L’ancien président du Sénat et coordinateur national du HVM, Rivo Rakotovao, s’élève contre le quadruplement de la caution pour les sénatoriales du 11 décembre. Fixée à 60 millions d’ariary, cette somme « anti-démocratique » exclurait, selon lui, une grande partie des citoyens.
À quelques mois des élections sénatoriales prévues le 11 décembre, la polémique enfle autour du montant de la caution exigée pour se porter candidat. Fixée désormais à 60 millions d’ariary, soit quatre fois plus que précédemment, cette somme est jugée « discriminatoire » par Rivo Rakotovao, coordinateur national du HVM et ancien président du Sénat.
Dans un entretien accordé à Studio Sifaka, l’ex-président de la chambre haute rappelle que « le Sénat, deuxième institution de l’État prévue par la Constitution (articles 80 à 85), a pour rôle d’assurer la stabilité institutionnelle et de servir de relais entre les collectivités territoriales décentralisées et les décideurs ». Mais il estime que la multiplication par quatre de la caution « ne fait que renforcer une barrière financière » empêchant de nombreux citoyens d’accéder à la fonction. « Qui parmi les simples citoyens peut réunir 60 millions d’ariary ? C’est un obstacle clair et assumé », fustige-t-il.
Immunité
Selon lui, ce système ouvre la voie à une sélection par l’argent : « On constate que ceux qui arrivent au Sénat ne cherchent parfois qu’à obtenir l’immunité parlementaire. Ce ne sont plus des débats d’idées mais une question de moyens financiers. Au final, ceux qui accèdent aux postes sont souvent rejetés par la société, mais élus parce qu’ils ont de l’argent. » L’ancien président du Sénat dénonce ainsi une dérive où « il faut être milliardaire pour devenir député ou sénateur », excluant des profils issus de la société civile, comme les soignants, les jeunes ou encore les femmes engagées.
Le HVM a déjà annoncé qu’il ne participera pas aux prochaines sénatoriales. Quant à la plateforme Firaisankina, dont fait partie Rivo Rakotovao, elle n’a pas encore arrêté sa décision. « Une réunion est prévue à ce sujet », a-t-il précisé.
Ravo Andriantsalama
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Prévue par la Constitution, la Haute Cour de Justice (HCJ) peut juger le Président de la République et les plus hauts responsables de l’État pour des crimes ou délits commis dans l’exercice de leurs fonctions. Derrière ses procédures complexes, une question : s’agit-il d’un outil de justice ou d’un rempart politique ?
Il existe, dans la Constitution, une juridiction discrète mais redoutable : la Haute Cour de Justice, plus connue sous le sigle HCJ. Elle n’agit pas tous les jours. Elle n’apparaît qu’en cas de crise, quand le droit et la politique se croisent, quand la responsabilité des plus hauts dirigeants de l’État est mise en jeu.
La Constitution malgache, dans ses articles 131 à 136, a prévu son existence. La loi 2014-043 en détaille les rouages. Derrière ces textes, une idée : que nul ne soit au-dessus de la loi, pas même le Président de la République, pas même les présidents des assemblées ou les ministres. « La Haute Cour de Justice est une institution prévue par la Constitution, et les procédures qui y sont liées sont claires : tout commence par une requête », explique Raby Savatsarah, député et membre de la HCJ venant de l’Assemblée nationale.
Une mécanique lourde et exigeante
Concrètement, cette requête peut être déposée par toute personne, physique ou morale. « Elle doit être adressée au procureur général de la Cour suprême, qui a l’initiative des poursuites et qui vérifie d’abord sa recevabilité », précise le parlementaire. Si le dossier est jugé recevable, il est transmis au président de l’Assemblée nationale.
C’est alors que la politique prend le relais. Le bureau permanent crée une commission d’enquête spéciale. « Les députés membres de la HCJ n’ont pas le droit d’y siéger », insiste Raby Savatsarah. Cette commission prépare un rapport et propose une mise en accusation qui doit être votée par l’Assemblée plénière. Pour les ministres, le Premier ministre ou encore le président de la HCC, la majorité absolue suffit.
Le cas du Président de la République est plus particulier. La mise en cause ne peut être examinée qu’en session ordinaire, et son adoption exige une majorité des deux tiers. « La requête contre le Président n’entraîne pas la suspension de son mandat. Il continue à exercer ses fonctions jusqu’à la fin de la procédure », souligne le député.
