères, a lancé un appel à l’aide pour faire lever les sanctions infligées au pays par plusieurs organisations régionales et internationales. Elle a profité de l’occasion, devant plusieurs membres du corps diplomatique et en particulier devant l’ambassadeur d’Allemagne, principal contributeur extérieur au développement de Madagascar, pour délivrer ce message.
« Nous sollicitons donc le soutien de la communauté diplomatique ici présente pour nous aider à lever ces sanctions, afin de poursuivre pleinement notre processus de refondation et de retour à la normalité. » Ce sont les mots de la cheffe de la diplomatie malgache lors de son discours à la villa Berlin, résidence de l’ambassadeur allemand. Des mots forts pour tenter de reprendre la main sur une situation géopolitique malgache marquée par de multiples confusions et suspendue aux décisions d’organisations comme l’Union africaine ou la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui ont récemment dépêché des émissaires pour dialoguer avec les dirigeants de la refondation.
Emancipation
De son côté, le diplomate allemand Oliver Knoriech affirme que son pays demeure un partenaire fiable pour la Grande Île. Il souligne que l’Allemagne reste prête à collaborer techniquement, via la GIZ, et financièrement, par l’intermédiaire de la banque de développement allemande (KfW). Il ne donne toutefois aucune garantie, dans un contexte marqué par les récents rapprochements des dirigeants malgaches avec la Russie, principal adversaire de l’Occident.
Cependant, la ministre des Affaires étrangères insiste sur la dangerosité des sanctions qui planent sur Madagascar. Selon elle, « ces mesures, qui affectent notre participation à certaines organisations régionales et internationales, constituent un obstacle à la mise en œuvre sereine de nos priorités nationales ». Une déclaration qui contraste avec certaines idées exprimées dans les manifestations de rue depuis le 25 septembre. En effet, une partie des jeunes manifestants affirme qu’il faut assumer le coup d’État et les sanctions qui l’accompagnent. Pour eux, laisser les sanctions tomber permettrait au pays de s’émanciper réellement de l’influence occidentale, notamment de celle de la France.
Ravo Andriantsalama