Alors que les cours d'éducation civique ne font plus officiellement partie du programme scolaire à Madagascar, des associations s'efforcent de mettre en place des enseignements similaires.
L'association Génération Mada, anciennement appelée "Zazakely Sambatra", accompagne des écoliers via son programme "Design for Change" (DFC). Son objectif est de permettre aux enfants d'acquérir de nouvelles compétences transversales en savoir-faire et savoir-être.  Ce programme semble déjà porter ses fruits. Sarah Ravaoarimino, professeure d'anglais dans un collège d'enseignement général à Arivonimamo et facilitatrice du programme DFC dans la même école, témoigne d'une amélioration notable dans ses relations avec ses élèves et ses collègues. Elle a également constaté un changement significatif chez ses élèves bénéficiaires du programme.
« Les enfants ont développé bon nombre de compétences après avoir bénéficié de ce programme DFC, » affirme Sarah Ravaoarimino. « Si un enfant a du mal à assimiler ses cours par exemple, les autres élèves n’hésitent plus à l’aider. Ils sont devenus solidaires. Ils partagent facilement ce qu’ils ont aussi. Quand on organise une fête à l’école, les membres du club DFC s’entraident facilement », poursuit-elle.
Le programme "Design for Change" repose sur un groupe d'élèves, un enseignant agissant comme facilitateur, et l'association Génération Mada. Les enseignants sont d'abord formés par Génération Mada aux démarches d'enseignement des règles de la vie en communauté, des valeurs, ainsi que des us et coutumes de leur société. Ces facilitateurs transmettent ensuite ces valeurs et ces comportements aux élèves.
Nathalie Rakotondramoma, chargée des programmes éducatifs DFC, apporte des précisions : « Le "Design for Change" est un programme qui encourage le changement d’attitude. Le programme incite les enfants et les jeunes à adopter une attitude débrouillarde. On les stimule pour trouver des solutions aux problèmes sociétaux qu’ils affrontent. »
Depuis sa mise en œuvre à Madagascar en 2019, le programme "Design for Change" a accompagné près de 40 000 enfants, issus d'écoles privées et publiques, dans 12 régions de l'île.
Ravo Andriantsalama
La lutte contre le blanchiment d'argent, menée par le Service de Renseignements Financiers (SAMIFIN), s'élargit pour inclure divers secteurs, notamment les nouvelles technologies. Le lancement de cette nouvelle phase a débuté à Anosy, marquant une évolution significative dans la stratégie nationale.
Quatre points principaux feront l'objet d'une attention particulière dans la continuité des efforts contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Il s'agit notamment des activités des actifs virtuels et prestataires de services sur actifs virtuels. L'abus des Organismes à But Non Lucratif (OBNL) à des fins de financement du terrorisme. L'utilisation abusive des personnes morales à des fins de blanchiment ou de financement du terrorisme. Les cas d'évasion des sanctions financières ciblées liées au financement de la prolifération.
Ainsi, l'évaluation des menaces potentielles liées à ces quatre points de vigilance a officiellement commencé ce mercredi à Anosy, marquant un tournant dans la stratégie nationale de lutte contre la criminalité financière à Madagascar. L'objectif de ces travaux est de formuler des actions recommandées pour réduire les risques identifiés, ainsi que d'améliorer les mécanismes de détection et de répression. Les résultats issus de ces analyses définiront les mesures concrètes à entreprendre, les réformes juridiques et institutionnelles à mettre en place, et le suivi de leur progression.
Analyses
Cependant, une nouveauté retient particulièrement l'attention : la surveillance des cryptomonnaies et de la création d'entreprises en ligne. Selon le directeur général du SAMIFIN, Mamitiana Rajaonarison, ces outils numériques constituent désormais des moyens modernes de blanchiment d'argent. Il a souligné l'ampleur du phénomène. « Les Malgaches utilisent déjà ces moyens. D’après les statistiques que j’ai obtenues récemment auprès de l’ONUDC, environ 100 millions de dollars de cryptomonnaies circulent chaque mois à Madagascar. Or, il n’existe encore aucune loi spécifique à ce sujet. C’est pour cela que nous menons une analyse de risques : jusqu’à quel point cela peut aller, quels sont les risques, car cela peut servir au financement du terrorisme, au blanchiment »
Bien que le SAMIFIN assure le lead technique de ces analyses, les secteurs concernés sont étroitement associés au processus, dans une logique de collaboration et de coresponsabilité, garantissant une approche holistique et efficace dans la lutte contre ces fléaux financiers.