Dans les textes, tout est clair, tout est ordonné. Mais dans les faits, la HCJ reste une forteresse rarement ouverte. Peu de dossiers franchissent les filtres du parquet et du Parlement. Reste que son existence est un symbole : « Même au sommet de l’État, nul n’est au-dessus de la loi », conclut Raby Savatsarah.
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Les zones d’ombre du dossier Ramonjavelo
L’ancien ministre des Transports, Valery Ramonjavelo, se retrouve au cœur d’un scandale qui embarrasse l’État. L’affaire des cinq Boeing 777 immobilisés en Iran aurait déjà franchi les couloirs judiciaires. Selon nos informations, le dossier serait désormais entre les mains de la Haute Cour de Justice (HCJ). Interrogé sur ce point, le député Raby Savatsarah, membre de la HCJ, a confirmé l’existence de la procédure mais n’a pas souhaité livrer davantage de détails.
Silence aussi du côté de l’ancien ministre, limogé le mois dernier dans un contexte de tensions politiques. Depuis, Valery Ramonjavelo garde le mutisme absolu, loin des micros et des caméras. Un silence qui nourrit encore plus les spéculations autour de ce dossier sensible, où se mêlent enjeux diplomatiques, soupçons de mauvaise gestion et responsabilité politique au plus haut niveau.
Ravo Andriantsalama
Après sa première saison à la tête du club omnisport de la police nationale (COSPN), le coach Tojohery Rasamoelina a réussi à mener l’équipe au sommet de Madagascar. Hier, au palais des sports Mahamasina, les policiers ont battu la gendarmerie nationale de basketball (GNBC) lors de la finale du championnat national N1A, avec un score de 67 à 56.
Discipline, combativité et esprit d’équipe. Telle est la recette du COSPN lors de la finale d’hier, où ils ont dominé les champions en titre, le GNBC. Les hommes du coach Tojohery Rasamoelina ont pris l'ascendant dès le début du match, bénéficiant d'un large soutien du public. Bien que les gendarmes aient été favoris en raison de leur statut de champions en titre, les policiers ont su renverser cette dynamique sur le terrain. La joie était palpable dans la salle après une victoire quasi sans équivoque.
Le score reflète bien la physionomie d’un match mené de bout en bout par les joueurs en blanc. Le coach exprime sa satisfaction quant à la victoire et à la fierté qu'il ressent pour son équipe, qui a fait preuve d’abnégation. Selon lui, la clé de ce succès réside dans la cohésion de son équipe et l'apport significatif du banc, qui a su maintenir un niveau élevé en remplaçant les titulaires. Bien qu'il soit à la tête de l’équipe depuis le début de la saison, il a réussi à partager sa philosophie du jeu avec ses joueurs. « Ce que nous avons mis en place pour améliorer le jeu de COSPN repose sur le travail d’équipe. Le basket est un sport collectif, et le fait que ceux qui sont sortis du banc aient contribué à la victoire est l'un de nos points forts », s'exclame-t-il.
MVP
Cette joie est également partagée par les joueurs. L’ailier de l’équipe nationale et du COSPN, Livio, se dit satisfait du résultat, surtout que son équipe revient plus forte après quelques années de disette. Il exprime également sa satisfaction quant à son propre jeu, malgré quelques moments moins performants. « La joie est immense. Nous sommes encore plus heureux car, depuis quelques années, nous n’avions pas réussi à élever notre niveau pour atteindre ce graal », affirme le tireur d’élite des Ankoay.
Concernant les titres individuels, Arnol du COSPN est désigné "most valuable player" (MVP) du tournoi, un titre justifié par son apport à l'équipe depuis le début du championnat. Par ailleurs, Faralahy de l’ASCUT Atsinanana est le meilleur marqueur du tournoi avec 289 points accumulés. L’ASCUT termine à la quatrième place après sa défaite lors de la petite finale face aux militaires du COSFA Analamanga.
Bien que la finale se soit déroulée sans incident majeur, plusieurs points sont à améliorer à l'issue du tournoi. Plusieurs journalistes présents au palais des sports se sont plaints de l'indifférence de la fédération à leur égard. Ces journalistes n'ont pas bénéficié des conditions adéquates pour réaliser leur travail, étant assis à même le sol et sans salle de presse. Ils se disent indignés par le manque de considération des instances dirigeantes du basket malgache. Cet incident n'est pas isolé, car des situations similaires ont déjà été signalées par les journalistes lors d'autres événements sportifs d'envergure dans le pays.
