COVID-19 : Tous ensemble face au virus

Débat des jeunes

Andrea Razafi

Andrea Razafi

Après avoir purgé la totalité de ses peines sans bénéficier ni de remise, ni de grâce présidentielle, l’ancien ministre de la Communication, Harry Laurent Rahajason, alias Rolly Mercia, a retrouvé la liberté ce mercredi. Sa libération met un terme à un long feuilleton politico-judiciaire qui aura marqué la scène médiatique malgache.

Un retour discret à la vie civile

Rolly Mercia est sorti de la prison d’Antanimora hier, après plus de six ans et cinq mois de détention. L’ancien ministre de la Communication avait été condamné une première fois à 44 mois de prison ferme pour « atteinte à la sûreté de l’État, rébellion et attroupement sans autorisation sur la voie publique ». Il aurait dû recouvrer la liberté dès janvier 2023, mais une seconde condamnation de 30 mois pour « faux témoignage » dans une affaire impliquant l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga, devant le Parquet national financier à Paris, est venue prolonger son incarcération. Au total, Harry Laurent Rahajason aura purgé l’intégralité des 77 mois prononcés à son encontre, sans bénéficier d’aucun allègement de peine.

L’annonce de sa libération imminente avait filtré en début de semaine. Sa famille et ses proches, qui ont patienté dans la discrétion, ont exprimé leur soulagement et leur joie au moment de sa sortie. Aucun rassemblement massif n’a eu lieu aux abords de la prison. L’ancien ministre a quitté les lieux dans la sobriété, dans le strict respect des formalités judiciaires et des conditions encadrant sa mise en liberté.

Avenir

Rolly Mercia ne s’est pas encore exprimé publiquement. Son entourage reste évasif sur ses intentions. De nombreux observateurs espèrent toutefois qu’il reprendra la parole, que ce soit sur la scène médiatique ou politique, ou qu’il partagera au moins son expérience de prisonnier politique. Pour ses soutiens, sa libération tourne une page douloureuse de l’histoire de la liberté d’expression à Madagascar, mais en ouvre peut-être une nouvelle.

Harry Laurent Rahajason est ainsi la deuxième personnalité politique libérée par les autorités pénitentiaires cette année. Pour rappel, il y a quelques mois, le fils de Manandafy Rakotonirina, Mahery Lanto Manandafy, a également recouvré la liberté après plusieurs années de détention. À côté de ces libérations, d’autres figures de la presse malgache restent cependant derrière les barreaux. En tête de liste, le président-directeur général du quotidien La Gazette de la Grande Île, Lôla Rasoamaharo. Le patron de La Ligne de Mire et de l’AZ TV, Mbola Rajaonah, purge quant à lui toujours sa peine à la prison d’Imerintsiatosika. La question de la liberté de la presse et de l’expression à Madagascar demeure ainsi une problématique majeure pour les professionnels des médias.

Ravo Andriantsalama

Le mois d'août est marqué par un événement historique pour Madagascar : la restitution très attendue des restes du roi Toera et de deux chefs de guerre sakalava, jusqu’ici conservés au Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Des années de négociations ardues ont été nécessaires pour que la France accepte enfin de signer le décret ouvrant la voie à ce retour. Mais au-delà du geste symbolique, pourquoi ce rapatriement revêt-il une telle importance pour la Grande Île ?

Le retour de ces biens culturels s’inscrit dans une question de mémoire, de dignité et d'identité. Ces cranes dérobés durant la période coloniale pour être envoyé en France. Selon le ministère chargé de la culture, leur rapatriement est une manière de recoller les morceaux de notre passé, permettant ainsi à la jeunesse malgache de se reconnecter avec ses racines.

Des moyens d'accueil encore limités

La question des moyens se pose légitimement. Madagascar dispose-t-elle des infrastructures et des ressources nécessaires pour accueillir ces biens dans les meilleures conditions ? C’est précisément là que réside le défi. Aujourd’hui, Madagascar ne possède pas encore de politique claire et structurée pour encadrer le retour des biens culturels. Par conséquent, il incombe à chaque musée de prendre soin des objets qui lui sont confiés. À titre d'exemple, la couronne de Ranavalona III, rapatriée en 2020, a trouvé sa place au musée du Rovan’i Madagasikara.