Ravo Andriantsalama
La onzième édition du Salon International du Tourisme de Madagascar (ITM) a débuté ce matin au Centre de Conférence International d'Ivato (CCI). Alors que le pays vise des objectifs ambitieux en matière de fréquentation touristique d'ici 2028, le tourisme national est également mis en valeur lors de cet événement.
Quelque cinq cents stands et des participants venus de l'étranger sont réunis pour quatre jours de salon. L'objectif est de mettre en avant les caractéristiques touristiques uniques de la Grande Île, avec un accent particulier sur la promotion du tourisme national. Artisans, agences de voyages et offices régionaux du tourisme sont présents à cette onzième édition de l'International Tourism Fair Madagascar (ITM) pour encourager le public à consommer le "vita malagasy".
Les visiteurs ont commencé à affluer dès la fin des discours officiels et de la visite des stands par les autorités. Lors de son allocution, le président Andry Rajoelina a insisté sur le fait que l'ITM est un "événement majeur pour Madagascar car il fait office de vitrine pour le pays". La ministre chargée du Tourisme, Viviane Dewa, a quant à elle souligné que ce salon servira de catalyseur pour de nouveaux partenariats et coopérations avec les îles voisines, ainsi qu'avec d'autres pays présents tels que le Maroc ou les Émirats arabes unis.
Une aubaine pour les PME du secteur
Le salon ITM représente également une aubaine pour les petites et moyennes entreprises (PME) œuvrant dans les secteurs du tourisme et de l'artisanat. Qu'il s'agisse de diversifier leur clientèle ou d'accroître leur visibilité, le salon offre un large éventail d'opportunités pour les professionnels. Par exemple, la société "Le Village", spécialisée dans la construction de maquettes de bateaux et habituée du salon, est présente cette année au CCI principalement pour élargir sa clientèle. Selon un de ses responsables, les éditions précédentes de l'ITM ont été fructueuses, leur apportant plusieurs nouveaux clients, d'où leur décision de revenir cette année.
Pour la compagnie "Rakotomalala et Fils", spécialisée dans le "lamba landy" (soie sauvage), l'objectif est de redynamiser son commerce. En effet, selon la responsable sur place, bien que l'entreprise soit présente à l'ITM depuis des années, la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques ont rendu les matières premières rares. Elle cherche donc de nouvelles sources d'approvisionnement pour fabriquer les mythiques "lamba landy", qui ont fait la fierté du pays depuis des années.
Ravo Andriantsalama
Suite à la récente diffusion sur les réseaux sociaux d'images montrant un avion pris pour cible par plusieurs lasers verts, Tantely Randriambelo, pilote d’avion, expose les risques majeurs que ces jouets représentent pour la sécurité aérienne.
Studio Sifaka : Après le cri d’alarme d’un pilote par rapport aux lasers qui fusent jusqu’au cockpit de son avion, pouvez-vous nous donner un petit aperçu de l’effet de ces jets de lasers sur votre conduite ?
Tantely Randriambelo : Les lasers peuvent désormais atteindre de très longues distances, et cela a un effet direct sur les pilotes d’avion. Premièrement, il y a l’éblouissement temporaire, or les yeux sont primordiaux pour un pilote. Il y a également ce qu'on appelle des lumières aveuglantes qui entraînent des douleurs oculaires.
Sur les risques généraux, on peut perdre nos repères pendant l’approche. Pour ceux qui effectuent des vols à vue, ils peuvent faire une mauvaise gestion de l’axe et de la pente pendant l’atterrissage surtout. Il y a aussi les remises des gaz non anticipées, ce qui peut impacter le réflexe du pilote.
S.S. : Jusqu’à quelle altitude les lasers peuvent-ils vous atteindre ?
T.R. : Si vous avez remarqué le cas qui est parvenu sur Facebook, l’avion était à haute altitude. Si je me souviens bien, l’avion était à 3 000 mètres d’altitude par rapport au niveau du sol, mais il a quand même été atteint par les lasers.
SS : Les lasers sont donc plus dangereux pour les pilotes que pour ceux qui sont sur terre ?
TR : Effectivement. L’effet peut être minimisé pour ceux qui sont au sol, mais pour les pilotes, c’est extrêmement dangereux car les phases les plus critiques restent le décollage et l’atterrissage. Or, ce sont souvent à ces deux moments que les enfants décident de pointer leurs lasers.