Ravo Andriantsalama
L’École nationale d’administration de Madagascar (ENAM) à Androhibe a accueilli, ce lundi, le lancement d’une formation de professionnalisation en administration électorale. Cet atelier marque la première étape vers la création d’une École régionale d’administration électorale de l’océan Indien, une structure encore inexistante mais jugée essentielle par la Commission de l’océan Indien (COI) et ses partenaires.
« Cet atelier vise à renforcer les compétences et à favoriser l’échange d’expériences entre les acteurs électoraux », a souligné Dama Arsène Andrianarisedo, président de la CENI. Représentants institutionnels, partis politiques et organisations de la société civile participent à cette première session, qui se poursuivra tout au long de l’année. L’objectif affiché : harmoniser les approches et réduire les malentendus qui peuvent fragiliser les processus électoraux.
Du côté de la COI, le projet « Gouvernance, Paix et Stabilité » (GPS) porte cette initiative. « L’un des volets du projet est la création d’un réseau des organes électoraux de la région. De ce réseau est née la recommandation d’ouvrir une École régionale d’administration électorale », a rappelé le responsable du projet. L’ambition est claire : renforcer durablement les capacités des commissions électorales et promouvoir la gouvernance démocratique dans l’océan Indien.
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Le vice-président de l’Assemblée nationale, Augustin Andriamananoro, a salué la tenue de cet atelier à Antananarivo. « Le choix de Madagascar démontre la confiance de nos partenaires dans le leadership malgache. Une élection transparente et inclusive est la clé de la stabilité politique », souligne-t-il à sa sortie de l’amphithéâtre de l’ENAM.
Ce choix pourrait toutefois s’expliquer par plusieurs facteurs, la présence d’un Malgache, Edgard Razafindrahahy, au poste de secrétaire général de la COI et incubateur du projet GPS, mais aussi le calendrier électoral imminent à Madagascar et les défis persistants de sa démocratie. Aujourd’hui reste cependant une date symbolique car c’est la Journée internationale de la démocratie. L’historien Alex Andriamahefa a rappelé à cette occasion que « la démocratie ne peut fonctionner que si elle repose sur l’éducation civique. Imposer un régime qu’un peuple ne comprend pas, c’est courir droit à l’échec ».
Avec ce premier atelier, Madagascar devient ainsi le point de départ d’un chantier régional inédit, dont l’aboutissement sera l’ouverture d’une École d’administration électorale au service de l’ensemble des pays membres de la COI.
Ravo Andriantsalama
Les conditions ne sont pas réunies pour la tenue des élections sénatoriales prévue le 11 décembre prochain. C’est du moins l’avis de certains partis de l’opposition, en particulier le « Hery Vaovaon’i Madagasikara » (HVM), qui appelle au boycott de ce dernier rendez-vous électoral de l’année. Selon son secrétaire général, Alain Désiré Rasambany, « nous allons mobiliser les autres partis de l’opposition dans ce sens ».
Une réunion est attendue dans les prochaines heures au sein de la plateforme « Firaisankina », qui regroupe cinq grands partis de l’opposition. Le boycott des sénatoriales devrait figurer parmi les sujets principaux à l’ordre du jour. L’opposition participera-t-elle aux élections ? La réponse reste en suspens. En revanche, une chose est certaine : le HVM de l’ancien président Hery Rajaonarimampianina ne prendra pas part au scrutin. En cause, selon son coordinateur national et ancien président du Sénat, Rivo Rakotovao : un collège électoral incomplet et une violation de la Constitution.
Rivo Rakotovao rappelle que la Constitution définit clairement la notion de collège électoral, supprimée par une proposition de loi introduite par un sénateur. « Si l’on dit que cela n’est pas conforme à la loi, c’est déjà intentionnel », dénonce-t-il, y voyant une volonté politique. En 2019 déjà , le HVM avait pointé cette irrégularité, mais la Haute Cour Constitutionnelle avait répondu qu’il fallait éviter un vide institutionnel.
Indispensable
Pour Rivo Rakotovao, la position actuelle du pouvoir relève de la contradiction. « Le président avait promis de supprimer le Sénat, jugé inutile et trop coûteux. Aujourd’hui, on nous explique au contraire qu’il est indispensable. Pourquoi ce revirement ? Serait-ce parce que des alliés politiques y siègent ? » interroge-t-il. L’ancien président du Sénat insiste sur l’importance de respecter les engagements, rappelant que cette institution est la deuxième de l’État, et qu’en cas d’empêchement du chef de l’État, son président assure l’intérim.