Bako Rasoarifetra, experte en muséologie et présidente de l’ICOM Madagascar, souligne l'urgence d'une politique nationale forte : « L’État doit avoir une politique claire de retour des biens culturels. Avant de demander leur rapatriement, il nous faut un lieu pour les accueillir, un expert pour en prendre soin, et un budget pour leur entretien. Mais il faut aussi les faire connaître, les exposer, et sensibiliser tout le monde à l’importance de leur rapatriement et de leur conservation. »

Un devoir de mémoire et une part d'identité retrouvée

Le rapatriement du roi Toera est un geste symbolique fort. Il marque la reconnaissance par la France de la valeur historique et spirituelle de ces restes pour Madagascar. Il incombe désormais à la nation malgache de prendre le relais : les accueillir avec respect, et bâtir des lieux où la culture pourra vivre, inspirer et instruire les générations futures.

Ce n’est pas uniquement une affaire de musées ; c’est un devoir de mémoire, une manière de reprendre notre histoire en main. Le roi Toera rentre enfin à la maison. Et avec lui, une part essentielle de notre identité reprend vie.

Elia Randriamanantena et Ravo Andriantsalama

Arrivé fin 2022 pour sauver la compagnie nationale en difficulté, Thierry de Bailleul pourrait voir son mandat expirer sans certitude de reconduction. Entre résultats encourageants et débat sur la place des cadres malgaches, l’avenir de Madagascar Airlines reste suspendu aux décisions de l’État et peut-être bien du FMI.

En suspens. À quelques jours de l’expiration de son contrat, l’avenir de Thierry de Bailleul à la tête de Madagascar Airlines est plus que jamais flou. Recruté en décembre 2022 pour piloter le redressement de la compagnie, ce vétéran de l’aviation civile, passé notamment par Qatar Airways, Emirates et Air France, a tenté de remettre l’entreprise sur les rails grâce à un plan baptisé « Phénix 2030 ».

Ce programme ambitieux vise à moderniser la flotte, digitaliser la gestion, revoir la stratégie commerciale et redorer l’image de la compagnie. « Beaucoup a été fait, mais il reste du chemin à parcourir », a souligné Valery Ramonjavelo, ministre chargé des Transports, lors de la fête nationale française le 14 juillet dernier à la Résidence de France.

Parmi les progrès notables, la flotte est passée de trois à cinq appareils opérationnels, un sixième est en cours d’acquisition, et le paiement régulier des salaires, longtemps un point noir, est désormais assuré. « Le plan de redressement est satisfaisant, et les discussions avec les bailleurs de fonds avancent bien », a ajouté le ministre.

Leadership malgache

Mais derrière ces signaux positifs, la question du renouvellement reste politique. Certaines figures nationales plaident ouvertement pour que la direction générale revienne à un cadre malgache. « Beaucoup de techniciens locaux ont la compétence pour reprendre le flambeau », estime Jean Pierre Iada, président du Front de libération nationale. « Seuls les Malgaches sauront défendre les intérêts du pays. Il faut seulement un bon encadrement pour éviter tout dérapage », précise-t-il.

Le débat est d’autant plus sensible que, pour certains élus, la souveraineté même de Madagascar Airlines est aujourd’hui limitée. « La compagnie ne nous appartient plus vraiment. Le FMI détient la clé car c’est lui qui met le plus d’argent sur la table », regrette Siteny Randrianasoloniaiko, chef de l’opposition à l’Assemblée nationale. Un constat qui laisse planer le doute : le futur dirigeant de la compagnie sera-t-il choisi par Madagascar ou dicté par ses bailleurs ? D’ici là, Thierry de Bailleul poursuit son plan Phénix. Reste à savoir si, pour Madagascar Airlines, le mythe du phénix tiendra ses promesses… ou s’éteindra avant 2030.

Ravo Andriantsalama

Après la première condamnation à la castration chirurgicale prononcée par la justice malgache la semaine dernière, les modalités d'application de cette mesure radicale se précisent. Un décret encadre le processus, prévoyant non seulement l'intervention elle-même mais aussi un suivi post-opératoire et un accompagnement psychosocial pour la personne condamnée.

Toutes les modalités d’application de cette loi sont désormais fixées par un décret. L’opération chirurgicale devrait se dérouler dans un établissement hospitalier public, y compris militaire. Un bilan préparatoire est jugé nécessaire avant toute intervention. L’acte chirurgical sera assuré par une équipe médicale qualifiée, composée d'un chirurgien ou d'un médecin formé à cet effet, d'un anesthésiste-réanimateur, d’un infirmier, et de tout autre personnel médical requis. L'ensemble des démarches nécessaires à l’exécution de l’intervention sera supervisé par le Procureur de la République.