SS : Avez-vous déjà vécu une telle expérience ?
TR : Personnellement non. Mais cela arrive souvent vers le mois de juin, à l’approche de la fête de l’Indépendance.
S.S. : Un conseil pour les enfants qui jouent aux lasers, étant donné que ce type de jouets inonde déjà le marché depuis quelques années ?
T.R. : Il est difficile d’empêcher les enfants de les utiliser. Il est tout aussi difficile d’empêcher leur vente car, comme vous l’avez dit, ils inondent déjà le marché. Mais la solution selon moi est de ne pas tirer vers le ciel. Il faut tirer vers le sol pour minimiser les risques pour les pilotes.
Propos recueillis par Ravo Andriantsalama
La résolution des problèmes de la JIRAMA semble encore loin d’aboutir. En difficulté depuis plusieurs années, la compagnie nationale d’approvisionnement en eau et électricité est actuellement en cours de restructuration. Certains craignent que cela mène à une privatisation. Une hypothèse que la ministre de l’Économie et des Finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, a formellement démenti ce matin.
Une recommandation de la Banque mondiale. Interrogée à l’Assemblée nationale sur un éventuel changement de statut de la JIRAMA, la ministre a précisé qu’il s’agissait d’une recommandation de la Banque mondiale. Bien qu’une restructuration soit en cours, elle a assuré qu’il n’était pas question de privatiser entièrement la compagnie.
Cependant, selon les nouvelles dispositions acceptées par l’État malgache, la JIRAMA deviendra une société anonyme à participation de l’État. À sa sortie de la salle, après une réunion à huis clos avec les députés, réunion convoquée à l’initiative de ces derniers, la ministre a précisé « jusqu’à présent, il n’a jamais été question de privatiser la JIRAMA. Mais le changement de statut de cette société fait partie des recommandations de nos bailleurs. Nous savons tous que la Banque mondiale investit beaucoup pour soutenir la JIRAMA, et c’est pour cette raison qu’elle demande cette transformation. »
Une solution
Selon la ministre, c’est dans cette optique que l’État aurait accepté la recommandation. Elle souligne néanmoins que la restructuration ne peut s’opérer en un laps de temps réduit « La restructuration de cette société demande du temps. On ne peut pas, dès maintenant, trancher sur des questions comme la privatisation. »
Elle précise également que le passage au statut de société anonyme ne signifie en rien que la JIRAMA devient une propriété privée. « L’objectif est de permettre à la société de gérer plus librement ses finances afin de faciliter le processus de restructuration. Le but ultime est de redonner à la JIRAMA sa valeur d’antan », explique-t-elle.
En attendant, les coupures d’eau et d’électricité continuent dans plusieurs quartiers de la capitale, ainsi que dans la périphérie et d’autres grandes villes du pays. Pour répondre aux besoins urgents, deux groupes électrogènes de 150 mégawatts chacun sont prêts à être déployés depuis Toamasina afin de renforcer l’approvisionnement de la capitale.
Aperçus dans l’est du pays ces derniers jours, leur transport jusqu’à Antananarivo rencontre des difficultés logistiques. D’après certaines sources, leur acheminement nécessite une réhabilitation préalable de la route nationale numéro deux. La ministre a toutefois précisé que « le transport de ces groupes électrogènes, bien que coûteux, est déjà intégré dans le budget de l’État. »
Ravo Andriantsalama
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Depuis le vendredi 29 mai, les prix du gaz en bouteille ont de nouveau grimpé à Madagascar. Une augmentation moyenne de 3,5 % a été appliquée par Vitogaz, le principal distributeur, et cette hausse ne passe évidemment pas inaperçue dans les foyers.
Cuisiner au gaz coûte désormais plus cher pour les ménages. La bouteille de 4 kg est passée de 28 000 à 31 000 ariary. Celle de 9 kg, un format courant, est passée de 66 000 à 69 000 ariary. La bouteille de 12,5 kg coûte maintenant 98 000 ariary contre 96 000 auparavant. Quant à la plus grande, la 39 kg, elle atteint les 410 000 ariary, soit une augmentation de 10 000 ariary.
Derrière cette augmentation se trouve une mesure inscrite dans la Loi de Finances 2025. Le taux de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur le gaz butane est passé de 5 à 10 %. Une décision assumée par l’État, qui explique vouloir mobiliser davantage de recettes fiscales internes, tout en réduisant les mécanismes complexes de remboursement de TVA aux entreprises importatrices. Le gaz, bien qu’essentiel pour de nombreux foyers, ne bénéficiera donc plus d'un traitement fiscal privilégié, comme c'était le cas depuis 2021, où l'objectif était d'encourager son usage et de préserver les forêts.