De son côté, la majorité présidentielle, qui domine actuellement la Chambre haute, reste discrète. Une discrétion qui ne signifie pas inaction : en coulisses, les partisans de l’IRMAR travaillent déjà à conserver leur suprématie au Sénat. Avec le retrait du HVM et un possible boycott de toute l’opposition, l’issue du scrutin semble presque scellée en faveur de la majorité.
Pour rappel, si le collège des grands électeurs comprenait auparavant les élus provinciaux, régionaux et communaux, il est désormais composé uniquement des maires, conseillers communaux et municipaux. Ces derniers éliront douze sénateurs, tandis que six autres seront directement désignés par le président de la République.
Ravo Andriantsalama
Ils patrouillent loin des projecteurs mais veillent à la survie de nos ressources vitales. Les officiers de police judiciaire de l’environnement traquent les pollutions invisibles, enquêtent sur les délits écologiques et tentent de protéger l’air, l’eau et la terre pour les générations futures.
Ils ne portent pas toujours d’uniforme, mais leur rôle est crucial : les officiers de police judiciaire (OPJ) de l’environnement traquent les pollueurs. Ils sont une soixantaine, éparpillés à travers Madagascar, investis d’une mission essentielle : protéger la terre, l’eau et l’air, biens communs menacés par l’industrialisation et l’insouciance humaine.
Créés par la Charte de l'environnement et officialisés par un décret en 2017, ces agents ont vu leur pouvoir renforcé par un arrêté en 2018. Leur rôle : enquêter sur les infractions environnementales. Ils agissent comme de véritables officiers de police judiciaire pour constater et instruire les délits écologiques.
Leur quotidien se partage entre le bureau d’Ampandrianomby et les descentes de terrain. Ils interviennent dès qu'une alerte de pollution est signalée ou qu'une entreprise est suspectée d'infraction. Ils peuvent également, de leur propre initiative, contrôler la conformité des activités industrielles avec les normes environnementales. « C’est à nous de vérifier si les cahiers de charges sont respectés », souligne Nicolas Andriamboavonjy.
Des enquêteurs face aux pollueurs
Les infractions sont multiples : eaux usées rejetées hors site, dépôts sauvages de déchets industriels, produits chimiques abandonnés en pleine nature. « Toute pollution de l’air, de l’eau ou du sol est une infraction environnementale », rappelle l’OPJ. Pour prouver ces délits, ces policiers utilisent des appareils portatifs capables de détecter sur place les substances nocives. En cas de doute, des prélèvements sont effectués et envoyés en laboratoire.
Leur mission s’élargit aujourd’hui avec l’arrivée d’un nouvel équipement : les testeurs de gaz d’échappement. Un outil précieux, car l’air pollué ne connaît pas de frontière. « Préserver la qualité de l’air, c’est préserver la santé de la population et l’économie nationale », explique Andriamboavonjy.
Ils ne sont que soixante pour un pays vaste comme Madagascar. Mais ces OPJ de l’environnement, discret et déterminés, incarnent une idée simple et vitale : veiller à ce que nos enfants respirent un air pur, boivent une eau saine et héritent d’une terre fertile.
Ravo Andriantsalama
Le 11 septembre reste une plaie ouverte dans l’histoire contemporaine. Vingt-quatre ans après les attentats de 2001, la date continue de résonner avec un écho lourd, celui de milliers de vies fauchées et d’un monde bouleversé à jamais.
Ce matin-là , à New York, à Washington et en Pennsylvanie, l’Amérique découvrait sa vulnérabilité. Quatre avions détournés, deux tours jumelles réduites en poussière, le Pentagone frappé, près de trois mille victimes. Le monde entier regardait, incrédule, les images de l’effondrement. Depuis, chaque 11 septembre est devenu un rituel de mémoire, un rappel que la sécurité est fragile et que la paix n’est jamais acquise.
À Antananarivo, Craig Ferguson, Conseiller à la Communication et aux Affaires culturelles de l’Ambassade des États-Unis, a rappelé que « dans les heures et les jours qui ont suivi les attaques, nous avons été témoins de ce que l’humanité a de meilleur. » Il a salué le courage des secouristes, la solidarité entre inconnus, et l’unité d’un peuple qui, au-delà de ses divisions, s’est rassemblé dans le deuil et la compassion.