Didier Alban Razafindralambo, Procureur général près la Cour d’appel d’Antananarivo, a précisé l'encadrement de cette procédure. « Il faut préciser que le ministère de la Santé travaille de concert avec le Procureur de la République. Les médecins sont les seuls habilités à réaliser la castration. L’opération sera effectuée en conformité avec leur expertise ».

Le Procureur de la République ou son représentant pourra assister à l’intervention, accompagné des agents de l’Administration pénitentiaire chargés de l’escorte de la personne condamnée.

Suivi post-opératoire et prise en charge par l'État

Après l’opération, une équipe médicale sera chargée du suivi post-opératoire de la personne condamnée. Plus spécifiquement, cette dernière devrait également bénéficier d’un accompagnement psychosocial, assuré par le personnel d’administration pénitentiaire dûment habilité.

Concernant les dépenses liées à cette opération, c'est l'État malgache qui en aura la charge. Le ministère de la Justice assumera toutes les dépenses relatives aux déplacements, à l’escorte et à la surveillance de la personne condamnée en vue de l’exécution de la peine de castration chirurgicale. Il prendra également en charge les frais relatifs à la mise en œuvre du bilan opératoire, de l’intervention chirurgicale et du suivi post-opératoire.

Rappelons que le gouvernement malgache a instauré la castration chirurgicale comme peine pour les auteurs de viols sur mineurs, une décision forte présentée comme un moyen radical de neutraliser définitivement les capacités sexuelles des condamnés.

Salohy Rollande et Ravo Andriantsalama

 

Aujourd’hui est célébrée la journée mondiale des compétences des jeunes sous le thème de « l’autonomisation des jeunes grâce à l’IA et aux compétences numériques ». Pour marquer l’événement, le ministère de la jeunesse et des sports organise un atelier de deux jours, au QG tanora Ankorondrano dans le but de renforcer les compétences des jeunes malgaches, qu’ils soient étudiants ou professionnels. Faliarisoa Rajaonarivelo, directeur de la jeunesse et du rayonnement international au sein du ministère a bien voulu répondre à nos questions sur le sujet.

Studio Sifaka : Quel est l’objectif de cette célébration ?

Faliarisoa Rajaonarivelo : L’objectif est de renforcer les compétences des jeunes Malgaches pour leur permettre de s’épanouir, de devenir autonomes et de contribuer activement au développement de Madagascar.

SS : Quel rôle joue le ministère pour pallier le manque de compétences des jeunes ?

FR : Le ministère s'engage à accompagner les jeunes pour qu'ils deviennent plus compétents et mieux armés face aux défis actuels. C’est tout le sens d’un événement comme celui-ci, qui propose des expositions, des conférences et des masterclass en lien direct avec le thème de cette année. Nous vivons désormais dans un monde entièrement numérique : la maîtrise des outils digitaux est désormais essentielle pour la réussite scolaire et professionnelle. D’où l’importance pour le ministère de marquer cette journée aux côtés de nos partenaires, qui partagent gratuitement leur expérience et leur expertise.

SS : Quelles sont les constats du ministère concernant les compétences des jeunes Malgaches ?
FR : Dans le cadre de la stratégie nationale 2024-2028 contre le déficit de compétences, une large consultation nationale et internationale a été menée. Elle a révélé des lacunes réelles qu’il faut combler pour mieux équiper notre jeunesse. C’est pourquoi nous travaillons main dans la main avec nos partenaires techniques et financiers pour renforcer ces compétences.

SS : Ces lacunes ont-elles déjà été identifiées ?

FR : Oui, grâce aux consultations, plusieurs insuffisances ont été listées. Nous pouvons citer, par exemple, le manque de maîtrise des langues, les difficultés à s'exprimer en public, ou encore un usage perfectible des nouvelles technologies. Chaque région a ses spécificités, et nous sommes actuellement en phase de finalisation des diagnostics.

SS : Comment le ministère perçoit-il l’usage de l’intelligence artificielle par les jeunes ?

FR : De manière générale, de plus en plus de jeunes, notamment en milieu urbain, utilisent déjà l’intelligence artificielle. L’un des objectifs des conférences et masterclass organisées ces deux jours est justement de former les jeunes à l’utilisation éclairée l’IA. L’enjeu est qu’ils sachent l’exploiter de manière positive et qu’ils développent, grâce aux compétences numériques, leur propre potentiel tout en contribuant au progrès du pays.