De son côté, Vitogaz affirme avoir limité les répercussions sur les consommateurs. Selon le distributeur, la hausse a été appliquée en trois étapes depuis janvier et seulement partiellement, afin de contenir ses effets sur le pouvoir d'achat.
Cependant, d’autres facteurs pèsent également dans la balance. Le distributeur évoque une conjoncture défavorable : l’euro, utilisé pour l’achat du gaz, valait 4 600 ariary auparavant, et dépasse aujourd’hui les 5 000 ariary. À cela s’ajoutent la hausse du coût du transport maritime et des remboursements de TVA encore en attente de la part de l'État.
Pendant que les prix du gaz augmentent, les alternatives énergétiques restent, elles aussi, inaccessibles pour une grande partie de la population. L’accessibilité du gaz domestique, autrefois perçue comme une solution durable et écologique, est désormais remise en question, forçant de nombreux ménages à revoir leurs habitudes de consommation.
Par ailleurs, après l’ajustement automatique des prix du carburant de ce mois, le gaz n’est pas le seul à connaître une augmentation. Le super sans plomb et le pétrole lampant connaissent également une hausse. Depuis le premier juin, le super a augmenté de 10 ariary, tandis que le pétrole voit une nouvelle fois son prix s'accroître de 200 ariary. Du côté des consommateurs, il est probable que la hausse simultanée du gaz et du pétrole lampant aura des répercussions significatives sur leur quotidien, surtout pour ceux qui vivent en milieu rural où l’utilisation du pétrole reste une nécessité absolue.
Ravo Andriantsalama
"Champions mon frère." C'est par ces mots que le président français Emmanuel Macron a félicité le Paris Saint-Germain pour son sacre européen, remporté samedi dernier. Le club de la capitale française est enfin sacré champion d'Europe après plus d'une décennie de quête.
Le leitmotiv du Paris Saint-Germain, "Rêvons plus grand", prend enfin tout son sens. Samedi, lors d'un match épique à l'Allianz Arena, antre du géant bavarois le Bayern de Munich, le PSG s'est imposé avec la manière en finale de la très attendue Ligue des Champions face à l'Inter Milan. Le score de 5 à 0 en faveur des Parisiens reflète parfaitement la physionomie du match. L'équipe de Luis Enrique a dominé la rencontre de bout en bout. Un pressing très haut dès les premières minutes et des récupérations de balle dans la moitié de terrain des Intéristes ont permis à Ousmane Dembélé et ses coéquipiers de mener deux buts à zéro avant la demi-heure de jeu. La supériorité parisienne s'est maintenue tout au long de la première période.
Les Nerazzurri n'ont pas réussi à répondre aux offensives parisiennes, qui sont devenues de plus en plus insistantes au fur et à mesure que le match avançait. Dix minutes après le début de la deuxième mi-temps, le PSG a inscrit son troisième but, puis son quatrième et son cinquième, clôturant un spectacle qui a ravi le monde du football et bien au-delà .
Doué, un talent flamboyant
Malgré son jeune âge (19 ans), l'attaquant du Paris Saint-Germain, Désiré Doué, a marqué de son empreinte la finale de samedi avec un doublé et une passe décisive. Il n'aura fallu qu'une saison à cette pépite parisienne pour éclore aux yeux du monde entier. Il a été étincelant sur le plan personnel avec ses deux buts, mais aussi sur le plan collectif avec sa passe décisive pour le premier but d'Achraf Hakimi. La presse européenne s'émerveille de la prestation XXL du jeune prodige. Certains le comparent déjà à des légendes comme Neymar ou Messi.
Bien qu'assez discret lors de la finale, le numéro 10 parisien, Ousmane Dembélé, a également réalisé un match solide avec deux passes décisives. Il est désormais le favori numéro un pour remporter le Ballon d'Or cette année. Malgré une forte tendance des médias et des professionnels du football pour le prodige barcelonais Lamine Yamal, "Dembouz" est maintenant en pole position pour décrocher le plus grand titre individuel grâce à sa victoire en Ligue des Champions. En plus de la "coupe aux grandes oreilles", le Français a également réalisé un doublé national avec le trophée de la Ligue 1 et une victoire en Coupe de France. Il signe une saison complète en raflant tous les trophées possibles. L'investissement colossal de QSI (Qatar Sports Investments) porte donc enfin ses fruits après plus de dix ans de disette européenne.