« Nous devons continuer à honorer la mémoire de ceux que nous avons perdus, non seulement par nos paroles mais par nos actes, en faisant preuve de compassion, de bravoure et de dévouement », a-t-il ajouté, avant d’inviter l’assistance à observer une minute de silence.
Mais cette journée de recueillement est assombrie par une autre tragédie : l’assassinat de Charlie Kirk, figure politique conservatrice, lors d’un rassemblement à l’Université de l’Utah Valley lors d’un « American Comeback Tour ». Un tir venu du toit en présence de 3000 personnes. Les autorités parlent d’un « assassinat politique ». L’onde de choc se superpose à celle du souvenir, comme si le calendrier s’acharnait à rappeler la violence.
Deux drames, deux époques, deux visages de la même réalité : la vulnérabilité humaine face à la haine. Le 11 septembre n’est plus seulement une date dans les livres d’histoire. C’est une cicatrice, qui se ravive à chaque nouvelle tragédie.
Ravo Andriantsalama
Ce matin, à son esplanade à Ankatso, l’université d’Antananarivo a accueilli la naissance d’un nouvel acteur du débat sanitaire : le Centre d’étude et de recherche en économie de la santé (CERES). À sa tête, le Professeur Blanche Nirina Richard, économiste chevronnée, qui revendique un credo simple : « Nous développons la recherche par la recherche ».
Former pour éclairer les décisions
Pour Blanche Nirina Richard, l’économie de la santé n’est pas une discipline abstraite. C’est un outil, parfois décisif, pour aider les autorités à choisir entre plusieurs politiques sanitaires et à hiérarchiser les projets. « Nous formons, nous encadrons, nous évaluons », explique-t-elle. « L’objectif est de donner aux décideurs les moyens de minimiser les coûts tout en atteignant les objectifs de santé publique avec les ressources disponibles, qu’elles soient financières, techniques ou humaines », poursuit-elle.
Le CERES, rattaché à la mention économie de la faculté EGS, veut être ce lieu où la recherche académique se met au service des réalités du pays. Des partenariats existent déjà , tant avec les universités malgaches qu’avec des institutions internationales, ainsi qu’avec les organes liés au ministère de la Santé publique, comme l’Institut national de santé publique et communautaire (INSPC).
Le champ d’exploration est vaste. Les chercheurs du CERES travaillent sur les grandes épidémies tels le VIH/Sida, la tuberculose, le paludisme, la peste, ou encore le Covid-19, mais aussi sur la gestion des structures sanitaires, des hôpitaux aux Centres de santé de base (CSB). L’accès aux soins occupe une place centrale : comment se soigner lorsque l’on n’a pas les moyens financiers ? Quels sont les obstacles qui empêchent les patients de recourir au système formel ? Souvent, répond le Pr. Nirina, ce sont des problèmes de gestion, un manque de personnel ou l’absence de responsables qui paralysent la machine.
Entre science et décisions politiques
Autre objet d’étude : la médecine traditionnelle. Désormais reconnue officiellement par le ministère, elle mérite, selon le CERES, une place spécifique dans l’organisation sanitaire nationale. « Nous analysons la manière dont cette médecine, déjà largement pratiquée, peut coexister avec la médecine moderne dans un cadre mieux défini », souligne la professeure.
Reste une question cruciale : l’État se saisira-t-il de ces travaux pour corriger les inégalités d’accès aux soins ? Le Pr. Blanche Nirina Richard répond avec prudence. Selon elle, « les économistes proposent toujours des projets, mais ce sont les décideurs qui tranchent. Or leurs priorités ne coïncident pas toujours avec nos recommandations. La mise en œuvre d’une politique ne dépend pas uniquement des arguments économiques. »
Pour renforcer l’impact de la recherche, le CERES et le ministère de la Santé prévoient la création d’une équipe d’économistes de la santé et le lancement prochain d’un master spécialisé à l’université d’Antananarivo. L’objectif est de former une nouvelle génération de chercheurs capables de traduire les données scientifiques en politiques publiques.
Entre pragmatisme et ambition, le Pr. Blanche Richard Nirina trace ainsi une voie : faire de l’économie de la santé un outil au service de l’équité sanitaire. Une discipline qui, à Madagascar, sort enfin de la confidentialité pour devenir un levier stratégique.