Propos recueillis par Ravo Andriantsalama

Un mois après les événements tragiques qui ont causé la mort de vingt-neuf personnes à Ambohimalaza, le mystère demeure entier. Si l'État avance une thèse d'empoisonnement par une substance hautement toxique, des voix discordantes s'élèvent, suggérant que le gouvernement n'aurait pas révélé toute la vérité. Face à ces doutes persistants, une plainte est en cours de préparation par les familles des victimes.

Empoisonnement alimentaire dû à une substance hautement toxique incorporée dans des aliments, ou simple intoxication due au botulisme ? Cette question est sujette à controverse, concernant le drame qui a coûté la vie à vingt-neuf personnes à Ambohimalaza, malgré les enquêtes approfondies menées par les autorités. Depuis le début de l’affaire, l’État a toujours privilégié la thèse de l’empoisonnement, évoquant même l’usage de la sorcellerie par les malfaiteurs. Pourtant, pas plus tard que le week-end dernier, une enquête parallèle menée par des journalistes d’une chaîne française a avancé une autre hypothèse. Pour eux, l’État n’aurait pas tout dit, tant sur les événements que sur les résultats des investigations, surtout celles menées à l’étranger.

Selon les autorités malgaches, les échantillons envoyés en France auraient permis de prouver la thèse de l’empoisonnement. Cependant, le nom de la substance hautement toxique ayant provoqué la mort de près de trente personnes n’a jamais été divulgué. Cette réticence intervient malgré l’insistance de l’opposition, qui dément la version officielle depuis le début. Les proches des victimes s'interrogent également sur la transparence des informations fournies par l'État. Une mère d’une des victimes se plaint même de ne pas avoir toutes les informations nécessaires sur ce qui est réellement arrivé à son fils, âgé d’à peine 22 ans.

Contradictions et zones d'ombre

Malgré la réticence du gouvernement à divulguer le nom de l’institut spécialisé ayant pris en charge les échantillons, les investigations des journalistes français ont désigné l’Institut de Médecine Légale de Strasbourg comme étant l’établissement récepteur. Or, cet institut n’aurait pas la capacité de détecter le botulisme, selon toujours l’enquête des journalistes français. De plus, ces derniers affirment que les échantillons prélevés provenaient d’un seul patient, ce qui, selon eux, ne permettrait pas de prouver de manière irréfutable la thèse de l’empoisonnement généralisé.

Pour conforter son point de vue, l’État, par l’intermédiaire du ministère de la Santé Publique, a récemment publié une vidéo interviewant une victime toujours hospitalisée, affirmant que c’est le beignet (donut) qu’elle a mangé durant la fête qui a causé sa maladie. En parallèle, la vidéo montre également un expert en bactériologie déclarant qu’il s’agissait effectivement d’un empoisonnement alimentaire ayant causé les décès lors de la fête du 14 juin.

Face à cette accumulation de doutes et de contradictions, les familles des défunts ont décidé de porter plainte. Jusqu’ici, aucune information précise sur les détails de cette plainte n'a filtré. Cependant, selon une source proche des familles des victimes, la requête devrait être déposée demain. La question demeure : contre qui cette plainte sera-t-elle dirigée ? Contre l’État ? Ou contre ceux qui ont déjà été inculpés dans cette affaire aux multiples zones d'ombre ?

Ravo Andriantsalama

Hier, dans son antre du By-Pass, le club de l'Elgeco Plus a été sacré, pour la première fois de son histoire, champion de Madagascar de football (Pure Play Football League). À l'issue d'une finale dominée de bout en bout face aux militaires du COSFA, les « oranges » du By-Pass se sont imposés sur un score sans équivoque de 3 à 0. Une victoire incontestable sur la pelouse, mais entachée de controverses en dehors.

Une victoire brillante, un titre contesté.

Le slogan du club du By-Pass, « Ici c’est Elgeco Plus », a enfin pris tout son sens hier lors de la finale de la Pure Play Football League, remportée par le club face au Club Omnisports des Forces Armées (COSFA). Le club, dont le président n'est autre qu'Alfred Randriamanampisoa, également président de la Fédération Malgache de Football (FMF), est sacré champion national pour la première fois de son histoire. Il représentera donc logiquement le pays lors de la prochaine édition de la Ligue des Champions africaine.

Bien que la victoire fût étincelante sur le rectangle vert, avec un score de 3 à 0 et un match dominé tant tactiquement que physiquement, le titre de champion de Madagascar de l’Elgeco Plus est terni par des controverses liées aux multiples casquettes endossées par son président. En effet, Alfred Randriamanampisoa cumule les fonctions de président du club et de président de la FMF. Ces deux titres ne l'ont par ailleurs pas empêché d'être réélu député de Madagascar dans le Vakinankaratra. Une triple casquette qui vient assombrir la victoire de son équipe lors de cet exercice 2025.