Ravo Andriantsalama
Le nouvel ordre du jour des députés à l'Assemblée nationale est désormais fixé depuis la séance plénière de vendredi dernier. Il a été convenu que le "face-à -face" tant attendu entre les parlementaires de la chambre basse et les membres du gouvernement se tiendra les 12 et 13 juin prochains. Les ministres seront attendus au tournant sur les sujets brûlants de l'actualité.
Deux jours. Ce dialogue de deux jours, sous forme de questions-réponses, opposera les députés aux ministres dirigés par le Premier ministre Christian Ntsay, à la chambre basse de Tsimbazaza. C'est ce qui a été décidé lors du vote et de l'adoption du nouvel ordre du jour vendredi dernier. Les ministres devront enfin répondre aux interrogations des parlementaires sur les dossiers sensibles du moment. Lors de la séance de vendredi, le président de la Chambre, Justin Tokely, a précisé que la durée de deux jours de cette séance a été une demande du Premier ministre lui-même. À en croire l'élu du district de Sambava, le gouvernement ne compte pas esquiver les questions délicates durant ces deux journées.
Les coupures incessantes d'électricité et d'eau, l'insécurité urbaine et rurale, les lois de finances et surtout le projet Base Toliara, seront sans aucun doute au cœur des débats.
Questions
Le projet Base Toliara, devenu ces derniers mois le cheval de bataille de l'opposition à l'Assemblée nationale, menée par le septième vice-président de la Chambre, Siteny Randrianasoloniaiko, sera un point d'attention majeur. Si ce dernier est présent lors de ces deux jours, il est probable que l'élu de Toliara I interroge le ministre de l'Environnement et du Développement durable sur les retombées environnementales du projet. Récemment, le ministre Max Fontaine s'est rendu dans le Sud auprès des Mikea pour témoigner de l'engagement de l'Exécutif à mener à bien le projet. Il est fort possible que cette démarche ne dissipe pas les doutes des opposants au projet, mais le ministre aura certainement plusieurs minutes au perchoir de l'Assemblée pour expliquer clairement la position du gouvernement sur le sujet.
Du côté de l'insécurité, il est également probable que les députés reviennent sur cette problématique. Les trois ministres des forces de défense et de sécurité – celui des Forces Armées, de la Sécurité Publique et le ministre délégué à la Gendarmerie Nationale – seront mis à l'épreuve. Si les Malgaches étaient habitués à l'insécurité rurale avec les voleurs de bœufs (Dahalo), l'insécurité urbaine prend progressivement de l'ampleur ces derniers temps.
Ravo Andriantsalama
La justice malgache franchit un cap. Ce matin, à la Cour Suprême d'Anosy, le ministère de la Justice a lancé le premier site web de recueil de jurisprudence du pays. Magistrats, greffiers, avocats, et tous les professionnels du droit disposeront ainsi d'un nouvel outil pour consulter cette source de droit essentielle, utilisée depuis longtemps dans les décisions de justice.
Première historique pour le droit malgache. Pour la première fois dans l'histoire du droit malgache, le ministère de la Justice, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), a officiellement lancé ce matin, à la Cour Suprême d'Anosy, le premier site web du recueil de jurisprudence malgache. Bien que des recueils physiques soient déjà disponibles, cette nouvelle plateforme numérique, qui recense plus de mille arrêts de principe transformés en jurisprudence, sera d'une grande aide non seulement pour les professionnels du droit, mais aussi pour les justiciables souhaitant s'informer.
La Secrétaire Générale du ministère de la Justice, Hanitriniaina Belalahy, a qualifié cette journée de spéciale pour la justice malgache, marquant une première pour un recueil de cette envergure. Magistrats, greffiers et avocats seront les premiers bénéficiaires de cette ressource. Actuellement, l'un des problèmes majeurs rencontrés par les magistrats dans le processus de prise de décision est l'absence de jurisprudence constante, fiable et efficiente qui pourrait les guider ou servir d'inspiration. De plus, aucune décision rendue par la Cour de cassation n'avait été publiée depuis 2009, ce qui a constitué un frein majeur pendant plus de quinze ans.