Ravo Andriantsalama
Le Conseil du Gouvernement a validé hier les textes relatifs à l’organisation des élections sénatoriales. Le scrutin se tiendra le 11 décembre 2025, date proposée par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et confirmée début septembre par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC).
Conformément à la loi, les grands électeurs, composés des maires et des conseillers municipaux élus fin 2024, seront convoqués trois mois avant le vote. En l’absence d’élus régionaux et provinciaux, ce sont donc exclusivement les représentants communaux qui constitueront le collège électoral. Le Sénat malgache est composé de 18 membres : 12 élus au suffrage indirect, à raison de deux par province, et 6 désignés par le Président de la République. Le rôle des sénateurs est notamment d’assurer la représentation territoriale, de participer à l’examen des lois et de veiller à l’équilibre institutionnel aux côtés de l’Assemblée nationale.
La HCC a par ailleurs tenu à préciser que, même si la date du scrutin se situe au-delà de la saison sèche initialement prévue par la loi électorale, le choix du 11 décembre demeure conforme. Cette décision vise à garantir la continuité du mandat des sénateurs et à assurer une transition institutionnelle sans vide juridique. Ces élections interviennent dans un contexte particulier. Après plusieurs réformes électorales et l’absence d’élus régionaux et provinciaux, le processus de désignation des membres du Sénat repose encore largement sur les communes. Ce scrutin de 2025 constituera ainsi un nouveau test pour la CENI et pour l’organisation du système électoral malgache, dans un climat où la représentativité des institutions fait régulièrement débat.
En validant la date proposée par la CENI, le gouvernement marque une étape décisive vers la préparation de ce rendez-vous politique. Les prochains mois seront consacrés à la logistique électorale, à la convocation officielle des électeurs indirects et aux dépôts de candidatures. Les formations politiques, elles, commencent déjà à affûter leurs stratégies en vue de cette échéance, qui, bien que moins médiatisée que les présidentielles ou les législatives, n’en reste pas moins un moment important de la vie institutionnelle du pays.
Ravo Andriantsalama
Ce matin, dans la salle des Présidents de l’Université d’Antananarivo, un professeur étranger mais familier de la biodiversité malgache, Peter Michael Kappeler, chercheur allemand actif dans le pays depuis plus de 30 ans, a reçu la distinction honorifique de docteur honoris causa. Une reconnaissance qui sonne comme la récompense de son engagement depuis les années 1990.
« Bien que je ne sois pas musicien, je me sens un peu comme un chef d’orchestre qui reçoit un prix pour ses longues années de travail », a-t-il déclaré en ouverture de son discours, après avoir été investi de l’épitoge par le président de l’Université. Ces mots rendaient hommage à ses collègues et collaborateurs qui, depuis des décennies, l’accompagnent dans sa quête de préservation de la biodiversité malgache, en particulier celle des lémuriens, qu’il étudie et affectionne particulièrement.
Selon Fanomezana Mihaja Ratsoavina, responsable de la mention Zoologie et Biodiversité animale à la Faculté des Sciences et à l’origine de la proposition au conseil scientifique, ce titre honorifique est amplement mérité : « Sur ses 355 publications scientifiques, 225 concernent directement les lémuriens, espèces endémiques de Madagascar. Ses travaux représentent une contribution majeure et incontournable pour la recherche et la préservation de la biodiversité malgache. » Elle rappelle également son engagement en faveur de la formation locale, puisqu’il soutient financièrement chaque année quatre étudiants malgaches afin qu’ils puissent poursuivre un master, un appui déterminant pour ceux qui n’en auraient pas les moyens.
Crise de la biodiversité
Dans son allocution, empreinte d’émotion et de gratitude, Peter Kappeler a insisté sur le caractère collectif de son œuvre scientifique. Se comparant à un chef d’orchestre, il a tenu à saluer ses collègues malgaches et internationaux, les institutions académiques, ses assistants de terrain ainsi que plus d’une centaine d’étudiants malgaches qu’il a formés au fil des années, aux côtés de nombreux étudiants étrangers venus à Kirindy. « C’est au nom de tout cet orchestre que je reçois cette distinction », a-t-il affirmé.