Favoritisme                             

Les tensions ont éclaté lors du match aller de la demi-finale, opposant l'Elgeco Plus au Mama FC. Alors que l'équipe du By-Pass menait 3 à 0 en fin de match, une altercation a éclaté entre les joueurs des deux équipes, nécessitant l'intervention des forces de l'ordre et des autorités présentes : le président de la FMF, Alfred Randriamanampisoa, est également monté sur la pelouse. Visiblement, son intervention n'était pas celle d'un président de fédération cherchant à apaiser les tensions, mais plutôt d'un soutien à ses joueurs dans l’altercation. Des vidéos ayant circulé sur les réseaux sociaux auraient montré Alfred Randriamanampisoa en venir aux mains avec un des joueurs du Mama FC avant que la situation ne se calme. Ces vidéos ont été immédiatement démenties par la fédération, qui a aussitôt pris la défense de son président. Mais que les faits soient avérés ou non, la controverse était lancée.

Quelques jours plus tard, la FMF a convoqué les responsables des deux équipes pour obtenir leurs versions des faits. Une fois de plus, la polémique a resurgi : Alfred Randriamanampisoa était présent lors de cette rencontre, mais uniquement en sa qualité de président de son club, la fédération étant représentée par une autre personne. L’affaire s’est finalement conclue à l’amiable, et le match retour a pu se tenir. L'Elgeco Plus a perdu 3 à 2, un score qui lui a néanmoins permis d'accéder à la finale.

Une nouvelle controverse a surgi après cet épisode, certains estimant que des sanctions plus lourdes auraient dû être prononcées contre les deux équipes fautives. Des voix s'élèvent même pour dénoncer un favoritisme envers l'équipe présidée par le chef de la fédération. Quoi qu’il en soit, l’Elgeco Plus est le nouveau champion de Madagascar de football et a empoché, avec la coupe, une somme de vingt millions d’ariary.

Ravo Andriantsalama

À l’heure des grandes vacances, la coutume d’envoyer les enfants passer quelques semaines chez les oncles, tantes ou grands-parents semble se faire plus rare. Entre hausse du coût de la vie, éloignement géographique et modes de vie différents, les parents hésitent. Reportage.

Autrefois, partir chez des proches pour les vacances faisait partie des petits plaisirs des écoliers. Aujourd’hui, la réalité est plus nuancée. Sur une dizaine de parents interrogés, seuls quatre affirment encore accueillir les enfants de membres de la famille, malgré le surcoût et les contraintes.

« Nous accueillons des enfants de proches, nous ne sommes pas comme la rivière d’Ikopa qui rejette tout ce qui vient », glisse Andry, un père de famille. D’autres confirment que la porte reste ouverte, « à condition qu’on nous le demande ». « Ils mangent ce que nous mangeons et s’ils veulent sortir, qu’ils sortent ! » ajoute un autre.

Distance, éducation et budget, des freins réels

Pour d’autres familles, la situation est plus délicate. La distance reste l’un des premiers obstacles. « Notre village est très loin, le transport coûte dans les 200 000 ariary, alors on préfère rester à la maison », témoigne Onja, une mère. Plusieurs parents évoquent aussi une différence de mode de vie et d’éducation. « Avant, j’envoyais mes enfants chez des proches pour les vacances, mais plus maintenant. Les vacanciers qui viennent chez nous se font rares aussi », constate un père. Certains assument carrément de refuser les échanges. « Je n’envoie pas mes enfants et je ne veux pas en recevoir non plus. Si j’envoie mes enfants chez les autres, peut-être qu’ils pensent comme moi. Et élever les enfants des autres, c’est difficile », confie un autre parent.

D’autres mettent en avant le manque de moyens. « On ne peut pas se permettre de faire ça : financièrement, socialement… » ou encore, « Je ne me sens pas capable de surveiller les enfants des autres et je ne serais pas tranquille si j’envoyais les miens », avoue une mère de famille. Beaucoup de familles choisissent de passer leur vacances ensemble et économisent un budget spécial pour cela. « Louer une chambre, mais pas chez les proches  est l’idéal » selon un père de famille. « Comme ça, nous évitons d’être une charge pour les autres, » termine-t-il.

Mahazo Riantsoa et Ravo Andriantsalama

Dans le cadre de la modernisation de ses outils de surveillance, le ministère de l’Environnement et du Développement durable a officialisé ce matin au Centel Antanimena l’utilisation de drones pour lutter contre les feux de brousse et protéger la biodiversité.