Ce nouveau site web sera accessible à tous, y compris aux justiciables, selon les explications des techniciens qui l'ont conçu. Cependant, certaines sections de la plateforme ne seront consultables que par les professionnels (magistrats et greffiers), compte tenu de la sensibilité des dossiers qu'elles contiennent. L'une de ces sections comprend tous les arrêts rendus par la Cour de cassation entre 2009 et 2022. L'objectif de ce projet est de permettre aux magistrats de s'inspirer de la jurisprudence dans l'exercice de leurs fonctions, facilitant ainsi l'accès aux principes énoncés par la Cour de cassation sur cette période.
Perspectives
Néanmoins, le lancement officiel de ce matin a également permis de mettre en lumière les lacunes à corriger dans ce nouveau site de recueil de jurisprudence. Premièrement, les concepteurs ont avoué que sur les mille jurisprudences figurant sur le site, seuls les arrêts rendus entre 2009 et 2018 sont disponibles. La finalisation de la suite n'a pas pu être réalisée en raison de la décision du gouvernement américain de suspendre ses aides. Deuxièmement, ce recueil ne contient que des jurisprudences issues des juridictions civiles, commerciales et sociales. Jusqu'à présent, aucun arrêt des juridictions pénales, administratives et financières n'y figure.
La raison avancée par les responsables est le temps considérable qu'a nécessité la synthèse des décisions de la Cour de cassation pour en faire des jurisprudences, en particulier pour les arrêts civils. D'après ces responsables, plus de dix-huit mille arrêts ont été consultés durant ces années, plus de sept mille ont été sélectionnés, et plus de mille ont été transcrits dans le recueil. La Secrétaire Générale a indiqué que des efforts seront faits pour inclure les autres types d'arrêts. « Pour y parvenir, j'appelle à la solidarité et à la collaboration de tous », a souligné Hanitriniaina Belalahy.
Ravo Andriantsalama
Une nouvelle tarification en vue. Depuis l'entrée en vigueur de la loi 2017-020, qui a ouvert le marché à la concurrence, des producteurs privés opèrent aux côtés de la compagnie nationale (JIRAMA) dans la production et la distribution d'électricité, notamment dans les zones rurales où plusieurs opérateurs contribuent à l'électrification.
L'absence d'un cadre réglementaire clair sur la fixation des tarifs de l'électricité a engendré des disparités notables. Chaque opérateur applique actuellement ses propres tarifs, ce qui peut avoir des répercussions importantes sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Pour tenter d’y remédier, un atelier s'est tenu hier et avant-hier au Louvre Antaninarenina, réunissant le ministère en charge de l'Énergie, des partenaires techniques et financiers, dont la Banque mondiale. L'objectif était de recueillir les avis des diverses parties prenantes afin d'ajuster un projet de texte. Ce processus de dialogue vise à harmoniser les visions et à affiner le document avant sa soumission au conseil des ministres, prévue vers le mois de septembre.
L'État a décidé d'élaborer une législation spécifique sur les modalités de fixation des tarifs de l'électricité. Un consultant international, reconnu pour son expertise dans ce domaine, a été recruté pour appuyer ce processus. Il travaille depuis plus d'un an à la préparation d'un projet de réforme tarifaire visant à instaurer un tarif réglementé, qui prendra en compte la consommation réelle des clients.
Une réforme pour tous les opérateurs
La réforme envisagée concerne l'ensemble du secteur, incluant aussi bien les opérateurs privés que la JIRAMA. Elle vise à mettre en place un système tarifaire basé sur la réalité des coûts de production, tout en restant accessible aux ménages. Contrairement à certaines interprétations, il ne s'agit pas simplement d'augmenter ou de baisser les prix, mais de les ajuster de manière équitable, en fonction des installations et des charges spécifiques à chaque fournisseur. En d'autres termes, seul le coût réel de production sera répercuté sur le client final, ce qui permettrait de garantir une plus grande transparence dans la facturation de l'électricité.
Dans ce contexte, le gouvernement a également mandaté un consultant pour élaborer un plan de redressement de la JIRAMA, dont la trésorerie est actuellement sous pression. Ce plan vise à améliorer la gestion financière de la société nationale, mais aussi à renforcer la qualité du service rendu aux usagers.
Enfin, la fixation du prix du kilowattheure ne se fera pas de manière arbitraire. Elle prendra en compte les investissements et les charges supportées par chaque opérateur. Cette approche technique vise à instaurer un système tarifaire plus juste, durable et cohérent avec les réalités économiques du pays.