Revenant sur son parcours, il a rappelé que son aventure scientifique avait commencé en 1984, lorsqu’un lémurien lui tendit la main au Duke Lemur Center aux États-Unis. Depuis, il a consacré plus de trois décennies à l’étude du comportement des primates malgaches et à la protection de la biodiversité unique de l’île. Tout en exprimant son inquiétude face aux menaces pesant sur certaines espèces emblématiques, comme le microcèbe de Madame Berthe (Microcebus berthae), il a souligné la nécessité de décisions politiques fortes et d’une coopération étroite entre chercheurs, autorités et ONG pour préserver les forêts. En conclusion, il a appelé la jeune génération de scientifiques à poursuivre ce combat afin d’éviter une « crise totale de la biodiversité » et de garantir un avenir durable pour Madagascar et pour l’humanité.
Ravo Andriantsalama
La filière des huiles essentielles à Madagascar pèse entre 60 et 100 millions de dollars par an. Mais face à la raréfaction des matières premières, le secteur doit repenser son avenir. Pour Andrandraina Rasolonjatovo, président du Groupement des exportateurs, l’investissement dans la culture et la diversification des essences est devenu une urgence nationale.
À Madagascar, le secteur des huiles essentielles mobilise un grand nombre d’opérateurs. Rien qu’au sein du Groupement des exportateurs d’huiles essentielles de Madagascar (GEHEM), on compte déjà 70 entreprises. Chaque année, la filière huiles essentielles et extraits végétaux génère entre 60 et 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.
Pourtant, malgré un marché porteur, la concurrence internationale reste rude. « Aujourd’hui, ce sont encore nos concurrents qui dominent les échanges, mais Madagascar dispose de tous les atouts pour s’imposer », estime Andrandraina Rasolonjatovo. Selon lui, la richesse des terres, la jeunesse active et surtout le statut de pays tropical offrent des perspectives uniques pour développer des produits exotiques très prisés sur le marché mondial.
Cependant, la filière traverse une zone d’alerte. « La production augmente, mais les matières premières se raréfient », prévient le président du GEHEM. En cause, la dégradation de l’environnement et le changement climatique. Alors qu’autrefois la cueillette suffisait, il faut désormais planter et étendre les zones de culture pour répondre à une demande locale et internationale en constante progression. Madagascar dispose de 36 millions d’hectares cultivables, mais seulement un tiers est actuellement exploité. « Il est urgent de valoriser ces terres pour les huiles essentielles en parallèle de la production agricole », insiste-t-il.
De la cueillette à la culture : un virage incontournable pour la filière
Le café illustre bien cette problématique. La plupart des plantations datent encore de l’époque coloniale et nécessitent un renouvellement. « Si l’on ne renforce pas la culture, la filière sera fragilisée, car le nombre d’acteurs augmente alors que les matières premières diminuent », avertit Rasolonjatovo.
Malgré ces défis, des signaux encourageants apparaissent. De nouvelles essences prennent leur envol à Madagascar, comme le patchouli, dont la production explose dans le nord de l’île. Très demandé à l’international, ce marché traditionnellement dominé par l’Indonésie offre une opportunité majeure. Le vétiver, autre produit phare, connaît également une forte progression à l’exportation. « Haiti a longtemps occupé la première place, mais ses crises politiques ont ouvert une brèche. Madagascar s’impose désormais comme un concurrent direct », explique le président du GEHEM.
Le géranium est également en plein essor, tandis que le ravintsara, qui avait explosé durant la pandémie de Covid-19, voit sa demande ralentir. « Cela prouve qu’il est indispensable de réaliser en permanence des études de marché pour anticiper les tendances », souligne Rasolonjatovo.
Pour lui, l’avenir de la filière repose sur deux leviers : élargir les surfaces cultivées et diversifier les essences. « Les huiles essentielles peuvent devenir un moteur du développement économique du pays si nous investissons dans la culture et la valorisation durable de nos ressources. »
Ravo Andriantsalama
Renversant. C’est le terme adéquat pour désigner l’exploit de l’équipe nationale de football, les Baréa de Madagascar, hier soir. Les Malgaches se sont imposés face au Tchad sur le score de 3-1 lors de la huitième journée des qualifications africaines pour la prochaine Coupe du monde FIFA, au terme de 90 minutes pleines de rebondissements. Deux matchs séparent le pays d’une première historique et d’une explosion de joie populaire.
Le combat continue. Victorieux des SAO du Tchad hier soir au Maroc, les Baréa de Madagascar peuvent encore croire au Mondial et faire rêver les quelque vingt-huit millions de Malgaches qui n’attendent qu’une première qualification pour la phase de groupes. Dans un match où les hommes en rouge, favoris sur le papier, n’ont pas réussi à imposer leur rythme, ils ont été cueillis à froid peu après le premier quart d’heure par une équipe tchadienne décomplexée, ouvrant le score sur un contre rapide.