La pression qui s’exerce sur la biodiversité malgache est telle que le ministère chargé de l’Environnement se voit dans l’obligation de renforcer ses moyens d’action. « La lutte pour la protection des espèces est rude. Nous devons nous adapter et utiliser tous les outils technologiques disponibles pour préserver notre biodiversité », explique Tojotsara Ratefason, directeur des Aires protégées, des Ressources naturelles renouvelables et des Écosystèmes au sein du ministère. Ces drones permettront notamment de repérer les pressions et menaces au cœur des forêts, comme les coupes illicites ou les départs de feux. Ils serviront également au suivi écologique des espèces et contribueront aux opérations de reboisement grâce aux capteurs embarqués.

Cependant, l’usage de drones ne saurait constituer une solution miracle. « Pour détecter, par exemple, la direction du vent lors d’un incendie, nous avons toujours besoin du soutien des communautés locales », souligne le directeur. Les structures communautaires de base, appelées VOI (Vondron’olona Ifotony), restent ainsi au cœur du dispositif de surveillance et d’intervention. « Ce sont elles, les véritables gardiennes de la biodiversité. Les drones sont indispensables, mais sans la prise de conscience collective, ils ne suffiront pas. Même dans un contexte de pauvreté, chacun doit rester responsable », insiste-t-elle.

Réseau de pilotes                          

Du côté de Durrell Madagascar, le partenaire technique, l’heure est à l’opérationnalisation. « Plus d’une dizaine de drones sont déjà déployés pour le ministère », indique Andriatsitohaina Rakotozoely, coordinateur du projet drones. Le modèle Matrice 4 constitue l’équipement principal, complété par des appareils plus performants pour certaines missions spécifiques.

Durrell a déjà formé au moins 30 pilotes de drones par province, de sorte que les interventions puissent se faire sans attendre l’appui du siège central. « La particularité des Matrice 4, c’est leur caméra thermique, capable de détecter des feux rampants invisibles à l’œil nu. Cet outil est un atout majeur pour épauler les équipes de lutte contre les incendies », précise le coordinateur. Avec cette nouvelle stratégie, le ministère espère mieux contenir les feux de brousse et contribuer à préserver un patrimoine naturel encore gravement menacé. Une synergie entre technologie et engagement communautaire qui se veut durable.

Ravo Andriantsalama

Le sixième arrondissement d’Antananarivo se dote d’un centre pilote dédié à la prise en charge sanitaire et psychosociale des femmes victimes de violences basées sur le genre. Inauguré ce matin, le centre marque une étape clé pour la municipalité et ses partenaires internationaux.

Sous l’égide du maire de la capitale, Harilala Ramanantsoa, et de la députée du sixième arrondissement, Tantely Razanamandimbisoa, le tout premier centre de santé intégré (CSI) de la capitale a ouvert ses portes ce matin à Ambohimanarina.
Ce nouvel établissement dispose de trois salles de consultation générale, d’un service de dentisterie, d’une maternité, d’une pharmacie et d’une brigade féminine de proximité, spécialement mobilisée pour l’écoute et l’accompagnement des femmes victimes de violences basées sur le genre (VBG). « Ici, il y a non seulement des soins, mais aussi un véritable accompagnement des victimes », a souligné le maire Harilala Ramanantsoa lors de son allocution inaugurale.

« Lorsque le projet a démarré en 2022, Ambohimanarina a été choisi car toutes les conditions étaient réunies », a expliqué la députée Tantely Razanamandimbisoa.
Le quartier manquait cruellement d’infrastructures de santé adaptées, notamment pour la maternité. « Beaucoup d’enfants naissent ici sans acte de naissance faute de structure adéquate. De plus, le quartier est particulièrement touché par diverses formes de violences envers les femmes et les enfants », a-t-elle détaillé.

Pilote

Le centre a vu le jour grâce à un budget d’un peu plus de 400 000 euros, financé à 80% par l’Association internationale des maires francophone AIMF. La Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA) a pris en charge les 20% restants. Pour l’Union européenne, ce projet s’inscrit dans une approche territoriale qui vise à répondre directement aux besoins des populations locales. « Ce n’est pas notre premier projet contre les VBG, mais c’est le premier qui adopte une telle approche de proximité », a rappelé le représentant de l’UE sur place.