Ravo Andriantsalama
La rumeur d'une possible motion de censure des députés contre le gouvernement du Premier ministre Christian Ntsay, largement discutée en coulisses depuis plusieurs jours, prend une nouvelle tournure. Le week-end dernier, le président de l'Assemblée nationale, Justin Tokely, a catégoriquement réfuté l'existence d'une telle procédure.
« Le peuple malgache, y compris les parlementaires, est derrière vous, Monsieur le Président », a déclaré Justin Tokely samedi dernier à Nosy Be. Par ces mots, le président de l'Assemblée nationale a non seulement cherché à démentir les rumeurs de motion de censure circulant à Tsimbazaza depuis quelques jours, mais aussi à affirmer la « dévotion » des parlementaires de la chambre basse envers le président de la République. Selon ses dires, malgré la rumeur, il n'y aura pas de motion de censure du gouvernement, du moins pas de la part des députés issus de la majorité présidentielle (IRMAR).
« Des rumeurs circulent concernant une motion de censure à l'Assemblée nationale. En démocratie, une motion de censure est une démonstration de rapport de force. Cependant, puisque votre parti, Monsieur le Président, détient la majorité à l'Assemblée, il n'y a pas de place pour une telle initiative. Si un ou deux députés envisagent cette perspective, cela relève d'un problème personnel et ne remet pas en question la vie politique du parti », a affirmé l'ancien ministre de l'Intérieur, sous les acclamations d'une foule attentive à Nosy Be.
Mystère
Les propos du président de la Chambre basse interviennent pourtant après ceux du député Gascar Fenosoa, élu dans le district de Tana III, qui avait affirmé avoir été approché par des députés proches du pouvoir. Le 16 mai dernier, alors que la rumeur de la possible motion de censure battait son plein, l'ancien journaliste avait fait une annonce fracassante : « Je fais partie des députés que certains ont approchés. Pour le moment, il n’y a pas encore de collecte de signatures, mais il y a du lobbying entre les pros-régime et les députés indépendants. Ce sont les députés proches du régime qui s’en chargent. »
Le mystère reste donc entier concernant cette éventuelle motion de censure émanant de l'Assemblée. D'autant plus que les députés disposent encore d'environ un mois pour la première session ordinaire. Outre les discussions sur une motion de censure, les parlementaires de la chambre basse ont des échéances importantes à l'ordre du jour de cette session. En première ligne figure le très attendu « face-à -face » avec le gouvernement, prévu les 12 et 13 juin prochains. Parallèlement, l'opposition attend toujours de savoir si son ordre du jour concernant l'interpellation de certains ministres sera finalement validé.
Ravo Andriantsalama
Quelques jours après l'annonce par le président du Sénat d'une proposition de loi visant à modifier et à compléter la loi organique relative au régime général des élections et des référendums, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a fait connaître sa position. Hier, le vice-président de l'institution d'Alarobia, Ando Andriamalazaray, a expliqué le point de vue de la CENI.
La CENI réagit. L'organe chargé de la préparation et de l'organisation des élections émet une réaction à la proposition de modification du code électoral par le président du Sénat, Richard Ravalomanana. Hier, dans une vidéo publiée par la CENI, son vice-président, Ando Andriamalazaray, a expliqué qu'il était légitime que les parlementaires proposent des lois, y compris celle qui régit les élections.
Toutefois, la demande de concertation de toutes les parties prenantes avant de modifier la loi organique est un point de désaccord soulevé par les organisations de la société civile œuvrant dans le domaine électoral. L'observatoire SAFIDY et le KMF/CNOE se disent satisfaits que les législateurs daignent enfin entamer les réformes du texte électoral. Néanmoins, ces deux organisations appellent l'instigateur de cette nouvelle proposition de loi à organiser des concertations régionales et nationales afin de recueillir les avis de tous les acteurs concernés.
Vers des élections paisibles et inclusives
En réponse, le vice-président de la CENI a expliqué que la commission allait prochainement organiser un atelier d'auto-évaluation à mi-parcours, réunissant les principaux acteurs internes. « Cet exercice nous permet d’identifier des pistes concrètes pour mobiliser l’ensemble des parties prenantes au processus électoral », a-t-il précisé. Selon lui, cette initiative s’inscrit dans une volonté claire : garantir des élections paisibles et inclusives. « Pour atteindre cet objectif, il est essentiel de recueillir en permanence les avis et les contributions de tous les acteurs concernés », a-t-il souligné.