Au lieu de céder, ce but encaissé a agi comme une piqûre de rappel : le football ne se gagne pas sur le papier, mais bien sur le rectangle vert. Contrairement à leur prestation contre la Centrafrique, les Baréa ont réagi avec caractère et pris l’ascendant dès le début de la seconde période. Cette réaction s’explique aussi par les bons choix de Corentin Martins à la pause. Le sélectionneur a remplacé Clément Couturier, milieu défensif, par N’Zi, au profil offensif. Ce dernier a immédiatement pesé sur le match avec une passe décisive, avant qu’Hakim Abdalhah, entré en fin de rencontre, ne scelle la victoire d’un troisième but, synonyme de coup de grâce.
Un chemin semé d’embûches
Les Baréa abordent désormais la suite des qualifications avec une marge d’erreur quasi inexistante. Le système mis en place par la FIFA et la CAF est clair : seuls les premiers de chaque groupe (9 au total) accèdent directement à la Coupe du monde. Finir deuxième, même parmi les quatre meilleurs, ne garantit rien. Il faudrait encore passer par deux tours de barrages africains, puis affronter des adversaires venus d’autres continents dans un mini-tournoi intercontinental, pour seulement deux places disponibles.
Autrement dit, terminer à la deuxième place reviendrait à s’engager dans un parcours semé d’embûches, où chaque étape exigerait des exploits répétés face à des nations plus aguerries. Les Baréa devront donc miser sur la régularité et capitaliser sur chaque match de groupe pour espérer terminer en première place, synonyme de qualification directe. Dans un contexte africain de plus en plus compétitif, leur destin dépendra de leur capacité à transformer leur potentiel en constance et à éviter la « loterie » des barrages. Mais avant cela, il leur reste deux déplacements décisifs contre le Mali et les Comores le mois prochain. Pour décrocher la première place, il faudra s’imposer face à ces deux équipes à l’extérieur et compter sur une contre-performance du Ghana, leader du groupe I, qui a battu hier les Aigles du Mali dans un match controversé.
Ravo Andriantsalama
Ce soir à 19 heures, les Barea de Madagascar joueront l’un des matchs les plus importants de leur histoire. Pour le compte de la 8ᵉ journée des qualifications à la Coupe du monde 2026, les Zébus affrontent le Tchad, lanterne rouge du groupe I et déjà éliminé de la course.
Une victoire impérative
L’équation est simple : seule une victoire permettra aux Malgaches de continuer à rêver du Mondial ou, au moins, d’arracher une place de barragiste en tant que meilleur deuxième. Longtemps considérés comme outsiders, les Barea abordent cette rencontre dans la peau de favoris. Le Tchad, de son côté, n’a récolté qu’un seul point en sept journées… mais ce point, il l’a obtenu contre le Ghana, actuel leader du groupe.
De quoi inciter à la prudence. « On n’a pas le droit de sous-estimer le Tchad, qui a tenu tête au Ghana, un cador africain. Mais je pense que si on continue à nous battre, on a nos chances d’aller plus loin », confie l’ailier Arnaud Yaya.
Une ambiance soudée dans le groupe
La force des Barea réside aussi dans leur cohésion. Malgré l’arrivée de nouvelles têtes, la convivialité reste intacte. « L’ambiance ne change pas et n’a jamais changé. Les nouveaux s’adaptent vite car les anciens les accueillent à bras ouverts », explique El Hadary, double passeur décisif lors du succès contre la Centrafrique. Cette complicité s’est encore illustrée lors d’une journée de repos, où joueurs et staff ont partagé des jeux collectifs, renforçant la symbiose d’un groupe déjà soudé.
Toujours en course
Avec des joueurs en forme et un vestiaire uni, Madagascar a toutes les cartes en main. L’espoir reste intact d’entendre l’hymne malgache résonner lors du prochain Mondial. « On est toujours en course et il faut continuer à se battre », résume El Hadary.
La route reste toutefois semée d’embûches. Après le Tchad, les Baréa devront affronter le Mali et les Comores lors de la prochaine fenêtre FIFA. Actuellement troisièmes avec 13 points, ils sont talonnés de près : le Ghana mène avec 16 points, tandis que le Mali et les Comores guettent le moindre faux pas malgache.
Ravo Andriantsalama