Pour Frédéric Vallier, délégué général de l’AIMF, ce CSI représente « un symbole d’espoir » pour les victimes de violences. « C’est le premier que nous finançons à Antananarivo. Nous avons des projets similaires au Burundi ou au Togo, mais celui-ci est exemplaire car il s’est concrétisé rapidement grâce à la coopération avec la CUA », a-t-il salué.

Le maire Harilala Ramanantsoa a annoncé que ce centre pilote s’accompagnera du renforcement des CSB existants, de la formation continue des personnels de santé et d’un engagement pour que plus jamais les habitants ne manquent de soins ni de médicaments.
« Ce centre est un espace sûr et pluridisciplinaire, notamment pour les femmes. Ici, elles pourront se soigner, être écoutées, dénoncer les violences en toute confidentialité », a-t-il insisté.

Ravo Andriantsalama

Un accord de principe pour la construction de la toute première école supérieure de cinéma et d’effets spéciaux a été signé à l’Hôtel de ville d’Antananarivo. Baptisé « Kolosary », ce projet inédit vise à structurer la filière audiovisuelle et à offrir une formation aux standards internationaux aux futurs cinéastes malgaches.

C’est dans la salle d’apparat de l’Hôtel de ville d’Analakely que le maire de la capitale, Harilala Ramanantsoa, a officialisé cet après-midi la signature de l’accord de principe pour la création de ce futur établissement. « La signature a été organisée ici à Analakely car c’est un projet qui porte une ambition nationale et même régionale », a souligné le maire.
Selon elle, l’objectif est clair : doter la Grande île d’une école de cinéma « aux normes internationales », comparable à celles existant en Europe. « Cette école offrira les mêmes standards de formation que l’École de cinéma de Montpellier », a-t-elle assuré.

Le projet a été baptisé « Kolosary », un mot symbolique qui porte la promesse d’un nouveau chapitre pour le cinéma malgache. Laza, figure reconnue du court-métrage et coordinateur de l’initiative, a salué la confiance du maire. « Nous tenons à remercier la Commune urbaine d’Antananarivo pour sa vision et son engagement pour la culture. Kolosary formera une première promotion de 150 étudiants. Ils suivront trois ans de cours et obtiendront une licence. Ceux qui le souhaitent pourront poursuivre en master à Montpellier, grâce à des partenariats établis avec plusieurs écoles en France », a-t-il expliqué.

« Kolosary », un nom pour le renouveau du 7e art

Si l’accord a été signé au centre-ville, c’est sur le site d’Antsonjombe que l’école devrait sortir de terre. Le lancement des travaux est prévu dès cette année, une fois le feu vert obtenu de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF), principal partenaire technique et financier du projet. « Le projet est déjà au bureau permanent de l’AIMF pour validation. C’est grâce à cette coopération avec nos partenaires techniques et financiers que ce rêve peut devenir réalité », a précisé Harilala Ramanantsoa.

 

 « Kolosary » ne se limite pas à un simple programme académique. Selon ses promoteurs, l’école reposera sur trois piliers : une formation diplômante de trois ans, un pôle tournage destiné à accueillir des productions de grande ampleur pour créer des opportunités professionnelles pour les étudiants, et un soutien aux événements culturels organisés avec la Commune urbaine d’Antananarivo pour « faire vivre la culture au quotidien ».

Ce projet marque une étape historique pour l’audiovisuel malgache. « Le cinéma malgache existe depuis 1937. Mais il aura fallu attendre 2025 pour qu’une école supérieure voie enfin le jour. Nous espérons qu’elle sera une fierté pour tout l’océan Indien », a affirmé Laza.
Derrière ce chantier, l’enjeu est aussi économique : créer une filière créative et des débouchés pour la jeunesse, à l’heure où Madagascar veut diversifier ses secteurs porteurs.

Si tout se déroule comme prévu, la première rentrée pourrait avoir lieu dans peu de temps. D’ici là, la capitale entend bien mettre le 7e art à l’honneur et rappeler qu’à Madagascar, le cinéma n’est pas seulement un rêve de grand écran, mais aussi un métier d’avenir.

Ravo Andriantsalama

La coopération entre les collectivités des îles de l’océan Indien franchit une nouvelle étape. C’est dans la capitale malgache qu’a été donné le coup d’envoi, ce lundi, de la rencontre annuelle des villes et collectivités membres de cette dynamique régionale.

Les représentants des grandes villes des Comores, de l’île Maurice, de Mayotte, de La Réunion, des Seychelles, et bien entendu d’Antananarivo, hôte de cette édition, ont répondu présents. Des représentants de nombreuses communes de Madagascar complètent cette mosaïque de visages venus partager expériences et projets.