À l'issue de cette auto-évaluation, la CENI prévoit de soumettre, par l’intermédiaire de son président, une proposition au gouvernement et au parlement. L’objectif est d'améliorer le cadre juridique régissant les élections. « Cette démarche est prévue par l’article 61 de la loi 2015-020 qui encadre le fonctionnement de la CENI », a précisé Ando Andriamalazaray.
Bien qu'il reconnaisse des avancées dans le texte électoral actuel, le vice-président de la CENI estime que plusieurs points doivent encore être améliorés. « L’article 61 ne ferme pas la porte aux réformes. Il autorise même la présentation de projets ou de propositions de loi. Ce qui importe, c’est de réfléchir à ce qui peut faire progresser notre système électoral, dans l’intérêt du pays », a-t-il conclu.
Ravo Andriantsalama
Banky Foiben’i Madagasikara lance le "eAriary", une monnaie numérique une initiative tellement nouvelle qu’elle suscite des questions pratiques. Le Gouverneur de BFM a accordé une interview pour clarifier la nature de cette innovation, ses particularités, son origine, son impact économique et la motivation qui sous-tend ce projet.
Studio Sifaka (SS) : Qu’est-ce que le eAriary et qu'est-ce qui le rend unique ?
Aivo Andrianarivelo (AA) : Le eAriary est une monnaie numérique, dématérialisée, que les citoyens pourront utiliser pour leurs besoins quotidiens à Madagascar. Contrairement aux services de mobile money (comme MVola, Orange Money ou Airtel Money), qui sont des moyens de paiement nécessitant un rechargement préalable d'un compte, le eAriary est une véritable monnaie numérique émise par la Banque Centrale de Madagascar. Il aura la même valeur que l'argent liquide et sera directement utilisable au quotidien.
Sa principale particularité réside dans sa simplicité d'utilisation et son accessibilité. La Banque Centrale n'a pas pour objectif de maximiser les commissions, mais d'encourager son adoption par la population. Une technologie simple et universelle sera privilégiée. Par exemple, pour l'État, le eAriary permettra de transférer directement des aides financières aux bénéficiaires.
Les frais de service pour les utilisateurs seront très faibles. Un simple téléphone suffira pour effectuer des transferts d'argent. Payer une facture Jirama ne nécessitera plus de faire la queue ; le paiement se fera à distance à un coût très réduit. Les personnes âgées ou vulnérables n'auront plus à se déplacer, l'argent arrivant automatiquement dans leur portefeuille numérique. Pour le paiement des impôts, les contribuables n'auront plus besoin de transporter de l'argent liquide, l'administration recevant directement le montant dû. Ce système permettra également à la Banque Centrale de lutter plus efficacement contre la corruption.
SS : D'où vient le eAriary et comment l'obtenir ?
AA : Le eAriary proviendra des salaires, des pensions et de toutes les autres formes de revenus quotidiens. Les utilisateurs n'auront pas besoin de remplir de conditions spécifiques pour l'obtenir. Il leur suffira de posséder un téléphone ou une carte de paiement, sans les frais généralement associés aux systèmes comme Visa ou Mastercard.
SSÂ : Le eAriary est-il un concurrent des services de mobile money ?
AA : Non, le eAriary n'entre pas en concurrence avec les services de mobile money ; il les complète. Le eAriary n'est pas qu'un simple moyen de paiement, c'est une véritable monnaie que les utilisateurs pourront dépenser librement. La banque centrale ne "vend" pas de eAriary. Elle prévoit d'utiliser les services de mobile money comme canaux de distribution et d'utilisation. L'objectif est de réduire les frais pour les utilisateurs, et non d'en ajouter.
SS : Quel impact sur l'économie ?
AA : Le eAriary ne créera pas de nouvelle monnaie ; ce n’est qu’un changement de forme de la monnaie existante. Son impact sur l'économie ne devrait donc pas être majeur. La banque centrale vise avant tout à offrir un outil pratique et utile aux consommateurs.
SS : Quelle est la motivation principale derrière le projet eAriary ?
AA : La mission fondamentale de la banque centrale est de suivre les flux monétaires dans tout le pays. Actuellement, cette visibilité est limitée, même lorsque les citoyens utilisent des services de mobile money en ayant un compte bancaire. Cette situation nuit à la transparence économique. Le eAriary a donc pour objectif principal d'améliorer cette traçabilité, tout en facilitant les transactions financières pour la population.
Propos recueillis par Ravo Andriantsalama