La rencontre, prévue sur deux jours, se veut plus qu’un simple rassemblement. Elle ambitionne de forger une feuille de route commune pour les années 2026 et 2027. « Nous faisons face à des défis similaires, que ce soit en matière d’urbanisation, d’environnement ou de gestion des ressources », a souligné Harilala Ramanantsoa, maire de la ville d’Antananarivo. D’où l’intérêt de miser sur une coopération de proximité : partage d’expériences, mise en commun des compétences, échanges sur les outils de gestion urbaine, sans oublier l’ouverture à des partenariats techniques et financiers.

Des retombées concrètes, des projets porteurs

Créée en 1990 à Antananarivo, l’association des villes et collectivités de l’océan Indien n’en est pas à son coup d’essai. Des résultats ont déjà été obtenus dans plusieurs villes, à l’instar de Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte. Son maire, Ambdilwahedou Soumaila, en témoigne : « Nous avons une richesse extraordinaire, et il faut la protéger. Cela passe par le partage de connaissances, l’expertise, et surtout par des projets communs à fort impact. »

Il cite notamment la valorisation des déchets, transformés en ressources et en emplois, comme un des effets bénéfiques de l’adhésion à l’association. Une démarche qui entre de plein pied dans les logiques d’économie circulaire et de développement durable, si cruciales pour les territoires insulaires souvent exposés aux risques climatiques et environnementaux.

Cette rencontre annuelle veut s’inscrire dans une forme de diplomatie décentralisée. Les villes, par leur coopération directe, deviennent actrices à part entière de l’intégration régionale. Et au-delà de la proximité géographique, c’est l’humanisme partagé, la solidarité entre territoires vulnérables, qui s’exprime ici. La suite des travaux est attendue ce mardi, avec l’adoption de la feuille de route et la formulation de propositions concrètes à adresser aux bailleurs et aux partenaires régionaux.

Ravo Andriantsalama

Clôturée vendredi dernier, la première session ordinaire des deux chambres parlementaires n’aura pas dissipé les doutes persistants sur l’effectivité de la séparation des pouvoirs à Madagascar. Le KMF/CNOE - Éducation citoyenne, une des plus anciennes plateformes d’observation citoyenne, monte une fois de plus au créneau.

Le verdict de la société civile est sans appel. Pour Robert Namearson, président national du KMF/CNOE, la frontière entre les pouvoirs exécutif et législatif reste floue, théorique, voire inexistante dans la pratique. « Le gouvernement continue de convoquer les parlementaires à des Conseils des ministres délocalisés, alors qu’il s’agit de deux pouvoirs distincts censés se contrôler mutuellement », déplore-t-il.

La non-adoption d’une loi de finances rectificative pour 2025 cristallise cette dérive institutionnelle. Cette mesure aurait pourtant pu corriger certains dérapages, comme la polémique taxe de 20 % sur les intérêts bancaires, qui pénalisent les épargnants et met à mal la confiance envers le système financier. Mais aucun débat d’envergure n’a eu lieu à l’Assemblée nationale, encore moins au Sénat. La docilité des élus interroge.

Le syndrome de la « boîte aux lettres »

Robert Namearson va plus loin dans sa lecture : « Dans les pays développés, comme les États-Unis, les parlementaires défendent l’intérêt général. Chez nous, le législatif n’est souvent qu’une chambre d’enregistrement des volontés de l’Exécutif. » Cette soumission, selon lui, tient à la nature même du mandat confié aux députés et sénateurs : un mandat encore largement « impératif », dicté par les mots d’ordre des partis politiques au détriment de l’intérêt des électeurs.

Autrement dit, les élus répondent d’abord à leur parti, non à leurs circonscriptions. Une dérive qui contribue à l’affaiblissement de la démocratie parlementaire. La majorité présidentielle, pourtant théoriquement solide, peine à faire preuve d’initiative ou d’indépendance.

 « La séparation des pouvoirs n’est plus qu’un principe inscrit dans la Constitution, pas une réalité vivante », conclut le KMF/CNOE. Et de poser la question qui dérange : Madagascar est-elle réellement un État de droit ? La réponse, en tout cas, sera peut-être esquissée lors de la prochaine session ordinaire du Parlement, prévue en octobre. À l’ordre du jour : l’examen du projet de loi de finances initiale 2026. Un test grandeur nature pour jauger, une fois encore, la vitalité – ou non – des contre-pouvoirs dans le système institutionnel malgache.

Hasina Andriamalala et Ravo Andriantsalama

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